MO(T)SAIQUES 2

"Et vers midi
Des gens se réjouiront d'être réunis là
Qui ne se seront jamais connus et qui ne savent
Les uns des autres que ceci : qu'il faudra s'habiller
Comme pour une fête et aller dans la nuit ..."

Milosz

jeudi 31 mars 2011

P. 22. "Nous Princesses de Clèves", le film

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Affiche du film de Regis Sauder (DR).

Pour toute la France, une vingtaine de salles mettent ce film à l'affiche. Autant dire qu'il vous faudra franchir le mur du son ou parcourir des années lumières (comme les Frères) pour ne pas en être frustré(e)s.
Ici, aucun espoir. Pas la peine de rêver, ou, au contraire, en rêver...


Elles, Princesses de Marseille...


Nicolas Sarkozy, ministre de l’Intérieur :

- "Dans la fonction publique, il faut en finir avec la pression des concours et des examens. L'autre jour, je m'amusais, on s'amuse comme on peut, à regarder le programme du concours d'attaché d'administration. Un sadique ou un imbécile, choisissez, avait mis dans le programme d'interroger les concurrents sur La Princesse de Clèves. Je ne sais pas si cela vous est souvent arrivé de demander à la guichetière ce qu'elle pensait de La Princesse de Clèves... Imaginez un peu le spectacle ! En tout cas, je l’ai lu il y a tellement longtemps qu’il y a de fortes chances que j’aie raté l’examen !"
(Décembre 2006).

Synopsis :

- "L'action se déroule à la cour du roi Henri II. Mlle de Chartres, devenue princesse de Clèves après son mariage, rencontre le duc de Nemours. Entre eux, c'est le coup de foudre. La mère de la jeune femme la conjure de renoncer à cette passion.
Aujourd'hui à Marseille, des élèves du Lycée Diderot s'emparent de "La Princesse de Clèves" pour parler d'eux. A 17 ans, on aime intensément, on dissimule, on avoue. C'est l'âge des premiers choix et des premiers renoncements."

Modalités du projet :

- "Incités par leur professeur de français ou attirés par l’affiche intitulée « Le cinéma vous tente, venez participer à la réalisation d’un film autour du roman La Princesse de Clèves de Madame de Lafayette » disséminée dans les couloirs du lycée, vingt et un élèves de première et de terminale se sont volontairement engagés dans ce projet.
Régis Sauder, réalisateur, Anne Tesson et Emmanuelle Bonthoux, enseignantes au lycée Diderot (ZEP), ont mené un atelier hebdomadaire d’une heure et demie le mardi soir de 17h45 à 19h15, du mois d’octobre 2008 au mois de mai 2009.
À partir du mois de décembre, des journées de tournage se sont ajoutées à ce programme : captations vidéo de scènes jouées par les élèves, tournage documentaire au lycée, dans les familles et dans le quartier.
Au mois de mars, toute l’équipe du tournage s’est rendue trois jours à Paris, avec la caméra."
(esprit de babel).

Régis Sauder :

- "L’idée du film est apparue alors que nous discutions avec ma femme, Anne, qui enseignait à l’époque au lycée Diderot, dans les quartiers nord de Marseille. Cela faisait un certain temps que j’avais une double envie : faire un film sur l’enseignement, les conditions de la transmission, la souffrance de et dans l’institution scolaire ; et tourner un film en partageant cela avec ma femme, agrégée de lettres, qui a enseigné d’abord en Seine-Saint-Denis, puis au lycée Diderot pendant dix ans, donc dans des conditions qu’on appelle « difficiles ». Mais il y avait eu déjà tant de films sur l’école...
Je n’avais pas encore trouvé de porte d’entrée, quand Anne m’a suggéré que le bon objet était moins la difficulté de l’enseignement que la soif de connaissance des jeunes : comment ils s’approprient la littérature. On est alors partis sur un projet un peu fou, une série sur les grands classiques du roman français à travers l’apprentissage d’élèves a priori peu favorisés, pas tournés vers cela. La Princesse de Clèves, premier roman moderne de la littérature française, s’est imposé naturellement."
(Le Nouvel Observateur, 30 mars 2011).

Cécile Mury :

- "Des gosses de cités face à un classique de la littérature. On se croirait dans L'Esquive, l'agressivité en moins. De lecture en confidences, les ados se regardent vivre, aimer, souffrir, dans l'étonnant miroir que leur tend ce livre du XVIIe siècle. Ils y reconnaissent la naissance des sentiments, y retrouvent le poids des contraintes sociales : carcan familial, religieux, mais aussi regard de leurs pairs, dans leur cour à eux, moins royale mais tout aussi codifiée.
Le réalisateur trouve la bonne distance pour cueillir les pensées que la lecture fait éclore. Sur ces visages encore enfantins, il capte les signes d'une transmission réussie, d'une culture vivante. Tout sauf inutile."
(Télérama).

(Mont. JEA/DR).

Isabelle Regnier :

- "Dès les premières minutes, qui montrent des adolescents face à la caméra récitant des passages du texte, on comprend que le réalisateur ne va pas se contenter d'interroger le rapport de ces jeunes issus de milieux défavorisés au "premier grand roman moderne de la littérature française".
La manière extrêmement tendre, caressante que Régis Sauder a d'éclairer et de cadrer les lycéens, les fait exister d'emblée avec une intensité saisissante. En quelques plans, il suscite chez le spectateur une profonde empathie, que ce soit pour cette jeune fille, partagée entre son fiancé et un autre garçon qu'elle "fréquente", qui s'identifie pleinement à la princesse, pour cette autre qui évoque, avec un abattage phénoménal, son passé de "Blackgothique", ou pour ce garçon qui se reconnaît dans les qualités de gentilhomme du prince de Clèves..."
(Le Monde, 29 mars 2011).

Antoine de Baecque :

- "Des lycéens de Marseille s’approprient La Princesse de Clèves. Une réponse magistrale à la condescendance du président de la République pour ce grand classique."
(l’Histoire).

