MO(T)SAIQUES 2

"Et vers midi
Des gens se réjouiront d'être réunis là
Qui ne se seront jamais connus et qui ne savent
Les uns des autres que ceci : qu'il faudra s'habiller
Comme pour une fête et aller dans la nuit ..."

Milosz

jeudi 27 septembre 2012

P. 185. 1986-1997 : boules puantes et politiques entre Balladur, Chirac, Jospin, Juppé, Le Pen, Mitterrand etc...

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Michèle Cotta,
Carnets secrets de la Ve République
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tome III 1986-1997,
fayard, 968 p., 2009.


Editeur


- "Cela fait bientôt quatre décennies que Michèle Cotta prend des notes dans les antichambres du pouvoir, les congrès des partis, les déambulatoires de l’Assemblée, les conférences de presse de chefs d’État et les déjeuners de notables. Cette matière première a déjà été la base des "Cahiers secrets de la Ve République" Tome I (1965-1977), paru en 2007, et Tome II (1977-1986), paru en 2008. Dans ce Tome III (1986-1997), on retrouve le talent de chroniqueuse de Michéle Cotta, sa gourmandise à observer les personnages du grand théatre de la politique, sa capacité à en dévoiler les coulisses, à analyser les stratégies et les caractères des acteurs. Et aussi, sa distance et parfois son regard amusé.

En France, dans les années 1986-1997, l’ère Mitterrand voit se succéder des Premiers ministres Rocard, Cresson, Bérégovoy dans le climat délétère né des « affaires », tandis que la rivalité entre Jacques Chirac et Edouard Balladur, « amis » de trente ans, divise la droite, sur fonds de règlements de comptes et chausse-trapes.
Ailleurs, nous assistons à la chute du mur de Berlin, à la disparition de l’URSS, en passant par l’élargissement de l’Europe ou l’engagement militaire des Occidentaux au Moyen-Orient.
Jamais le talent de chroniqueuse de Michèle Cotta n’aura mieux convenu qu’à cette saga riche en témoignages inédits, en portraits colorés et anecdotes épicées.

Journaliste politique (presse, radio, télévision), dirigeante de chaîne publique, Michèle Cotta a été présidente de la Haute Autorité de l’Audiovisuel (ancêtre du CSA). Elle est aujourd’hui directrice générale de la holding JLA, éditorialiste au Nouvel économiste et à Direct soir. Le deuxième volume de ces Cahiers secrets de la Ve République (1977-1986) a reçu le Prix du Livre politique 2009."

Angelina Jelis


- "Les carnets de Michèle Cotta, c’est le livre politique, plutôt sur la politique, le plus savoureux qu’il m’est été donné de lire. Une sucrerie. D’abord sur la forme, les amoureux du blogging ne seront pas dépaysé. Les billets sont courts, le style est dense, parfois drôle, et l’ensemble respire la sincérité.
Sur le fond, point de grandes idées, d’intérêt général, de trajectoire historique ou de mise en perspective dans ces carnets. Non, c’est très terre à terre. Le sujet, c’est la tactique des uns ou des autres, les positionnements, les coups bas, les non dits et les coulisses. J’ai eu l’impression d’entrevoir la politique telle qu’elle est, hors de champs de la communication léchée et des images maîtrisées. Les amateurs de off seront comblés."
(Ce que je lis, 30 juin 2012).

Sans respect de la chronologie, le Tome IV des Carnets de Michèle Cotta vous avait d'abord été présenté sur la page 142 de ce blog. Afin de se remémorer les élections présidentielles de 2002 et les affrontements de trois hommes politiques clefs : Jacques Chirac, Jean-Marie Le Pen et (déjà) Nicolas Sarkozy.
Aujourd'hui, il vous est proposé une plongée dans les centaines de pages du Tome III, soit de 1986 à 1997. Le lecteur scaphandrier (masc. gram.) remontera à la surface avec quelques perles politiques. Pour les comparer. S'offusquer ou sourire. Se souvenir ou découvrir. En peser le poids de vérités, de cruautés, de haines, de privautés, de sincérité...
Encore heureux que la peine de mort soit abolie : voici comment se jugeaient les un(e)s les autres des politiques qui ont fait, à leur manière, l'histoire de France.
Chaque citation est complétée des références de l'auteur, de la date de retranscription dans les Carnets de Michèle Cotta et de la page dans ce T. III.


Cri du coeur d'Edouard Balladur (Caricature JEA/DR).

Edouard Balladur

A propos de lui-même : Vous trouvez que je ne fais pas assez le trottoir ?
(15 mars 1995, p. 742).
Alain Juppé : Il ne faut pas qu’il me gratouille, le camarade Edouard !
(20 mai 1997, p. 942).
Charles Millon : Ce serait un homme d’Etat à condition de lui ajouter un petit quelque chose.
(11 mai 1994, p. 650).
François Mitterrand : Balladur, un étrangleur ottoman.
(19 janvier 1995, p. 715).
Charles Pasqua : Regardez et racontez-le : Balladur serre les mains, il est capable de serrer des mains !
(15 mars 1995, p. 742).

Pierre Bérégovoy

Jacques Delors : Par son acharnement gestionnaire et sa vanité, il a mis la gauche dans l’état où elle est aujourd’hui.
(27 août 1994, p. 669).

Bernard Bosson

Jean-Pierre Chevènement : Bosson, c’est tout un programme !
(24 juin 1989, p. 196).

Jacques Chirac

Raymond Barre : Chirac est un volatile avec des couilles… pardon, Mesdames.
(8 mai 1997, p. 934).
François Bayrou : Chirac vasouille…
24 février 1997, p. 896).
Jacques Chirac : Et pourtant, il (lui-même) pense. Enfin, n’exagérons rien : il réfléchit.
(Fin juin 1994, p. 659).
Edgar Faure : Chirac est un roseau peint en fer.
(1 avril 1997, p. 904).
Gilles Martinet : Avec lui, le dernier qui parle a raison…
(16 octobre 1996, p. 857).
Georges Pompidou : Chirac, je ne sais pas ce que sera votre carrière politique, mais n’oubliez jamais ceci : ne vous prenez pas pour un ministre.
(29 mars 1994, p. 643).
Philippe Seguin : Il n’arrive pas à trouver sa vraie distance. Il est soit trop extérieur, soit trop impliqué.
(23 juin 1995, p. 780).

Edith Cresson

Pierre Mauroy : Lorsqu’elle avait été chargée en 1974 par Mitterrand des Jeunes socialistes, Edith Cresson, c’est un kapo !
(20 janvier 1990, p. 227).
André Santini : Elle descend si bas dans les sondages qu’elle va finir par découvrir le pétrole !
(14 décembre 1991, p. 349).

Jean-Louis Debré


Robert Badinter : Debré ? Ce n’est pas un aigle.
(6 novembre 1996, p. 859).


Philippe Douste-Blazy (Caricature JEA/DR).

Philippe Douste-Blazy

Lui-même : Pour moi, mon bleu de travail, c’est mon smoking.
(13 mai 1997, p. 937) ;

Laurent Fabius

Edith Cresson : Le fils de Dieu, ça ne marche pas. On ne fait pas n’importe quoi sous prétexte qu’on est fils de Dieu ! Fabius est un monstre politique.
(18 mars 1990, p. 240).
Georges Sarre : Quand Fabius me sourit et qu’il me dit des paroles gentilles, je suis gêné à l’idée du mal qu’il se donne pour être aimable.
(8 mars 1997, p. 901).

Valéry Giscard d’Estaing

Edouard Balladur : Ménager Giscard, vous n’y pensez pas ! C’aurait été un boulot à plein temps !
(19 mars 1995, p. 745).
Jean-Pierre Raffarin : Les décisions altruistes, chez Giscard, sont assez rares…
(19 juin 1995, p. 778).