Olivier De Bruyn :

- "Le premier mérite de ce documentaire précieux consiste à donner à voir, aux antipodes des clichés d'usage, que dans les quartiers défavorisés, ici et maintenant, la psychologie, l'intime et la passion amoureuse ont comme ailleurs "droit de cité". Avec une inspiration constante, le cinéaste filme les ados qui s'approprient La princesse de Clèves, recueille leurs réflexions et leurs doutes concernant son "actualité", suggère les relations que le texte entretient avec leurs propres expériences. En filigrane, le portrait subtil d'une génération aux prises avec ses aînés, les rites de l'institution scolaire et les contradictions de l'époque. Un documentaire qui bat joliment en brèche nombre d'idées reçues..."
(Le Point, 28 mars 2011). 

Gilles Renault :

- "Sept ans après l’Esquive, d’Abdellatif Kechiche, qui transitait par la fiction pour faire germer l’écriture de Marivaux au milieu des tours, Nous, princesses de Clèves reconduit le même type de confrontation entre une langue a priori archaïque et une réalité autrement prosaïque, telle que vécue par des jeunes des cités. A Marseille, des élèves de première et de terminale d’un lycée des quartiers Nord (les plus difficiles) rejouent des passages du roman et, surtout, saisissent les tracas amoureux de Mademoiselle de Chartres pour évoquer leurs espoirs et, plus encore, leurs craintes concernant un statut incertain sur tous les plans - sentimental, professionnel, familial…
La majorité sont des filles, d’origine immigrée, de confession musulmane. Tous ces ados marquent les esprits par la franchise et la lucidité avec laquelle ils composent un panorama sociétal où le lien avec les parents paraît cruellement distendu. «Moi, j’aimerais bien sortir avec ma mère, aller au théâtre, à l’opéra, même au ciné, faire un petit truc ensemble, expose Manel. Mais bon, elle se rabaisse beaucoup parce qu’elle a le voile. […] Je lui dis au contraire : montre qu’une femme voilée peut être instruite, peut s’intéresser à des choses comme ça !»
(Libération, 30 mars 2011).




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lundi 28 mars 2011

P. 21. Porte à porte...

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Porte-à-faux qui scalpent à tous vents.
Porte-affiches se moquant ouvertement des passants.
Porte-bagages pour les colporteurs de sécateurs.
Porte-baïonnette pour les canons de beautés horribles.
Porte-bébé pour qui est distrait en jetant l'eau du bain.
Porte-balais pour les sorcières arthritiques.
Porte-bonheur vous restant dans la main après son ouverture.
Porte-bouteilles de gros rouge rejetés par la mer.
Porte-chapeaux sur un mont chauve.
Porte-cigares souvenirs d'un pharaon.
Porte-clefs des songes cultivés comme des champs.
Porte-copies pour plagieuse en robe de pie voleuse.
Porte-crayons pour nostalgiques de Bourvil.
Porte-croix gammée pour néonazillons.
Porte-étendards attaqués par un essaim de frelons.
Portefeuille né dans les choux.
Porte-malheur vous collant à la main après son ouverture.
Portemanteau avec une poche boîte aux lettres.
Porte-mine explosant pour un rien.
Porte-monnaie pour maîtres chanteurs.
Porte-musique avec une clé de sol rouillant dans la serrure.
Porte-parapluie imperméabilisé à la graisse de baleines.
Porte-parole avec langue de bois interchangeable.
Porte-plume faisant le paon.
Porte-queue pour qui collectionne les papillons.
Porte-savons pour patron adorant traiter le personnel en porte-serviettes.
Porte-vents pour les roses.
Porte-voix pour les sans papiers...

Album photos :
quelques portes...


Salle des fêtes. Aubenton. A remarquer le singulier pour "chien" : le reflet ombrageux d'un photographe ? (Ph. JEA/DR).

Jeantes (Ph. JEA/DR).

Serrure à Villefranche du Périgord (Ph. JEA/DR).

Heurtoir dans le Périgord à Villefranche (Ph. JEA/DR).

Poignée d'église fortifiée dans l'Aisne (Ph. JEA/DR).

Esquéhiries (Ph. JEA/DR).

Porte d'église à Havys (Ph. JEA/DR).

Dans le canton de Signy le Petit (Ph. JEA/DR).

Simiane (Ph. JEA/DR).

Thaumiers (Ph. JEA/DR).

NB :

Ce 27 mars, toutes les photos d'un premier album présentant quelques façades, ont été perdues corps et bien sur blogspot, serveur auquel sont confiés mes brouillons. La page prévue pour ce 28 en restait plus qu'amputée, réduite à un squelette assez peu fréquentable.
A la surface de mon désarroi, est remonté le souvenir d'un commentaire déposé certains jours chez Frasby, lequel évoquait des portes. C'est dans cette urgence qu'a été composée cette 21e page...

Je décline courageusement toute responsabilité si, en cliquant, vous agrandissez tant et tant un cliché que votre écran en expire sur un chant funèbre !

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jeudi 24 mars 2011

P. 20. Collaboration et Résistance ?!? Bonjour le révisionnisme...

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A la mémoire de Léopold de Hulster, Hilaire Gemoets, Jacques Lévy, Robert Maistriau, Julien Papa, Jean Rosel, Max Sztejnberg.

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L'Union des jeunes étudiants nationalistes (flamands) : "Le révisionnisme n'est pas un délit" (Doc. JEA/DR).

15 décembre 2010, 2e session de la 53e législature du Parlement belge :

"Projet de loi effaçant, pour l’avenir, tous les effets des condamnations et sanctions infligées du chef d’actes d’incivisme prétendument commis entre le 10 mai 1940 et le 8 mai 1945".

Résumé :

- "Les auteurs proposent qu’un terme soit mis, pour l’avenir, à tous les effets des condamnations et sanctions infligées du chef d’actes d’incivisme prétendument commis pendant la Seconde Guerre mondiale. Ils proposent par ailleurs d’instituer une commission qui indemniserait les victimes de la répression d’après guerre ou leurs descendants."

Préambule :

- "La répression des faits de collaboration, prétendus ou non, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale constitue une des pages les plus sombres de l’histoire de l’État belge.
On ne peut se faire de l’attitude adoptée par notre population au cours des années d’occupation 1940-1945 une vision manichéenne comprenant d’un côté les collaborateurs et de l’autre les résistants, les traîtres s’opposant aux patriotes. Il est en outre pratiquement impossible de tracer une ligne de démarcation nette entre collaboration et résistance. Il y avait même, dans un certain sens, une part de résistants parmi ceux que l’on a qualifiés de collaborateurs."

Affiches appelant Wallons et Flamands à s'engager dans les corps SS correspondant à leur langue (Mont. arch. JEA/DR).

Citation dans le projet de loi d'un article d'Herman Trodts :

- "On commet l’erreur de réduire la résistance à une bande d’assassins. Telle n’était pas la résistance, telle ne pouvait, par principe, être la résistance. On pèche par simplisme en assimilant les collaborateurs à des acolytes de la Gestapo. Telle n’était pas la collaboration.
Il s’agissait là d’un exemple d’excès au même titre que les meurtres inutiles, les vols et les incendies criminels qui étaient des excès de la résistance".
(De Staandard, 16 janvier 1957).

"Justification" de la collaboration et trois "circonstances atténuantes" : 

- "Il est malveillant d’assimiler tous ceux qui ont été mêlés de près ou de loin à la collaboration à des délateurs et à des tortionnaires. Cette remarque est particulièrement vraie pour la Flandre, où de nombreuses circonstances atténuantes peuvent être invoquées pour justifier la collaboration.
(...)
L‘incorrection dont a fait preuve l’État belge à l’égard du peuple flamand a considérablement favorisé l’émergence, chez de nombreux Flamands, de tendances collaborationnistes.
(...)
À cela s’ajoutent les déportations de mai 1940 vers des camps français. Quelques milliers de “personnes suspectes” furent arrêtées, emmenées et maltraitées. Certaines arrestations étaient manifestement dictées par des sentiments antiflamands.
(...)
Outre la question flamande et les déportations aveugles et injustifiées vers la France, l’aversion pour le “bolchevisme athée” très répandue dans la Flandre très catholique de l’époque, constitue une troisième circonstance atténuante."

La répression :

- "La répression qui a sévi au lendemain de la Seconde guerre mondiale était “sans mesure et sans fin”, comme l’exprime parfaitement le titre de l’ouvrage du professeur Raymond Derine (“Repressie zonder maat of einde ?”) consacré à la répression (1).
(…)
Des milliers de personnes ont été condamnées sur la base de lois à effet rétroactif, ce qui constitue une violation flagrante de tous les principes de l’État de droit.
Des fraudes ont été commises systématiquement lors de la constitution des dossiers : les éléments qui plaidaient en faveur du prévenu étaient écartés. Les témoins de la défense étaient intimidés, menacés de poursuites ou n’étaient tout simplement pas autorisés à s’exprimer. Des milliers de témoignages accablants ont été fabriqués, bien souvent avec la complicité des magistrats.
C’est surtout le pouvoir des auditeurs militaires qui était démesuré et grotesque.
(…)
La répression de la collaboration n’a été qu’un prétexte dont on s’est servi pour frapper le mouvement flamand (…). Cela explique pourquoi tant de personnes issues des milieux culturels flamands ont été touchées par la répression.
(…)
Au total, 74.346 personnes furent déchues de nombreux droits au cours de la période de répression. Mêmes les avocats, les médecins, les pharmaciens, les agents de change et les professeurs de l’enseignement libre subventionné qui avaient été éloignés de leur communauté professionnelle furent déchus de plein droit à perpétuité de certains droits en vertu de la loi d’épuration du 19 septembre 1945, et ce, sans préjudice des sanctions pénales."

Signé par quatre élus du Vlaamse Belang : Alexandra Colen, Gerolf Annemans, Bert Schoofs, Peter Looghe, ce projet de loi porte ensuite longuement sur les indemnisations à prévoir pour les inciviques ou leurs descendants. Cette partie "intéressée" ne sera pas évoquée ici.
Pour une version intégrale et bilingue, cliquer : ICI.

Le 25 janvier 2011, la Chambre a rejeté par 68 non (PS, MR, cdH, Ecolo/Groen!, PP et sp.a) contre 57 oui (N-VA, CD&V, VB, Open Vld, LDD) la prise en considération de cette proposition de loi du Vlaams Belang.
Outre le VB, ont donc voté en faveur dudit projet : les nationaliste flamands de la N-VA, les catholiques flamands, les libéraux flamands et les élus de la liste populiste Dedecker. Rejoignant les partis francophones unanimes, seuls les socialistes et les écolos flamands ont refusé de devenir complices d'un révisionnisme teinté de nationalisme.

Propagande pour une collaboration flamande dans la SS (Mont. arch. JEA/DR).

Quelques chiffres :

Les lecteurs auront été étonnés d'un projet de loi ne citant qu'une seule quantification : "74.346 personnes furent déchues de nombreux droits", en l'absence de toute référence et sans déterminer les droits en question. A propos de la collaboration et de sa répression, il est question de "milliers de personnes" sans plus de précision.

Le flou n'ayant rien d'artistique en ce domaine, les vagues entretenant les fantasmes et les manipulations, voici les chiffres de l'épuration en Belgique (2).

Entre 1944 et 1949 :

- 53.005 Belges ont été condamnés pour collaboration.
- 43.093 ont perdu leurs droits civils et politiques.

- 2.940 collaborateurs ont été condamnés à mort dont 1693 par contumace.
- 242 ont été exécutés dont 108 Flamands.