Lionel Jospin

Alain Juppé : Il n’a aucune colonne vertébrale.
(20 mai 1997, p. 942).
Jean-Marie Le Pen : Il a une bonne tête, il est intègre et en plus, cela se voit !
(1er septembre 1994, p. 672).
Pierre Mauroy : Il a tué le père – Mitterrand – et perdu du même coup son centre de gravité.
(1er janvier 1992, p. 354).
Bernard Pons : Lionel Jospin n’est pas à la hauteur, il fait vieux, il réagit avec lenteur. Il s’est fait posséder comme un bleu dans ce débat sur l’immigration qui n’avait été fait que pour nuire au PS en montrant que sur ce sujet, il était minoritaire dans l’opinion publique.
(3 mars 1997, p. 898).
Dominique de Villepin : Lionel Jospin n’a pas la classe pour mener une grande campagne.
(4 février 1997, P. 884).

Alain Juppé

Marc Blondel : Le matin, le Premier ministre dit : « eh bien, aujourd’hui, je vais être plus généreux. En fait, il baisse culotte, mais il fait derrière un buisson. Il ne veut pas que ça se voie ! »
(14 décembre 1995, p. 794).
Jean-Marie Le Pen : Des tas de métaphores maritimes me viennent à l’esprit sur les bateaux qui coulent et les poids inutiles qu’il faut faire passer par-dessus bord…
(26 mai 1997, p. 947).
Nicolas Sarkozy : Je lui ai dit : pourquoi ne parles-tu davantage avec les gens ? Il m’a répondu : parce qu’ils n’y comprendraient rien.
(19 novembre 1996, p. 866).
Philippe de Villiers : Mes électeurs ont une allergie : Alain Juppé.
(20 mai 1997j, p. 943).

Jack Lang

Monique Lang
: Lui au moins sait faire campagne ! avec des idées et des caméras, avec des jeunes pour bouger, et des vieux pour regarder…
(27-28 août 1994, p. 668).

François Léotard


François Copé : Lorsque Léotard déjeune avec Juppé, il ne dit pas : « Voilà le gouvernement qu’il faut faire. » Il dit : « Si vous faites un remaniement, pourquoi pas moi ? » C’est plus clair, non ?
(28 novembre 1996, p. 867).
Helmut Kohl : Je vois que vous écrivez des livres. Un conseil : n’écrivez pas, faites de la politique.
(14 novembre 1996, p. 865).
René Monory : A partie du moment où Juppé a tout dit à Léotard hier, on ne peut pas s’attendre à cve que le secret soit longtemps gardé.
(17 avril 1997, p. 915).


Jean-Marie Le Pen (Caricature JEA/DR).

Jean-Marie Le Pen

Jacques Chirac : Le Pen est dangereux pour la paix civile, dangereux pour l’unité nationale, les valeurs chrétiennes et humanistes.
(19 mai 1990, p. 248).
François Léotard : Le Pen, ce parachutiste de bistrot…
(16 mai 1997, p. 941).
André Rossinot : Face à Le Pen, les socialistes n’ont pas changé : pompiers côté pile, pyromanes côté face.
(5 mai 1997, p. 932).
Bernard Tapie : S’il dépasse les limites, moi, caméra ou pas, je me lève et je lui rentre dedans !
(8 décembre 1989, p. 215).

Miss France

Jacques Chirac : On aurait mieux fait de me l’amener ce soir…
(26-27 janvier 1987, p. 67).

François Mitterrand


Edouard Balladur : Lorsque je passe une heure avec François Mitterrand, je m’amuse beaucoup plus qu’avec Giscard d’Estaing.
(26 août 199 », p. 562).
Jacques Chirac : Comme il n’a rien fait pendant quatorze ans, il faudra bien qu’on parle de lui…
(25 janvier 1996, p. 810).
Charles Pasqua : Mitterrand ? Le capitaine qui s’attache au mat du navire pendant qu’il coule !
(24 mars 1993, p. 519).
Michel Rocard : Le PS a eu quatre cadavres dans son histoire : le congrès de Tours en 1920 ; le déshonneur, avec le vote des socialistes pour le Maréchal Pétain à Vichy en 1940 ; la honte, avec Guy Mollet et l’Algérie en 1956 ; et puis la prise du pouvoir par Mitterrand qui s’est terminée par la honte et le déshonneur.
(4 décembre 1996, p. 869).
Robert-André Vivien : C’est Ramsès II sans bandelettes.
(7 septembre 1992, p. 459).

Guy Mollet

François Mitterrand : Guy Mollet pense à m’abattre 23 heures sur 24. Il me suffit, à moi, de penser 24 heures sur 24 à être plus fort que lui.
(8 janvier 1996, p. 802).


Charles Pasqua (Caricature JEA/DR).

Charles Pasqua

Maurice Bennassayag : C’est un vieux parrain.
(15 novembre 1993, p. 594).
Alain Juppé : C’est un vieux schnock.
(30 avril 1997, p. 928).
Jeanne Pasqua : J’ai été blessée par les calomnies qui ont accablé le ministre. Il est bon, humain, courageux, solide. Si je le dis, c’est que je le sais : quarante ans, c’est un long chemin.
(4 mars 1987, p. 75).

Michel Rocard

Françoise Giroud : Il me semble que cela ne lui réussit pas mal, au petit Rocard, cette relation conflictuelle avec Mitterrand : cela le dope, l’émoustille !
(27 juin 1990, p. 256).
Iléana Rocard : Il n’a pas assez de cohérence intérieure pour pouvoir gagner dans l’action politique.
(7 mars 1997, p. 899).

Nicolas Sarkozy

Jean-François Probst : Sarkozy doit encore souffrir, rentrer par la petite porte, pas par la grande, pour faire oublier à Bernadette et à Claude Chirac son passage chez Balladur.
(12 novembre 1996, p. 863).
Nicolas Sarkozy : Je vous remercie d’avoir invité un traître (parlant de lui-même).
(16 avril 1997, p. 912).

Philippe Séguin

Alain Juppé : Les journalistes ont peur de lui, ont peur de ses grosses colères. Ils ne sont pas les seuls.
(20 mai 1997, p. 942).
Pierre Mazeaud : Interrogez le personnel du Palais-Bourbon : dans la vie quotidienne, Seguin est insupportable.
(13 novembre 1996, p. 864).
Nicolas Sarkozy : Philippe Seguin, il est mort. Il ne nous a pas léché les bottes.
(27 janvier 1995, p. 718).
Philippe de Villiers : Après la bataille, Philippe Seguin est retourné à son caractère, la lâcheté.
(2 avril 1997, p. 905).
Robert-André Vivien : C’est Astérix sans potion magique !
(7 septembre 1992, p. 459).

Bernard Tapie

Jean-Marie Le Pen : un Tartarin, un bluffeur, un hâbleur, un pitre grotesque.
(8 décembre 1989, p. 215).
Pierre Mauroy : Tapie n’est pas ma tasse de thé.
(24 mai 1992, p. 430).
Bruno Mégret : Bernard, Tapie, à Marseille, nous l’appelons Pinocchio tellement il est menteur. A cette différence près que lui, quand il ment, ce n’est pas son nez qui grossit, c’est sa tête.
(13 mars 1992, p. 388).


Margaret Tatcher (Caricature JEA/DR).

Margaret Tatcher

François Mitterrand : Elle a un charme fou !
(29 octobre 1993, p. 592).

Jacques Toubon

Michel Debré : Je ne suis pas sûr qu’il réfléchisse toujours à ce qu’il dit… Et ce que je viens de dire la est un euphémisme !

Philippe de Villiers

Olivier Guichard : Villiers ? C’est le Front national à particule !
(2 avril 1997, p. 905).
François Léotard : Ce Le Pen de sacristie…
(16 mai 1997, p. 941).

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lundi 24 septembre 2012

P. 184. Le Requiem de Ferré

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"Pour le bateau tranquille et qui se meurt de Port"... (Ph. JEA/DR).

Médiathèque 

- "Requiem figure pour la première fois dans l'album Je te donne, paru en septembre 1976. Le terme Requiem fait référence à la messe des morts du culte catholique et de son incipit : Requiem æternam dona eis Dominum [Seigneur, donne-leur le repos éternel]. 
Ce requiem laïque est constitué de huit quatrains d'alexandrins aux rimes croisées. C'est un poème d'offrande adressé à tout un chacun : aux innocents (Pour le cheval enfant qui n'ira pas bien loin, Pour le mouton gracieux le couteau dans le rouge), mais aussi au monde entier (Pour ce siècle imprudent aux trois quarts éventé)... Qu'ils reposent en paix et pour eux Léo Ferré demande… le silence. Ce type de chute pourrait tenir du système - utilisé par ailleurs par Ferré ; la musique (très "classique") et l'interprétation (retenue) conjugués, subliment le procédé. 
(…) Dans le domaine classique le site Requiem survey recense plus de 3000 Requiem ! Une cinquantaine de ces derniers sont passés à la postérité ; citons ceux de Berlioz, Brahms, Britten, Campra, Duruflé, Dvorak, Fauré, Mozart, Saint-Saens, Schumann et Verdi." 
(Cité de la Musique).  


"Pour les feux de la nuit qui enflamment l'amour..." (Ph. JEA/DR).


Léo Ferré : Requiem

- "Pour ce rythme inférieur dont t'informe la Mort
Pour ce chagrin du temps en six cent vingt-cinq lignes
Pour le bateau tranquille et qui se meurt de Port
Pour ce mouchoir à qui tes larmes font des signes

Pour le cheval enfant qui n'ira pas bien loin
Pour le mouton gracieux le couteau dans le rouge
Pour l'oiseau descendu qui te tient par la main
Pour l'homme désarmé devant l'arme qui bouge

Pour tes jeunes années à mourir chaque jour
Pour tes vieilles années à compter chaque année
Pour les feux de la nuit qui enflamment l'amour
Pour l'orgue de ta voix dans ta voix en allée

Pour la perforation qui fait l'ordinateur
Et pour l'ordinateur qui ordonne ton âme
Pour le percussionniste attentif à ton coeur
Pour son inattention au bout du cardiogramme

Pour l'enfant que tu portes au fond de l'autobus
Pour la nuit adultère où tu mets à la voile
Pour cet amant passeur qui ne passera plus
Pour la passion des araignées au fond des toiles

Pour l'aigle que tu couds sur le dos de ton jeans
Pour le loup qui se croit sur les yeux de quelqu'un
Pour le présent passé à l'imparfait du spleen
Pour le lièvre qui passe à la formule Un

Pour le chic d'une courbe où tu crois t'évader
Pour le chiffre évadé de la calculatrice
Pour le regard du chien qui veut te pardonner
Pour la Légion d'Honneur qui sort de ta matrice

Pour le salaire obscène qu'on ne peut pas montrer
Pour la haine montant du fond de l'habitude
Pour ce siècle imprudent aux trois quarts éventé
Pour ces milliards de cons qui font la solitude

Pour tout ça le silence..."




Et une version de la Folie par Pia Colombo, elle qui prit le relais de Ferré quand il était interdit d'enregistrement...




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jeudi 20 septembre 2012

P. 183. "Après la bataille" de Yousry Nasrallah


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(DR).

Synopsis

- "Mahmoud est l'un des cavaliers de la place Tahrir qui, le 2 février 2011, manipulés par les services du régime de Moubarak, attaquèrent les jeunes révolutionnaires à dos de chameau. Tabassé, humilié, sans travail, ostracisé dans son quartier qui jouxte les Pyramides, Mahmoud et sa famille perdent pied. C'est à ce moment qu'il fait la connaissance de Reem, une jeune égyptienne divorcée, moderne, laïque, qui travaille dans la publicité, milite pour l'écologie et vit dans les beaux quartiers."

Yousry Nasrallah

- "Tout mon cinéma travaille à essayer d’extraire le peuple égyptien de la place de la victime."
(les inRocks, 19 septembre 2012).

- "Une dictature, ça vous fait vous haïr vous-mêmes. Le peuple mérite cette lettre d'amour que nous lui avons faite dans le film".
(Le Point, Festival de Cannes, 17 mai 2012).

- "Se libérer, rompre les tabous, dépasser la censure. C’est, à mes yeux, la définition première du nouveau cinéma arabe."
(La Croix, Festival de Cannes, 7 juin 2012).

- "C'est ce qu'on a vécu pendant la Révolution. Elle était belle ! Pendant 18 jours on avait l'impression et l'illusion peut-être que tout ça avait sauté, les barrières entre classes, les genres, entre l'homme et la femme et les ethnies évidemment … On a envie de revivre ça, que ça soit constant, que ça reste, que ça ne soit pas illusoire, pas seulement 18 jours de folie."
(AFP).

CinéObs

- "Avec seulement cinq pages de scénario, Yousry Nasrallah a tourné sa fiction en même temps que les événements se produisaient, filmant place Tahrir, écrivant, avec son co-scénariste Omar Shama, les scènes la nuit précédant le tournage ou allant jusqu'à laisser ses acteurs «  travailler en incarnant des idées ». Au fil des deux heures du film qui montre le rôle des femmes dans la Révolution, il tente de « familiariser le spectateur avec ce qu'est un Egyptien aujourd'hui ».
(Festival de Cannes, 18 mai 2012).

Thomas Sotinel

- "Le cinéaste a toujours travaillé ces contradictions, ces injustices (mais aussi cette culture, cet humour, cette esthétique) qui font l'identité égyptienne. Il en a fait des fictions qui assument leur parenté avec la tradition du cinéma arabe, et Après la bataille ne fait pas exception à cette manière de faire."
(Le Monde, Festival de Cannes, 8 mai 2012).

Siegfried Forster

- "Après la bataille dresse un constat sans aucune illusion : la véritable révolution n’a pas encore eu lieu, « ce qui a commencé c’est le sentiment révolutionnaire », conclut Yousry Nasrallah sous le slogan : « Pain, Liberté, Dignité, Humanité ».
(RFI, 18 septembre 2012).


Petit prince égyptien : "Dis, tu me dessines un printemps révolutionnaire ???" (DR).

Didier Péron

- "Le héros de l’histoire (…) n’est pas un jeune protestataire de la place Tahrir rempli d’une soif inextinguible de démocratie mais Mahmoud, un cavalier du quartier des Pyramides, au Caire, qui a participé à l’assaut spectaculaire à cheval et à dos de chameaux contre les protestataires réclamant le départ de Moubarak, le 2 février 2011. Mahmoud, pas armé, manipulé par le caïd du coin, est tombé de sa monture, la foule enragée l’a battu et il est revenu dans son misérable quartier de Nazlet la queue basse. Déprimé, rasant les murs, il rencontre Reem, fille émancipée des beaux quartiers qui bosse pour une ONG d’aide aux déshérités de la ville, en particuliers de Nazlet, quartier qui concentre la population des guides touristiques travaillant sur le site de Gizeh et que les attentats islamistes puis les manifestations ont mis sur la paille."  
(Libération, 18 septembre 2012).
 
Jacques Mandelbaum 

- "Les événements historiques se captent aujourd'hui en direct. Images sur le vif, reportages, voire documentaires, ont ainsi rendu compte très tôt, très vite, très bien et très mal à la fois, du "printemps arabe". C'est désormais au tour des premières fictions de nous parvenir. D'Egypte - où les manifestants de la place Tahrir ont délogé Hosni Moubarak le 11 février 2011 - arrive, un an et demi plus tard, le nouveau film de Yousry Nasrallah. Il n'y a pas si longtemps, on aurait parlé d'un film réalisé à chaud. Tout va si vite aujourd'hui dans la médiatisation des événements que ce délai suffit à en faire une oeuvre froide, quasiment anachronique, tant du point de vue du passé (déjà montré ailleurs) que du présent (l'histoire toujours en marche après la réalisation du film). Nasrallah - élève et successeur du grand Youssef Chahine au pays des pyramides - est un cinéaste trop averti des réalités de son temps pour l'ignorer. Judicieusement, il nomme son film Après la bataille.
Il pose, ce faisant, le temps nécessaire à la fiction. Un temps pour l'intelligibilité du fait collectif, d'une part, pour l'individualisation romanesque de l'autre."
(Le Monde, 18 septembre 2012).