- 2.340 Belges ont été condamnés à perpétuité dont 501 par contumace.
Au 31 décembre 1949, il restait dans les prisons belges 5.781 hommes et 334 femmes privés de liberté pour incivisme.
En 1951, 1.255 hommes et 73 femmes.
En 1960, 99 hommes et 3 femmes.
En 1971, 1 homme.

- 14.717 dossiers ont été ouverts pour appartenance de Belges à des formations militaires comme la SS.
10.615 condamnations ont été prononcées pour ce chef d'accusation.

- 35.809 dossiers ont été constitués pour appartenance à une formation paramilitaire (Organisation Todt, Vlaamse Wacht, Garde Wallonne etc).
16.305 condamnations effectives.

- 5.202 dossiers portèrent sur des membres de services de police (Sicherheitsdienst, Feldgendarmerie etc).
1.771 condamnations.

- Sur 100 collaborateurs condamnés, 62 étaient Flamands (à l'époque, 56% de la population belge).
Sur 100 condamnations pour dénonciation, 32 frappèrent des Flamands.
Sur 100 condamnations pour port d'arme et assistance politique à l'occupant, 81 furent appliquées à des Flamands.

Dessin de Luc (André), 1944 (Arch. JEA/DR).
Légende : "- Suarez fusillé, Chack et Béraud condamnés à mort ! Cela deviendrait inquiétant si je n'étais en Belgique et n'avais quelques bons dossiers !..." (3).

Retour de balancier de l'histoire.
Cette caricature publiée en janvier 1945 par "Front", l'organe du Front de l'Indépendance, atteste de l'inquiétude de ce mouvement de résistance. La répression en France sert de référence avec trois plumes dont la notoriété a franchi les frontières. Par contre, en Belgique, l'exemple de Robert Poulet (4), semble emblématique de lendemains de la libération où une très grande majorité des collabos s'en tirera à bon compte (5).
Depuis, ceux qui furent aux côtés des nazis, leurs adulateurs, les continuateurs n'ont de cesse de réclamer une amnistie dont le dernier surgeon est l'oeuvre du nationalisme flamand en décembre dernier.

Ce projet de loi représente un pot-pourri exemplaire de ce que concoctent individuellement ou collectivement les adeptes du révisionnisme.

L'incivisme ?
L'adverbe "prétendument" lui est systématiquement accolé. Autrement écrit : "faussement". Il n'y eut point d'incivisme, circulez, il n'y a rien à voir. Et puisque pas d'incivisme, pas d'inciviques. CQFD. Reste à indemniser celles et ceux qui furent dès lors non des coupables mais des victimes d'erreurs judiciaires. Cette inversion représente un classique du cinéma que se fait l'extrême droite.

La répression ?
"Une des pages les plus noires de notre histoire" : la répression elle seule, non pas la Seconde guerre mondiale avec près de 90.000 victimes en Belgique, dont 24.140 juifs. Non. 242 collabos exécutés font pencher la balance dans le sens de l'histoire réécrite par le VB.

Les résistants ?
Trois méthodes pour les déprécier sont à la mode.
Même dans les commentaires de ce blog, on colle des guillemets à "résistants" pour induire le doute voire la suspicion. Et pour faire bonne mesure, on ajoute sans preuve "résistants de la dernière heure", si pas de la "dernière minute". Calomnier, calomnier, l'important c'est de polluer leur authenticité et de rabaisser une lutte pour le retour à la démocratie, au rang d'un opportunisme sanguinaire.  
Une autre méthode ressemble à un disque rayé : sur le plateau de l'histoire regardée comme un théâtre, les rôles des résistants et des collabos seraient interchangeables. Les révisionnistes distillent à longueur de temps cette non différenciation volontaire qui permet d'insulter les premiers et de valoriser a contrario les autres.
Enfin, de glissement en glissement, on aboutit à ce projet de loi où il est affirmé qu'il est tout simplement "impossible" de distinguer les uns des autres !!! Alors que les nazis, eux, n'eurent aucun doute.
Car, en Belgique, 41.252 personnes furent arrêtées par les occupants et leurs nervis pour leur avoir résisté. Très exactement 13.958 de ces résistants furent mis à mort en Belgique ou ne revinrent jamais des camps (6).
Officiellement, 26.535 Belges et 764 étrangers obtinrent le titre de prisonniers politiques. A titre posthume, il faut ajouter 13.781 Belges et 177 étrangers (7).
Avec un tel projet de loi, on cherche toujours à rejeter dans la nuit et le brouillard leur mémoire (8).

Il serait "malveillant" d'assimiler tous les collaborateurs à des délateurs et à des tortionnaires ?
Evidemment. Les collabos ne furent pas "tous" délateurs et/ou tortionnaires. Furent aussi poursuivis celles et ceux qui portèrent les armes contre la Belgique, qui s'engagèrent politiquement auprès de l'occupant, qui profitèrent d'une collaboration économique (une de ces catégories n'excluant pas les autres).

Trois "circonstances atténuantes" ?
1. Le projet de loi évoque "l'incorrection de l'Etat belge vis-à-vis du peuple flamand". Sur le fond, cet argument relève d'une l'analyse politico-linguistique cultivée par un nationalisme rejetant l'Etat belge en bloc. Fictive ou non et quel que soit le degré de cette "incorrection", en quoi excuserait-elle voire même justifierait-elle la collaboration ? En France, par exemple, quelques Bretons ont aussi voulu jouer ce jeu-là, largement encouragé et instrumentalisé par les occupants. Vouloir faire triompher son nationalisme en adoptant le nazisme et toutes ses horreurs, y compris l'antisémitisme, voilà bien la question !

2. Le VB revient sur les "déportations de mai 1940" par ordre du gouvernement belge et vers la France, en l'absence de "camps" dans le Royaume. Des "sentiments antiflamands" auraient notamment motivé ces mesures d'internement.
En réalité, le jour de l'invasion sont arrêtés des étrangers et des nationaux soupçonnés d'être des "ennemis". Le VB omet soigneusement de relever que la très grande majorité est constituée de citoyens du Reich mais qui avaient fui le nazisme. Dès lors, des juifs composent la très grande majorité de cette majorité. 
Il faut savoir que lorsque les nazis violent la neutralité de la Belgique, 20% des juifs du Royaume sont d'immigration très récente : ils viennent d'Allemagne, d'Autriche etc... Ils ont été chassés par les persécutions raciales. Malgré quoi, le gouvernement belge en fait saisir aveuglément au moins 8.000 qui seront enfermés dans des camps comme Le Vernet, Lurs ou St-Cyprien. Vichy s'empressera ensuite de livrer ces juifs aux occupants.

3. En tant que troisième "circonstance atténuante", le VB retient le "bolchevisme athée". Des Flamands seraient partis en croisade contre le communisme et l'athéisme. Ces idéalistes ne pensaient qu'à sauver une Europe civilisée face à la barbarie de l'Est...
Et c'est reparti pour les clichés rabachés par l'extrême droite. Les résistants étaient évidemment des terroristes rouges. Les courageux collabos répondaient à un complot "bolchevico-judéo-maçonnique" visant à abattre une Europe chrétienne etc... etc...

Le nationalisme plus l'élitisme ?
Enfin le VB ne peut s'empêcher d'ajouter une louche d'élitisme déplacé  : "Mêmes les avocats, les médecins, les pharmaciens, les agents de change et les professeurs de l’enseignement libre subventionné..." furent inquiétés ! Sur un ton scandalisé. Comme si une profession, comme si l'appartenance à une intelligentsia rendaient intouchables des coupables et excusaient automatiquement tous leurs crimes (9). Comme si pour un philosophe nazi, pour un écrivain antisémite ou pour un journaliste collaborateur, leurs talents réels ou supposés n'avaient pas été porteurs et diffuseurs du nazisme, de l'antisémitisme, de la collaboration avec "l'ordre nouveau" (10)...

La conclusion sera empruntée à Marcello Fois :

- "Résistance, démocratie, antifascisme...
Les mots ne dorment pas, ils ne se reposent pas.
Les idées ont besoin de soins constants, envers et contre tout."

Propagande pour une collaboration wallonne à la SS (Mont. arch. JEA/DR). 

NOTES : 

(1) Remarquable tour de passe-passe. Le titre de l'ouvrage cité se termine par un point d'interrogation, lequel est tout simplement escamoté dans le projet de loi pour laisser place à une affirmation. 

(2) La présentation de ces chiffres résulte d'un travail personnel. En cas de reproduction, prière de ne pas oublier de citer ce blog comme référence.
A consulter :
- "La répression des collaborations 1942-1952. Un passé toujours présent", Luc Huyse et Steven Dhondt, éditions du CRISP, 1993 (traduit du Néerlandais, 1991), 345 p.
- "Collaboration, répression – Un passé qui résiste", José Gotovitch et Chantal Kesteloot, éditions Labor, 2002, 236 p.
- "Dictionnaire de la Seconde Guerre mondiale en Belgique", Paul Aron et José Gotovitch, éditions André Versaille, 2008, 527 p.
- Le site RésistanceS.be.

(3) Georges Suarez (1890-1944). Dirigea sous l'occupation le journal collaborationniste "Aujourd'hui". Condamné à mort et fusillé en 1944.
Paul Chack (1876-1945). A la tête du Comité d'Action antibolchévique. Condamné à mort et fusillé en 1945.
Henri Béraud (1885-1958). Plume principale de "Gringoire". Condamné à mort en 1944. Libéré en 1950. Voir la page 12.

(4) Robert Poulet (1893-1989). Rédacteur en chef du "Nouveau Journal" au service de l'"Ordre nouveau national-socialiste". Condamné à mort en 1945. Libéré en 1951 pour rejoindre l'extrême droite française. Objet de railleries cruelles de Céline dans "Rigodon".

(5) D'autant que 15.000 Flamands et 6.000 Wallons accompagnèrent les Allemands lors de leur reflux hors de Belgique. A la fin de la guerre, nombre d'entre eux échappèrent à la justice en bénéficiant de filières liées par exemple au Vatican ou à la Croix Rouge. L'Espagne en accueillit à bras ouvert, Degrelle au premier rang.

(6) "La mortalité des victimes de la guerre en Belgique", Rapport final de la Commission Buysse, 2002.

(7) "Les yeux du témoin et le regard du borgne. L'histoire face au révisionnisme", Maxime Steinberg, Les Editions du Cerf, 1990.

(8) Des écrits délétères sur la résistance et les déportés furent publiés dès les premiers lendemains de la libération. Par exemple sous la signature de Jean-Galtier Boissière :
- "(21 avril 1945) Il y a des déportés d'honneur comme il y eut une Résistance de luxe."
In "Mon journal depuis la libération", La Jeune Parque, 1945, 333 p., p. 226.

(9) Même raisonnement en France ? Par exemple celui du colonel Marcel Bordage, dialoguant à Fresnes avec Jean Bocogagno :
- (JB) "La France est un pays qui semble aujourd'hui préférer bâtir son histoire sur l'assassinat plutôt que sur la justice...
- (MB) "Moi, je dis que ce foutra de pays est foutu ! et c'est bien sa récompense. Je le dis en pensant à l'élite qu'ils ont anéantie et à toutes les valeurs représentatives de la nation : Chack, Suarez, Georges Claude, Hermant, Pierre Laval..."
Jean Bocognano, "Quartier des fauves. Prisons de Fresnes", préface de Jacques Isorni, Editions du Fuseau, 1953, 229 p., p. 135.

(10) Maurice De Wilde, "L'Ordre Nouveau", Duculot, 1984, 191 p.