Laure Dalzane

- "Le film de Nasrallah (…) nous invite à quitter le point de vue du spectateur du JT de 20 heures, confondant tous les protagonistes dans une indistinction réductrice, et nous convie à observer de l’intérieur les contradictions de la société égyptienne : la lutte des classes, la guerre des sexes, la coexistence entre extrême modernité des mœurs et archaïsmes, les manipulations en tous genres, comme celle du riche et cynique propriétaire Haj Abdallah, qui retourne sa veste toujours du bon côté en fonction de ses intérêts financiers… Les personnages échappent à un schématisme qu’on craint au départ, grâce à la façon dont Nasrallah leur offre le temps d’évoluer, de douter, de se remettre en question tout au long du film.
Si le film de Nasrallah ne s’impose toutefois pas par la maestria incontestable de sa mise en scène, il nous touche par sa belle vitalité, par ses acteurs entièrement engagés, par l’urgence enfin que l’on sent chez Nasrallah à se battre pour éviter la confiscation par les Islamistes de cette Révolution du peuple arabe. Après la bataille, c’est encore à coup sur… une âpre bataille qui se profile. Yousri Nasrallah en témoigne par les moyens du cinéma, et nous émeut."
(Mediapart, Festival de Cannes, 26 mai 2012). 
 
Mena Shalaby - Reem (DR).

Didier Péron

- "La relation entre Mahmoud, l’impulsif, le prolo floué, et Reem (la vedette Mena Shalaby), si occidentalisée qu’on la prend pour une «Libanaise», ressemble à une improbable idylle édifiante, scellant la réconciliation du peuple et de la bourgeoisie. Mais les allers-retours entre l’existence nantie de Reem et la maison rudimentaire de la famille de Mahmoud pointent aussi le fossé qui sépare des individus qui doivent, face à la dictature, s’inventer une communauté de destin. On sent que ça ne va pas être évident, même si les jeunes branchés donnent des leçons de syndicalisme aux cavaliers de Nazlet (le film a été tourné avec les habitants de ce quartier peuplé de Bédouins sédentarisés depuis le XIXe siècle).
En dernier lieu, c’est l’armée et les islamistes qui sont les ennemis à circonvenir et qui bien entendu tirent en coulisse leurs épingles du jeu. La fièvre verbale s’explique alors par la menace qu’ils font peser sur le peuple à qui, par les armes ou la théologie, il demande à chacun de la fermer et d’obéir. Nasrallah et ses actrices ont dû stopper les séquences tournées en vidéo lors de la manif du 8 juillet 2011, insultés et battus par des gens défendant des intérêts qu’on a du mal à imaginer démocratiques."
(Libération, Festival de Cannes, 17 mai 2012).

Serge Kaganski

- "Il est vrai que la mise en scène de Nasrallah est bordélique, truffée de zooms intempestifs, faux raccords, rythmes heurtés… mais quelle énergie, quel à propos politique et quelles actrices ! Film feuilletonesque entre Plus belle la vie cairote et Mocky oriental, Après la bataille nous dit que l’avènement de la démocratie et de l’émancipation des peuples durera plusieurs printemps. Yallah !"
(les inRocks, Festival de Cannes, 19 mai 2012).

Gaël Golhen

- "En synthétisant le film politique rosselinien et le soap égyptien (bariolé, vivant, lacrymal) Nasrallah réussit un OVNI, déconcertant, parfois lessivant, et qui malgré la confusion du propos laisse quelques traces indélébiles…"
(Première, Festival de Cannes, 17 mai 2012).

Pascale Fautrier

- "Beau mélodrame à voir sur les contradictions sociales de l'Egypte quelques semaines après le printemps arabe, fait d'un mélange d'images filmées au moment de la Révolution et de fiction. Les trois comédiens principaux sont excellents. La Révolution n'a pas commencé, ce qui a commencé, c'est le sentiment de la Révolution, dit le réalisateur Yousry Nasrallah. Reste la montagne à gravir, plus haute que les Pyramides : rocher de Sisyphe. Un film contre le découragement."
(Mediapart, 11 septembre 2012).





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lundi 17 septembre 2012

P. 182. De l'Arbre Sec à Turqueville...

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Aigrettes garzettes narcissiques entre Bel Air et Belle Eau... (JEA/DR).

Toponymie autour d'un Mont du Cotentin

L’Arbre Sec, Arbre Tison,
Hameau Bouleau,
Carrefour du Blanc Chêne, Chasse des Trois Chênes, La Pièce du Chêne, Le Chêne à Loup, Le Chêne Brûlé, Le Grand Chêne, Le Gros Chêne, Le Haut Chêne, Les Allées des Chênes,
Croix des Frênes, La Rue du Fresne,
La Croix de l’If, 
Le Gros Hêtre,
Le Champ de l’Orme,
Ferme du Gros Palmier,
Ferme du Pin, Le Chalet des Pins,
Le Clos du Pommier,
Hameau les Saules,
Les Sorbiers,

Beaucron, Beau Guillot, Beaurepaire, Beausoleil,
Belle-Eau,
Le Beau-Prenant,
Le Bel-Air,

Blanchelande, Blanche Maison, Clos de Blanc, La Blanche Grange, La Blanche Herbe, Les Blanches Pierres, Les Papillons Blancs, Pont de la Croix Blanche,
Village au Brun,
Ferme La Grise Pierre, Ferme du Gris Pré, Grismarais, Pont de Gris,
Fosse Noire, La Lande Noire, Les Noires Mares, Les Terres Noires,
La Fontaine Orange,
L’Hôtel Rose,
Devant la Croix Rouge, Carrefour de la Maison Rouge, La Porte Rouge, La Rouge Maison, Le Rouge Bouillon, Le Rouge Bourg, Les Terres Rouges, Rouge Cul, Rouge Fossé,
Croix Verte, Ferme La Verte Lande, Hameau ès Verts, La Chasse Verte, La Rue Verte, Le Paisty Vert, Le Pont Vert, Les Portes Vertes, Le Vert Bosquet, Le Vert Bouillon, Le Vert Buisson, Le Vert Gazon, Vertbois,
Lieu Violet,

Coquoin,

Croix à la Main, Blanche, de Carreau, des Petits, de Ver, du Marais Plot, Fêtage, Madrie, Malassis, Montbrotin, Nicolle, Pan, Picard,

Cul de Fer,

Clos à l’Aigle,
La Rue à l’Ane, Le Pont aux Anes,
La Baleine,
La Bécasse,
Ecoche-Bœuf, La Mare à Bœufs, Le Bois de Mont au Bœuf, Les Marais de Toqueboeuf, Prés aux Bœufs,
Le Pas à Brebis,
Les Canaris,
Le Pied de Chat,
Carrefour à Chevaux, Le Lieu Cheval,
Croix aux Chèvres,
La Mare-ès-Chevreuils,
Chien de la Ville, Le Menu Chien, Noir Chien,
La Chouetterie,
La Cigogne,
Café Cochon,
Coq qui dort, Le Clos du Coq, Ruisseau au Coq,
Corbeauville,
La Crapaudière,
La Faisanderie,
Fauconneterie, Les Fauconniers,
Croix aux Geais,
Le Petit Hareng,
La Héronnière de Bas,
La Grange aux Lapins,
La Lièvrerie,
Hameau aux Loutres,
Chanteloup, Chasse au Loup, Jambe de Loup, La Louvetière, La Queue du Loup, Le Bout-ès-Loups, Le Clos au Loup, Le Cul du Loup, Le Loup Pendu, Planche aux Loups, Puits au Loup, Vierge de la Fourche au Loup,
La Chasse Mouton, La Moutonnière, Le Petit Mouton, Pré Mouton,
La Patte d’Oie,
La Papillonnerie,
Lande du Mot de Cantepie, Mont-ès-Pies, Nid de Pie,
Hameau Pigeon, La Pigeonnerie,
Hameau Pinson,
Anse du Poulet, La Poulardière, Les Poulets,
La Poulinière,
La Puce,
Ferme du Haut-Putois,
La Butte aux Rats,
Clos Renard, La Queue du Renard, La Renarderie, La Roche aux Renards,
Hameau aux Serpents,
La Tauperie,
Les Tourterelles,
Les Veaux,


Le Plat Marais (Ph. JEA/DR).