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lundi 21 mars 2011

P. 19. Refusant un avenir de décombres...

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A toutes celles et tous ceux qui manifestèrent contre le nucléaire et qui, en retour de leurs indignations, furent traités de primitifs dignes de l'âge de la pierre, d'agents et d'oeils de Moscou, de contestataires manichéens simplistes, d'opposants indécents, de chevelus trop velus et même trop barbus, de pacifistes bêlants et dépassés ou d'affreux terroristes irresponsables...
Nous nous souvenons du 31 juillet 1977 à Creys-Malville ! Vital Michalon, physicien de 31 ans, perd la vie pour cause de grenade lancée par les forces "de l'ordre".


Pierre Barouh : "A l'ombre de nous, restera toujours..." (Ph. JEA/DR).

refusant un avenir de décombres
nos ombres 
n'ont pas assez manifesté

voici l'ère du nucléaire funambule
clairement mis à nu
sur un air plus que funèbre

or les arbres écorchés vifs
demandent à garder leurs écorces
aussi claires qu'avant hier

les chats ne s'imaginent pas
métamorphosés en aiguilles aiguisées
d'une horloge aux trois coups fatidiques

le soleil migrant désire vivre encore
après minuit sans monter
sur de grands chevaux radioactifs

les livres se rebellent joliment
devant chaque garde-chiourme chicaneur
froissant leurs papiers

les colombes découvrent toujours
de nouvelles amériques
sans sombrer hébétées corps et ailes

les rêves argentés craignent d'être
irradiés par tant de champignons
aux hallucinations contaminées

les pluies n'ont pas assez
de larmes pour pleurer
la barbarie gangster gangreneuse

les rivières paniquées ne veulent pas
devenir des vallées de pierres tombales
et les pierres être liquidées...


Pailhe (Ph. JEA/DR).

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jeudi 17 mars 2011

P. 18. Jean-Charles Verlinden : "Imaginez un pays...", la Belgique.

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(Ph. JEA/DR).

Gardant la nostalgie des "pages nomades" sur feu Mo(t)saïques,
voici leur nouvelle version :

Venus d'ailleurs
et bienvenus par ailleurs... (1)

des billets traversant les champs des mots
et les forêts des blogs et les océans des oublis
pour faire entendre sur ce rivage
leurs petites musiques métissant
les nuits blanches et les beaux jours ténébreux ... 

Premier rayon de vie : Jean-Charles Verlinden.

Imaginez-le en camping-car parce que les horizons ne cessent de ressembler pour lui à des compas faisant le grand écart.
En bateau parce que les terres sont finalement minoritaires sur notre planète et que pour découvrir de nouvelles îles avec de nouvelles pierres à détailler, il faut d'abord quitter les continents et leurs (dé)rives. 
Avec des accents tectoniques dans une voix inimitable et qui obligerait même un esquimau à comprendre instantanément qu'un Belge lui parle avec une débauche de sourires aux lèvres...

Sans pédanterie moulière à la Zemmour ni langue de mille millions de frites en bois, Jean-Charles Verlinden vient d'écrire sur son blog la page reproduite ici avec son accord. Il s'agit d'un petit Royaume né en 1830. Clap de fin pour un aigle flingué à Waterloo et, au sortir de cette morne plaine, volonté des vainqueurs de se protéger pour l'avenir. En créant un état-tampon entre la France et eux, un bouchon et pas seulement de Liège...

Incapable d'aligner trois phrases compréhensibles et originales sur la "noble Belgique, ohoo mèère chériiie" d'aujourd'hui, je suis reconnaissant à Jean-Charles Verlinden d'avoir accepté une invitation ici. Sa lucidité, son humour, sa tolérance n'y seront pas "de trop", comme on dit chez nous. Un chez nous où le "brol" politico-linguistico-communautairo-surréaliste ressemble parfois à un pot-au-noir-jaune-et-rouge.



Jean-Charles Verlinden :

- "Je ne savais pourquoi j'aurais dû être fier d'être Belge.
Aujourd'hui je découvre que je le deviens !

Imaginez un Pays qui tourne depuis des années sans gouvernement digne de ce nom. Suffit de voir les regards éberlués de nos voisins pour savoir que cela n'a rien de banal. A cela plusieurs explications.

Si notre gouvernement n'est pas digne de ce nom, il l'est certainement en affaires courantes.
Jusqu'à assumer sans vagues et avec sérieux sur tous les plans la présidence européenne.
Jusqu'à maintenant assumer la préparation de plans budgétaires pour les années qui suivent.
Jusqu'à assumer un accord entre partenaires sociaux.

Le tout malgré chausse-trappes et bombes à fragmentations lui envoyées dans les pieds.
Le tout malgré le fait d'avoir été désavoué, débarqué, et de devoir malgré tout continuer.
Le tout malgré une opinion - non pas divisée - mais informée séparément par des médias qui au mieux ne sont plus en mesure d'évaluer l'exacte portée des infos qu'elles transportent, et au pire les manipulent.
Le tout malgré un Leterme que je n'ai jamais apprécié parce qu'il a douté de son propre Parti en s'alliant à un parti radical nationaliste qui depuis l'a pris en otage.

Preuve est faite que s'amuser à débarquer un gouvernement est jeu dangereux qui devrait être réservé aux adultes.
Preuve est faite que les réformes radicales pour sauver une société en déclin et le bien-être des gens depuis quatre ans est de l'intox !
Preuve est faite qu'une partie de la population a été abusée.
Preuve est faite que radicalisme ne peut et ne sait quoi faire avec dialogue démocratique.
Preuve est faite combien nationalisme vers le bas s'éloigne des défis mondiaux - à commencer par l'Europe - qui irréversiblement seront mondialistes et ne peuvent être gérés que selon des philosophies politiques ouvertes à la solidarité et la solution fédératrice.

Preuve est faite aussi que les Belges flamands, bruxellois, wallons, germanophones, martiens et stroumphs ont bel et bien un patrimoine commun basé sur l'essentiel : une tradition de fraternité populaire.
Point de bagarres, point de guerre civile, et quand les citoyens de tous bords se frôlent, se rencontrent, se parlent et trinquent ensembles : un humour psychédélique à tout crin tempéré de bon sens qui dévie, absorbe, assagit ce qui sinon conduirait à la violence.