Les Deux Champs,
Les Trois Jamberies, Les Trois Maisons, Les Trois Maries, Les Trois Monteaux, Les Trois-Monts, Les Trois Pucelles, Les Trois Rivières,
Les Quatre Acres, Les Quatre Barrières, Les Quatre Creux, Les Quatre Nations,
Cinq Epines, Les Cinq Chemins, Les Cinq Verges,
Les Six Chemins,
Les Sept Feux, Les Sept Verges,
Les Huit Fours,
Le Pont de Dix Mètres,
Les Douze Acres,
Les Vingt Vergées,
Ruines de la Quarantaine,
Le Lieu Cent Sous,

Ferme Bellefond, Carantilly,
de la Grille, de la Ronde, de la Poissonnerie, de la Sagerie, de la Suharderie,
de Sorteval, des Ormeaux,
Dodville,
du Repos,
La Varengère,
Le Gabion,
Taille Pied, Plat Marais,

Fortécu,

Hameau au Cœur, au Roux, aux Sachets,
Blandamour,
Châtré, Chandeleur,
de la Guerre, de Fraule, de l’Epine,
des Blonds, des Dunes, des Fèvres, des Roses,
Dodeman,
ès Bricquebecs, ès Cadets, ès Francs,
Femelle, Fournel,
Germaine,
les Petiots,
Moisson,
Picot, Pimpant,
Hamel au Prêtre, aux Juifs,

Ile de Canada, de Grosville, des Iris,

La Bouquinerie,

La Cour d’Audouville, d’Huberville,
de Lestre, de Saint-Floxel,
des Boulangers,

Bas Creveu,
La Basse Corderie, Emondeville, Haddeville,
Le Bas de la Rue du Nez,
La Haute Folie, Nesse,
Hameau du Haut le Jonquet, Le Haut Brésil, Le Haut d’Appeville, Les Maisons de Haut,
Les Hautes Londes, Les Hautes Portes,
Les Hauts Foins, Les Hauts Vents,

La Barbanchonnerie, La Barberie, La Baumée,
La Becterie, La Benoisterie, La Bertrannerie,
La Bijude, La Blaisoterie,
La Bourgeoiserie, La Bougue d’Elle,

La Caterie, La Charlemagnerie, La Chillerie, La Communette, La Croûte, La Curoterie,

La Déporterie, La Détrousse, La Dorglanderie, La Doucharderie, La Dupinerie,

La Fauvellerie, La Finellerie, La For Vandan, La Froide Rue,

La Giganvillerie, La Guéranderie,
La Huberderie,
La Jacqueminerie, La Jossellerie,
La Loge Goulienne, La Luthumière, La Louetterie,

La Main Levée,
La Maison à Mon Jacques, La Maison Née,
La Maîtresserie, La Maresquerie, La Maricorne, La Martellerie, La Martinerie,
La Morlande, La Morterre,

La Nourichellerie,


Fenêtre murée à la Part aux Hommes (Ph. JEA/DR).

La Part aux Hommes,
La Pesterie,
La Pillemâche, La Pillonnerie, La Piquava, La Pinchonnerie, La Piquenoterie, La Pitancerie,
La Poignaventerie,

La Révolution, La Richemonnerie, La Roulotterie,
La Rue Bouillie, de Venise, ès Vesque,
La Sauvagerie,
La Tiphaignerie, La Tisonnerie, La Trouderie,
La Valvacher, La Vauxelle, La Vendaquière, La Videgrainerie, La Vindarderie,

Le Bras Pendu, Le Bouillon d’Auge, Le Boujamet,
Le Ciel du Val,
Le Feu de la Chambre,
Le Grand Commère,
Le Houlland,
Le Lieu Beurré, d’Amour,
Le Long Boudin,
Le Mesnildot, Le Monceau de Cailloux, Le Monde Ancien, Le Moulinet,
Le Ponchet,
Le Routeux,
Le Trava Crochu,
Le Vieux Mesnage,

Les Andrieux, Les Anges Foulques,
Les Bidots, Les Bitouseries, Les Brûlins,
Les Callouets, Les Clos Rares, Les Cracots, Les Cruttes,
Les Droueries, Les Fieffes Dancel,
Les Hergueries, Les Houcheries,
Les Londelles,
Les Miquelots, Les Morveuses,
Les Nourris, Les Noyaux,
Les Petits Hauts Vents, Les Plafeux, Les Poistils,
Les Quesnils,
Les Renoufs, les Rousselières,
Les Talvendes, les Temples,
Les Vases,es Vettards,

L’Arqueminerie,
L’Ebahi, l’Epinette, l’Escalgrain,
L’Orguillet,

La Roulanderie du Marais, le Hamel du Marais, le Marais des Mottes, le Marais du Fost,
La Mare au Tendeur, aux Mions, de Montfarville, ès-Creveuils, la Plante Mare, L’Epine de la Mare,
La Mare Lanièpce, Olive, Palu,
Saux Marais,
Les Mares aux Coutures, aux Perrons,

Mont Crève l’Oeil,

Pièce aux Ronces,

Piedchou,

Pont à la Rose, aux Moines,
Capitaine, Fâtu, Tardif,
de Cailloux,
de la Belle Voisine, de la Chute, de la Gloire, de la Maladrerie,
de l’Abîme, de l’Esseau,
du Cadet, du Palis, du Voie,

Rocher Ecale, Malade, Pelé,
La Roque-qui-beu,

Route du Vieux Pépin,

Ruisseau Caillouet, de l’Aunay d’Ouffières, de la Fontaine du Beau, du Vau Doux, la Perruque,

Source des Secrets, du Cul de l’Ile,

Valtribut,

Beuzeville au Plain, Bouteville,
Caloville, Chefdeville,
Flottemanville, Houesville,
Tourlaville, Turqueville…


Source des Secrets (Ph. JEA/DR).

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jeudi 13 septembre 2012

P. 181. 8 septembre 1970 : Truffaut, Sartre, la Cause du peuple et la Cour de sûreté de l'Etat

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François Truffaut,
Correspondance,
Lettres recueillies par Gilles Jacob et Claude de Givray,
Notes de Gilles Jacob,
Avant-propos de Jean-Luc Godard,
Ed. 5 Continents - Hatier, 1988, 672 p.

Editeur


- "Ces cinq cents lettres écrites au jour le jour, racontent sur quarante ans (1945-1984) l'histoire au quotidien de l'homme et du cinéaste."

Gilles Jacob


- "On n'écrit plus de nos jours, on télexe, on faxe. Au mot « épistolier », le Petit Robert accole l'abréviation « vx » (vieux), signe que le mot n'est plus employé. La fonction non plus. Truffaut, qui a écrit des centaines de lettres, est peut-être le dernier des épistoliers."
(Préface).

Diaktine Anne

- "La correspondance publiée chez Hatier est adressée essentiellement à Robert Lachenay, Helen Scott, Charles Bitsch, Eric Rohmer, Jean Gruault, ou Jean-Louis Bory.
Cela suffit, pas besoin d'explications pour voir François Truffaut vivre, jouer avec ses filles, se débattre avec la biographe d'Adèle H. dès 1973, ou récuser l'accusation d'être récupéré par «le système».
Il y a cependant une lettre en partie inédite que Madeleine Morgenstern, l'ex-épouse du cinéaste, a confiée au metteur en scène Marie-Paule André. C'est cette longue réponse, adressée à son «père légal», après le triomphe des Quatre Cents Coups à Cannes, qui provoque l'acné de l'émotion.
"J'aurais tourné le film le plus effroyable du monde si j'avais dépeint ce que fut mon existence rue Navarin entre 1943 et 1948, mes rapports avec Maman et toi. Durant toute la période des restrictions, je n'ai pas mangé un morceau de chocolat; vous l'emmeniez à Bleau. Vous partiez le samedi en ne me laissant pratiquement rien. Une des trois clefs de l'armoire ouvrant la bonnetière, je me débrouillais en volant du sucre (une rangée entière pour que cela ne se voit pas trop). Je vivais dans le mensonge et la peur dès le dimanche soir. Souvent, le soir, avant ton retour du travail, Maman me disait: "ton père est le seul à travailler dur, ici; quand je te demanderai si tu veux des légumes une seconde fois, tu refuseras car il a besoin de manger plus que nous." ...
Il y a aussi des moments exceptionnels de tension entre maman et moi, comme lorsque j'étais assis par terre et qu'elle me donnait des coups de pieds."
Depuis (…), on sait que Truffaut eut un début de vie encore plus difficile que ne le montrent ses films".
(Libération, 16 décembre 1996).