Chez
tous - même si parfois coup de sang - toujours grande conscience que si cela dérape ce n'est pas "à cause" des petites gens, des classe moyennes, des cadres moyens et élevés, des intellectuels et des artistes. Au Nord, au Centre et au Sud tous sont égaux devant les Lois, dans leurs joies et leurs souffrances.
Mais bien "à cause" de certains qui se disent "Politiques" mais n'ont d'autre visée que celle du Pouvoir, des Budgets pour régner, et pour soucis certains grands intérêts financiers qui les supportent.
L'argent est le nerf de la guerre ! Oui, mais voilà, en démocratie le but n'est pas la guerre mais vivre ensemble. Aussi qu'un Politique démocrate (l'immense majorité de nos élus heureusement) cherchent avec des moyens jamais assez mesurés de réaliser en bon père de famille ce que ses électeurs attendent de lui.

La Belgique, qui n'est pas éternelle, termine sa crise la plus importante depuis qu'elle existe. A savoir - non pas de douter de sa raison d'être, la quadrature d'un cercle qui ne fut pas le sien - mais bien d'avoir douté d'elle qui est : comment faire pour survivre, bien vivre jusqu'à devenir modèle du genre en ce qui concerne "vivre ensemble" alors que tous nous sommes tellement différents.

Belgique : une population  disparate qui se mélange, se marie, s'enrichit de ses différences internes, qui aime la vie et fait preuve que le moteur d'une société, même si elle se paye le luxe d'avaries débiles, doit sa force à son rocher qui est la foi en l'individu pragmatique confronté aux faits et non la foi en quelconque idéologie.

Une pensée pour le CDH et le CD&V.
Laïc par nature et non religieux,  je ne suis pas triste de leur déclin qui est d'abord le fait de leur phare, l'Eglise catholique en déconfiture. Sincèrement parfois même je le regrette. Car depuis des décennies toujours - qu'on les aime ou non - ils furent les régulateurs de la politique belge. A côté (entre ?) les travailleurs de gauche et les patrons de droite il proposaient une visée médiatrice chrétienne : plus d'humanisme chrétien entre tous.
Je ne souhaite pas leur disparition. Et si cela devait, jusque-là ils nous seront vraiment encore très utiles.

Plus que par le passé les "socialistes" devront laisser aux syndicats ce qui n'est plus leur problème et se consacrer avec priorité de gauche à réaliser plus d'humanisme entre les citoyens.
Plus que par le passé les libéraux devront se défaire du "Capital" (oserais-je dire "mafieux" pour faire la différence avec celui qui plus nous respecte, voire nous encourage) et se consacrer avec priorité de droite à réaliser plus d'humanisme entre les citoyens.
Aux Ecolos je crois devoir leur dire que le temps est venu d'assumer leur maturité politique. Si leur préoccupation originelle - la santé des fleurs et la qualité de l'air - semble tous nous avoir tous gagnés - mission déjà bien accomplie - leur reste à devenir le chaînon manquant pour ceux qui plutôt que préférer priorité politique en un humaniste accentué plus à gauche ou plus à droite, estiment important de s'identifier en premier comme humanistes laïcs.

Je précise qu'en rien mon discours n'est "Belgicain" attaché à la Belgique de Papa et aux frustrations de nos arrières grands-pères. Qu'on la restructure en un, en quatre ou en cent, du moment que les citoyens s'y sentent mieux encore, je suis pour !

Et "Beday Be" dans tout cela ? Une idée, rien de plus !
Fêter l'avènement de notre prochain gouvernement !
http://www.facebook.com/profile.php?id=100002167998082

Façon de souscrire à la conviction que nos élus critiqués et vilipendés de toutes parts - belgitude oblige - en fin de compte ont très bien travaillé et ont pu garder la tête froide là où d'aucuns en seraient venu à la bombe ou au suicide.

Et haro à ceux qui tentent de créer haine raciste là où notre naturel est devenu bonne entente et bonhomie."

(S) Jean-Charles Verlinden,

blog : http://www.rayondevie.com/
twitter : http://twitter.com/#morehumanity


Dessin de Kroll pour le quotidien "Le Soir", 18 février 2011 (DR).

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lundi 14 mars 2011

P. 17. Toponymie 2 : Condroz des Bois

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Après le Condroz des lieux-dits...

Bois givré d'Ochain (Ph. JEA/DR).

Ces Bois dont se chauffent les Condruziens...


Au Bois Moncia

Bois Basse Arche, Bruce,
Crèvai

Bois de Barsé, de Bassine,
de Bellegrange, de Bertranfontaine,
de Bormenville,
de Chabôfosse, de Chaufour, de Chéfaya, de Clavia Grimont,
de Fernelmont, de Foresse, de Forkechamps, de Fort Sart, de Fraiture,
de Gives, de Goesnes, de Golâ, de Gramptinne,
de Grand Hénin, de Grand Pré, de Grand Honimont,
de Haillot,
de Là-Haut,
de l’Herberain,
de Lonfontaine,
de Mâle Plume, de Malou, de Malplaquée, de Mani, de Marsée, de Mâvelin,
de Meeffe,
de Mimont, de Mille Plume,
de Morogne, de Mouhenière, de Moyifoi,
de Nialle,
de Paspau,
de Perwez,
de Renimont, de Roquintont, de Rouchon,
de Saint-Lambert, de Saint-Séverin,
de Sart Gérin,
de Séchamps,
de Sogne, de Soheit, de Sorinne,
de Stu,
de Tharoul, de Tinlot,
de Viné, de Vyle,
de Wanhériffe.

Les arbres à la lanterne ? (Ph. JEA/DR).

Bois de la Drève,
de la Grande Borne, 
de la Justice

Bois del Fagne

Bois des Carmes,
des Dames,
des Hospices,
des Tombes

Bois d’Abée,
d’Evoz,
d’Hautebise,
d’Ochain, d’Offoux, d’Oneu, d’Ossogne

Bois du Bois de France,
du Fond du Ri,
du Grand Taillis,
du Pèlerin,
du Rahie

Bois Guillaume,
Joli Chêne, Jolifau,
Lionfontaine,
Madame, Mélart, Miler,
Royal de Siroux,
Sandron

Le Rond Bois

Bois Le Bailli,
L'Etoile,
Le Homba,
Le Prêtre,
L’Evêque,
Les Arches Royales,
Les Grandes Triches,
Les Heerlettes.

Tombes de résistants dans le Grand Bois de Tharoul. Dénoncés par des Belges dont on nous répète aujourd'hui qu'il ne faudrait pas prendre la collaboration "au premier degré" ?!? (Ph. JEA/DR).


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jeudi 10 mars 2011

P. 16. "Correspondances", film de Laurence Petit-Jouvet

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(Affiche à diffuser...)


Dans la mouvance de la journée mondiale des Femmes...


Synopsis :

- « Des femmes de la diaspora malienne vivant à Montreuil en Seine-Saint-Denis s'adressent, dans une “lettre filmée” à une personne de leur choix, réelle ou imaginaire. Des femmes de Bamako et de Kayes au Mali s'en inspirent ensuite librement, pour réaliser à leur tour leur lettre “filmée”. Chacune était invitée à parler de son travail, chacune a saisi l'occasion pour dire ce qui est important pour elle. Toutes ont participé aux étapes successives de la fabrication de ces courts métrages, dans le cadre d'ateliers de création audiovisuelle menés en France et au Mali par Laurence Petit-Jouvet. L'ensemble forme un film qui enjambe les distances, fait résonner ces voix qui expriment les frustrations, les passions, la résistance de ces femmes. »

Ligue des Droits de l’Homme :

- « Ce film s’intitule « Correspondances » parce que ces Maliennes vivant en France racontent leur vie en « écrivant » une lettre filmée à une correspondante réelle ou imaginaire vivant au Mali. Elles racontent les journées exténuantes à faire le ménage de l’aurore au milieu de la nuit, les parcours en métro, les conditions d’hébergement et de vie quotidienne difficiles, la vie de clandestine… Certaines voient leurs enfants choisir de rester en France.
De l’autre côté, après avoir vu leurs « lettres » de France, des femmes de Bamako ou de Kayes leur répondent et montrent à leur tour leur combat quotidien pour vivre dignement et être reconnues dans leur emploi.
Toutes parlent de ce qui est important pour chacune d’elle, sans fioriture, nous livrant le fond de leurs pensées et nous faisant ressentir des émotions profondes. A travers leur énergie et leur volonté indéniable, chacune d’elles devient un personnage attachant, se battant pour un avenir meilleur pour elles-mêmes mais aussi pour leurs familles, leurs enfants, même si leurs lettres filmées montrent aussi les frustrations, les échecs, les passions..
Ces femmes ont participé aux différentes étapes permettant la fabrication de ces courts-métrages dans le cadre d’ateliers de création audiovisuelle. Ces lettres filmées nous montrent aussi la force indomptable de ces femmes et leur résistance. »

Jean-Luc Douain :

- « Ce sont beaucoup de désillusions, des leçons de courage et de dignité qui défilent. Et des mises en garde. A leurs sœurs restées au pays et qui pourraient rêver d'une vie meilleure, les "Françaises" disent qu'elles ont fait fausse route, qu'elles sont confrontées à des difficultés qu'elles n'imaginaient pas, soumises à un travail dur et mal payé. A leurs sœurs exilées qu'assaille la tentation du retour, les "Maliennes" disent que le Mali a changé, n'est plus celui qu'elles ont connu.
Solidement réalisé, ce montage de témoignages inspire le respect. »
(Le Monde, 1 mars 2011).

(Lettre filmée).

Véronique Klein :

- « Il est de ces films qui sont des aventures humaines qui emballent nos cœurs de spectateurs, « Correspondances », le film de Laurence Petit Jouvet en fait partie. Le film est né d’un atelier d’écriture audiovisuelle avec treize femmes maliennes ou d’origine malienne vivant à Montreuil en France et à Bamako et Kayes  au Mali autour de la thématique du travail. Ce qui aurait pu devenir un projet social intéressant est devenu un film étonnant. Porteur d’une grande émotion, inventif sur le plan esthétique, il est aussi une expérience originale du collectif. Très vite Madame Laurence  comme l’appellent les  « correspondantes » est devenue « l’accoucheuse » des paroles de ces femmes qui n’avaient jusqu’alors jamais osé ou  tout simplement imaginé plonger dans leur intimité pour dire leurs souffrances, leurs désirs, leurs aspirations, leurs regrets.
(…)
Il faut souligner au passage le remarquable travail sonore de Martin Wheeler qui s’est entouré pour la création musicale de deux figures majeures de la musique au Mali : Yacouba Sissoko à la cora et Tata Bambo Kouyaté grande griotte dont l’une des chansons à permis d’abolir la loi sur le mariage arrangé.
« Correspondances » est un hymne à la vie, un film généreux qui réchauffe les salles où il est projeté. »
(MEDIAPART, 28 février 2011).

Jean-Luc Porquet :

« Allers-retours fluides et contrastés, dont Laurence Petit-Jouvet tire le maximum : toutes ces femmes sont magnifiques, intelligentes, lumineuses même quand elles sont en colère (ainsi l’une, à sa mère : - « J’ai choisi de faire passer ma vision du bonheur avant la tienne »).
Cinquante-huit minutes d’empathie. »
(Le Canard enchaîné, 2 mars 2001).




Autre film qui ne risque pas d'être accusé d'abuser du marketing : "Vents de sable, femmes de roc" de Nathalie Borgers. Ou : les femmes Toubou du Niger.

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