Truffaut : "J'ai appris (...) que le journal La Cause du peuple (...) était systématiquement saisi avant même que les autorités aient pris connaissance des textes qu'il contenait. J'ai appris également que la police appréhendait, arrêtait et inculpait les vendeurs..." (Cad. JEA/DR).

Lettre en date du 8 septembre 1970 :
au Président de la Cour de sûreté de l'Etat


- "Monsieur le Président,

(...) Dans les premières semaines de juin, j'ai appris à travers la presse que le journal La Cause du peuple, dont Jean-Paul Sartre venait d'accepter la direction, était systématiquement saisi avant même que les autorités aient pris connaissance des textes qu'il contenait. J'ai appris également que la police appréhendait, arrêtait et inculpait les vendeurs de ces journaux et parfois même les lecteurs, pourvu qu'ils détiennent deux exemplaires dans leur poche ou dans la sacoche d'un vélosolex.
Je savais, toujours pour l'avoir lu dans Le Monde, qu'une cour de justice, celle de Rennes, je crois, avait refusé quelque temps avant de suspendre la parution de ce journal.
Tout cela montrait bien que le ministre de l'Intérieur (1) n'hésitait pas, afin de persécuter le journal, à commettre des actions qu'il faut bien appeler illégales.
Je n'ai jamais eu d'activités politiques et je ne suis pas plus maoïste que pompidoliste, étant incapable de porter des sentiments à un chef d'Etat, quel qu'il soit.
Il se trouve seulement que j'aime les livres et les journaux, que je suis très attaché à la liberté de la presse et à l'indépendance de la justice.
Il se trouve également que j'ai tourné un film intitulé Fahrenheit 451 (2) qui décrivait pour la stigmatiser une société imaginaire dans laquelle le pouvoir brûle systématiquement tous les livres; j'ai donc voulu mettre en accord mes idées de cinéaste et mes idées de citoyen français.
C'est pourquoi le samedi 20 juin, j'ai décidé de vendre sur la voie publique le journal La Cause du peuple. J'ai rencontré là, dans la rue, d'autres vendeurs et, parmi eux, Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir. Le public, dans la rue, était intéressé, ma pile de journaux fondait à vue d'oeil et lorsqu'un agent s'est présenté devant nous, j'ai eu le plaisir de lui offrir deux exemplaires de La Cause du peuple qu'il a tenus à la main, ce qui aurait pu éventuellement lui valoir des poursuites. Une photo, prise par un passant, confirme l'exactitude de cette scène. Après nous avoir engagés à nous disperser, l'agent a demandé à Jean-Paul Sartre de le suivre au commissariat, ce que l'écrivain a fait bien volontiers (...).
Si l'agent de police a demandé à Jean-Paul Sartre de le suivre plutôt qu'à moi, c'est manifestement parce que je portais une chemise blanche, un costume sombre et une cravate, tandis que Sartre avait un blouson de daim froissé et usagé (...).
La suite de la scène allait me confirmer dans cette impression puisqu'un promeneur ayant reconnu Sartre apostropha l'agent : "Vous n'allez tout de même pas arrêter un prix Nobel !". Alors, on vit cette chose étonnante, l'agent lâcher le bras de Jean-Paul Sartre, accélérer sa marche, dépasser notre groupe et filer droit devant lui si prestement qu'il nous eût fallu courir pour le rattraper. La preuve était faite qu'il existait deux poids, deux mesures, et que la police décidait ses interpellations, non pas à la tête du client, mais à celle du vendeur.
Je ne puis terminer ce témoignage qu'en recommandant à mes collègues, les vendeurs de La Cause du peuple, de s'habiller tous les jours "en dimanche" et de refuser le prix Nobel si jamais on leur propose (...).

(s) François Truffaut." (3)


Truffaut : "Il se trouve également que j'ai tourné un film intitulé Fahrenheit 451"...

NOTES :


(1) Raymond Marcellin (1914-2004). Comme Mitterrand, décoré de la Francisque de Pétain avant d'entrer dans un mouvement de résistance. Ministre de l'Intérieur de mai 1968 (après l’essoufflement du mouvement) à février 1974. Rendu célèbre par une tentative de pose de micros par la Défense et Sécurité du Territoire... pour espionner Le Canard enchaîné (1973).

(2) Fahrenheit 451



Encyclopédie de l’Agora :

- "Avec Fahrenheit 451 (1966), Truffaut fait une de ses rares incursions dans le monde de la science-fiction (on le verra également interprétant un scientifique français dans le film Rencontre du troisième type de Steven Spielberg). Ce film marie ses deux grandes passions: la littérature et le cinéma. Truffaut y décrit un monde où les livres sont interdits et brûlés par les pompiers."

Bertrand Priouzeau
:


- "La clandestinité reste un thème fortement présent dans La Peau douce, Fahrenheit 451 et La Mariée était en noir. Le personnage principal,livré à notre regard, s’inscrit dans une action qui doit justement rester secrète. Le plaisir de tels films naît de l’aspect illicite de ce qu’ils donnent à voir ; le spectateur peut suivre les variations liées au thème du film, c’est-à-dire les situations engendrées par le fait que le héros ait dévié de la normalité. Autrement dit, ces films permettent à Truffaut de mettre en forme des trajectoires qui ne pourraient être suivies dans la réalité, soit parce qu’elles sont imaginaires, soit parce qu’elles naissent d’un fait-divers et sont donc vécues par des anonymes et nous échappent.
(Un Art de la Fugue, Le Cinéma de François Truffaut, Mémoire)."

Arte :

- "À la fin du journal de tournage de FAHRENHEIT 451 (1966), son cinquième film, François Truffaut écrivait : "Je suis un cinéaste français qui a trente films à tourner au cours des années à venir; certains réussiront, d'autres pas et cela m'est presque égal pourvu que je puisse les faire." À 34 ans, Truffaut n'imaginait certes pas que la mort viendrait, moins de vingt ans plus tard, le 21 octobre 1984, interrompre prématurément l'accomplissement de ce programme et que son vingt-et-unième long métrage, VIVEMENT DIMANCHE !, sorti sur les écrans parisiens le 10 août 1983, serait son ultime succès et le point final d'une oeuvre mondialement célébrée."
(Archives).

(3) PP. 387-388.


Signature de François Truffaut (Doc. JEA/DR).

C'était un hommage clin d'oeil à François Truffaut, qui fit si bien les 400 coups pour que "le cinéma règne" et que la "nuit américaine" fasse de nous des voyageurs assis devant les écrans des salles obscures...
Cet hommage devait être publié le 8 septembre. Il a été retardé eu égard à l'actualité belge : la reconnaissance par la Premier Ministre Di Rupo, des responsabilités réelles de la Belgique dans la persécution des juifs du Royaume.




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lundi 10 septembre 2012

P. 180. SHOAH : reconnaissance de "la trop grande docilité" de la Belgique dans la persécution des Juifs

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En Belgique, l'étoile stigmatisant les juifs. Un J pour Jood en Néerlandais et Juif en Français (Doc. JEA/DR).

Le Soir

- "M. Verhofstadt a présenté à deux reprises des excuses à la communauté juive pour le rôle de certaines autorités belges durant la seconde guerre mondiale, une première fois le 6 octobre 2002 à la même caserne Dossin – il s’agissait alors d’une première car jusque là aucun Premier ministre n’avait reconnu de telles fautes dans le chef des autorités belges – et une seconde fois le 16 mars 2005 lors d’une visite au mémorial Yad Vashem à Jerusalem. Le bourgmestre d’Anvers, Patrick Janssens, a fait de même en octobre 2007 et celui de Bruxelles, Freddy Thielemans dimanche dernier (1).
M. Di Rupo a souhaité dimanche 9 septembre lever toute ambiguïté sur la reconnaissance de la responsabilité des autorités belges. « Permettez-moi d’être clair. Le gouvernement fédéral est et demeure déterminé à conserver vivant le souvenir de notre passé, le souvenir à la fois des aspects positifs et des aspects négatifs. Le gouvernement ose donc regarder de face les pages les plus noires de notre histoire », a-t-il dit lors de cette commémoration à Malines, couplée avec le 56ème pèlerinage national à la caserne Dossin, en présence du prince Philippe, de plusieurs ministres, d’ambassadeurs et de personnalités."
(Avec Belga, 9 septembre 2012).


Caserne Dossin à Malines, le Sammellager de Belgique, 1942. Photo la plus connue de la cour intérieure : juifs qui viennent d'être arrêtés et leurs effets. Aujourd'hui, des appartements y accueillent des familles insouciantes (Doc. JEA/DR).

"Faire tomber un mythe trop largement répandu,
celui d'autorités belges qui auraient été impuissantes
face à l'occupant nazi...".


Ce 9 septembre 2012, Elio Di Rupo, Premier Ministre

- "Monseigneur,

Dames en Heren,

70 jaar geleden werd precies op deze plaats een van de zwartste bladzijden uit onze geschiedenis geschreven.

Hier werden vanaf juli 1942 meer dan 25 000 Joden
(2) en 351 zigeuners bijeengebracht en gevangengenomen.
De meesten werden naar Auschwitz gedeporteerd.
Slechts 1 240 van hen overleefden.
Dat is dus minder dan 5 %.
De oudste, Etna KOLENDER, was 92 jaar oud. De jongste, Suzanne KAMINSKI, was amper 40 dagen oud
(3).
Niet al deze mensen waren Belgen. Ze kwamen grotendeels uit Oost-Europa, Duitsland of Rusland en waren naar ons land gevlucht om te ontsnappen aan de vervolgingen en de pogroms, die lang vóór de opkomst van het nazisme bestonden.


Ce que ces personnes étaient venues chercher en Belgique, c'était l'assurance d'une sécurité. Elles s'imaginaient, à Bruxelles ou à Anvers (4), à l'abri de la haine raciale et de l'antisémitisme.
Elles pensaient trouver, dans notre pays, le droit de vivre en paix, tout simplement.
Hélas, l'occupation de la Belgique par les nazis allait faire voler en éclats ce sentiment de sécurité.
A peine installés, les nazis réquisitionnèrent cette caserne malinoise pour la transformer en antichambre des camps de la mort.
Il y eut d'abord les convocations pour le travail obligatoire, un piège dans lequel tombèrent des milliers de victimes. Ensuite, l'Occupant décida de doubler les objectifs.
Il lui fallait non plus 10.000, mais 20.000 Juifs. Ce fut le début des rafles, dans les rues d'Anvers surtout, et aussi de Bruxelles.
Si cet épisode est l'un des plus noirs de notre histoire, ce n'est pas seulement par l'horreur qu'il suscite.
C'est aussi parce qu'il a impliqué la collaboration ; collaboration de citoyens belges et de nombreuses autorités de notre pays.

Laten we de moed hebben de waarheid onder ogen te zien : er was wel degelijk een deelname van het Belgische staatsapparaat aan de Jodenvervolging.
70 jaar later hebben we het recht niet om deze bladzijde om te slaan zonder deze belangrijke historische waarheid een plaats te geven.
De collaboratie van sommige overheden en ambtenaren tussen 1940 en 1945 is een realiteit die door diverse studies is aangetoond, waaronder de SOMA-CEGES-studie « Gewillig België » uit 2007.


Qu'il s'agisse de collaboration active ou passive, durable ou limitée dans le temps, individuelle ou collective, elle constitue une flétrissure que nous devons tous assumer.
De la même manière, nous portons collectivement la fierté d'avoir eu en Belgique de très nombreux résistants : près de 1500 « Justes » ont leur nom gravé au Yad Vashem de Jérusalem.
Plusieurs autorités belges ont, à des degrés divers, évoqué cette responsabilité dans ce crime épouvantable que fut la déportation des Juifs au départ du territoire belge.
Récemment, des excuses ont été adressées à la communauté juive par les villes d'Anvers (4) et de Bruxelles.

Voordien, en nog vóór de conclusies van de CEGES-SOMA-studie, waren er de verklaringen van een van mijn voorgangers, Guy Verhofstadt.
Ik wil mij vandaag volledig aansluiten bij die erkenning.
Ik wil hier bovendien, als u mij toestaat, de mogelijke twijfels of een eventueel onbehagen, uit de wereld helpen.
Sommigen van u vinden dat er een zekere ambiguïteit bestaat rond de erkenning van de verantwoordelijkheid van de Belgische autoriteiten in de uitroeiing van de Joden.
Laat mij duidelijk zijn. De federale regering is en blijft vastberaden de herinnering aan ons verleden levend te houden ; de herinnering aan zowel de positieve kanten als aan de negatieve kanten. De regering durft dus ook de zwartste bladzijden in onze geschiedenis onder ogen te zien.


Les conclusions de l'étude du CEGES sur la déportation des Juifs de Belgique sont accablantes.
Cette étude a notamment contribué à faire tomber un mythe trop largement répandu, celui d'autorités belges qui auraient été impuissantes face à l'occupant nazi.
Même si le gouvernement belge a quitté la Belgique pour Londres et s'est rangé dans le camp des alliés.
Même si la Belgique était sous régime d'occupation.
Même si de très nombreux Belges se sont illustrés par leur courage dans la résistance, en cachant des Juifs ou en sabotant l'action de l'occupant (6).
Il n'en reste pas moins qu'à travers l'implication d'un certain nombre d'autorités, l'Etat belge a adopté une attitude beaucoup trop docile.
Il faut le reconnaître officiellement : ces autorités ont mené avec l'occupant allemand dans des domaines cruciaux une collaboration indigne ; indigne d'une démocratie, indigne de nos valeurs fondamentales.
Cette collaboration a eu des conséquences dramatiques pour la communauté juive.
Oui, en prêtant leur concours à l'entreprise d'extermination mise en place par les nazis, ces autorités et à travers elles, l'Etat belge, ont manqué à leurs devoirs.
Elles se sont rendues complices du crime le plus abominable.
Cette faute criminelle restera une tache indélébile dans l'histoire de notre pays.
Une tache moralement imprescriptible, une responsabilité ineffaçable. Je ferai tout ce que je peux pour que jamais elle ne tombe dans l'oubli.
Je veux, dès maintenant, sur la base des informations avérées que nous possédons, exprimer les regrets et la honte que cette collaboration nous inspire.
En tant que Premier Ministre du Gouvernement belge, je présente les excuses de la Belgique à la communauté juive, même si les comportements de l'époque sont inexcusables.
Par ailleurs, j'invite le Sénat à débattre dès que possible de la proposition de résolution à propos de la responsabilité de l'Etat belge.
Le Gouvernement sera évidemment très attentif aux conclusions des travaux et il en tirera les enseignements pour l'avenir.

Monseigneur,

Dames en Heren,

Ook al is het nazisme dan verdwenen, rassenhaat is nog steeds in opmars.

Jammer genoeg beschouwen te veel mensen Rassentheorieën, het opkomende antisemitisme, de eerste anti-Jodenwetten, de davidster, de razzia's, de deportaties, enkel als iets uit een ver verleden.
Of, nog erger, zijn ze er zich niet eens van bewust.


Or, je veux le redire ici solennellement.
Oublier, ce serait trahir. Trahir les victimes et leurs descendants.
Ce serait aussi préparer la montée de nouvelles formes d'extrémisme.
Sans références et sans bagage historique, trop de personnes sont susceptibles de reproduire un jour les erreurs du passé.
Nous le voyons bien à la façon dont, notamment, les insultes antisémites réinvestissent la place publique ; ce qui est totalement inacceptable et que je combats avec toute mon énergie.
Nous le voyons aussi à la montée de partis ouvertement xénophobes, chez nous et dans toute l'Europe.
La crise économique favorise hélas les replis sur soi et la recherche de boucs émissaires. Nous devons donc travailler dans deux directions, sans jamais négliger l'une au profit de l'autre.

De eerste richting die we moeten volgen, is het overdragen van de herinnering en van onze waarden. In dat opzicht wil ik benadrukken hoezeer ik dit memoriaal op prijs stel. Onder meer voor hoe men de jongeren erbij betrekt.
Ik wil ook de voortdurende inspanningen onderstrepen die de Joodse gemeenschap levert via haar diverse instanties. Inspanningen om de jonge generaties te onderwijzen en hen te behoeden voor extremisme.
Zoals u weet, is België actief lid van de Task Force for International Cooperation on Holocaust Education, waarvan ons land momenteel ook voorzitter is.
De deelname aan de werkzaamheden van de Task Force, in nauwe samenwerking met de Gemeenschappen, wijst op het belang dat wijhechten aan het onderwijs, de herinnering en het onderzoek over de Holocaust.


La deuxième direction, c'est la lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale.
Nous savons que plus une personne est reconnue dans sa dignité, plus elle est capable de tolérance et de respect de l'autre. Nous devons donc non seulement transmettre les valeurs et la mémoire. Mais nous devons aussi protéger notre modèle social et renforcer les dispositifs qui aident les personnes en difficulté.
La lutte contre le fascisme et toutes les formes d'extrémismes est complexe. Elle demande un investissement considérable dans l'éducation et la culture, mais aussi dans l'emploi, le logement et l'intégration sociale.
Fort heureusement, notre pays est très évolué dans ces différents domaines. Nous avons des dispositifs performants et des gens formidables, à tous les niveaux, pour les faire fonctionner.

Ik sluit dus af met deze hoopvolle boodschap.
In België, hebben we reeds vele zware beproevingen doorstaan, die we steeds te boven zijn gekomen.
De vreselijke periode van de deportaties in België moet een uitzondering blijven.
We hebben uiteraard veel lessen getrokken in 70 jaar tijd.
Daardoor hebben we een solidaire en broederlijke samenleving uitgebouwd, een samenleving waar iedereen het recht heeft om te vrij te leven en naar waarde kan worden geschat.


Merci à tous ceux qui œuvrent pour ce type de société.
Ces personnes sont dignes du flambeau qui leur a été confié. Elles sont à la hauteur des nouveaux enjeux de civilisation.
A l'heure de la mondialisation et du métissage généralisé, la promotion du respect, de la tolérance et de la diversité est plus que jamais essentielle.
Je vous remercie de votre attention et je souhaite à toute la communauté juive une très heureuse fête de Rosh Hashana.
Shana tova !"


Commémoration annuelle à la Caserne Dossin quand les rescapés faisaient encore nombre. Flèche jaune : Max Sztejnberg, le père de l'historien de la persécution des Juifs de Belgique, feu Maxime Steinberg (Doc. JEA/DR).

Nicolas Zomersztajn

- "Jamais un pèlerinage annuel à la Caserne Dossin de Malines n’a rassemblé autant de monde. Les plus hautes autorités du Royaume ont fait le déplacement. Le Prince Philippe et le Premier ministre ont rehaussé de leur présence cette cérémonie solennelle. Si le public est venu nombreux, c’est évidemment pour entendre le discours qu’Elio Di Rupo doit prononcer à cette occasion.
Depuis que les bourgmestres d’Anvers et de Bruxelles ont posé un geste de repentance très fort en reconnaissant l’implication de leurs autorités communales dans la déportation des Juifs, il est difficile pour les Juifs de ne pas souhaiter un geste identique de la part du Premier ministre : l’attitude des autorités communales n’était que la traduction locale d’une politique plus générale des autorités belges.
(…)
Les Juifs de Belgique savent désormais que le Premier ministre n’oublie pas ce qu’ils sont subi il y a 70 ans « Oublier, ce serait trahir. Trahir les victimes et leurs descendants. Ce serait aussi préparer la montée de nouvelles formes d’extrémisme ». Mais les Juifs de Belgique n’oublieront pas non plus que cela a pris beaucoup de temps pour que cette reconnaissance intervienne."
(Regards, publication du Centre communautaire laïc juif, 9 septembre 2012).

JEA

- "Il ne reste hélas plus beaucoup de rescapés pour entendre le Premier Ministre de Belgique déchirer ainsi le voile épais d'hypocrisie qui couvrait l'histoire de la Shoah en Belgique. A savoir que les occupants, même avec l'appoint significatif de leurs sbires wallons ou flamands, n'avaient pu à eux seuls, planifier, mettre en oeuvre et finaliser la déportation de 28.259 juifs du Royaume !!!
Celles et ceux qui sont revenus d'Auschwitz, des autres Camps, ont échappé aux rafles, ont été cachés par des Justes, tous ceux-là, leurs descendants aussi, ont donc attendu de 1945 à 2012 pour que chavire enfin le règne des non-dits, des dénis. Par contre, voici si longtemps que les collaborateurs et autres nostalgiques du nazisme dans toutes ses dimensions - à commencer par la Shoah - ont relevé la tête. Réclament même d'être amnistiés. Quand ce n'est pas de chasser les Résistants de la mémoire collective pour s'y substituer (7)...

Dans son discours, Elio Di Ripo n'a pas cité le rôle essentiel rempli par Maxime Steinberg
(8). C'est pourtant lui qui, seul tel un David docteur en Histoire, a vaincu la nuit et le brouillard, les silences et les indifférences, les hostilités et les calomnies pour retracer le destin des juifs de Belgique sous l'occupation. Il fut le premier historien à veiller à ce que les victimes des persécutions n'aient pas disparu à tout jamais comme le voulait l'idéologie nazie. Avec un scalpel aigu, Maxime Steinberg a autopsié non seulement les cadavres du Haut Commandement militaire allemand à Bruxelles mais aussi ceux des "autorités" belges (administrations, justice etc). Pour mettre à jour les mécanismes de la Shoah à la dimension belge. Et redonner des noms aux persécutés mais aussi aux bourreaux...
Ce 9 septembre 2012 aurait été un jour à marquer d'une pierre blanche, pour lui aussi. Il aurait tellement mérité de vivre cet événement. Nous ne l'oublions pas.

Tout en ne nous leurrant pas. Le négationnisme reste en embuscade. Les intellectuels antisémites redeviennent à la mode. Les racismes ne cessent de reprendre du poil de la bête.
Il suffit de lire - avec des pincettes - la majorité des réactions publiées par les deux premiers quotidiens belges francophones, La Libre Belgique et Le Soir (8), au discours d'Elio Di Rupo. On éprouve un mélange complexe de consternation et de révulsion. Mais le travail de mémoire est sans fin. Ce ne sont pas des corbeaux ni des méduses qui vont éteindre les étoiles !"

Le Soir : 3 réactions sur 9


Atahualpa, 09/09/2012, 15:24 :

- "Pourquoi essaye-t-on de réduire la seconde guerre mondiale à l'anti-sémitisme? A quand les excuses aux peuple Palestinien pour l'existance d'Israel ?"

plectrude, 09/09/2012, 16:39 :

- "EdR a rapidement évoqué les victimes tsiganes au début de son discours les effacer ensuite totalement et ne plus évoquer que les Juifs qui seuls, ont droit à ses excuses. C'est assez révoltant, mais révélateur du dynamisme des associations juives pour faire reconnaître les préjudices subis par la communauté dans le passé, tandis que les associations roms et/ou tsiganes sont moins actives ou douées pour susciter la culpabilité."

wafwaf, 09/09/2012, 20:00 :

- "Pour ma part, jattends toujours les excuses de ma voisine qui laisse son chien venir déposer ses crottes dans mon jardin. A chacun ses priorités."

La Libre Belgique : 5 réactions sur 25


bravo, 09.09.12 | 20h17 :

- "Pourquoi toujours cette repentance et ce 70 ans après les faits et alors qu'il n'était même pas né et que son pays d'origine n'est même pas celui-ci ??
Il serait dès lors opportun de réclamer aux italiens un acte de repentir pour les nombreux chrétiens envoyés au martyr il y a 2000 ans !!!"

cigpa, 09.09.12 | 18h41 :

- "de quoi tu parles e l i o, tu n'étais même pas né et tes parents en tant qu'italiens étaient du mauvais coté avec un certain benito, si vraiment tu as besoin de pardon excuse toi pour un de tes ancêtre un certain jules qui nous a envahi et asservi."

arth, 09.09.12 | 17h26 :

- "Quel est le but? par devoir de mémoire? Certains le pensent à la manière du péché originel (la pomme d'Adam) ou de la responsabilité des hommes dans la mort du christ. C'est en fait une conception qui s'inscrit dans la culture judéo-chrétienne.
C'est également une manipulation des politiques dont le but est de contenir le peuple dans les repères du politiquement correct, dans les limites hautement subjectives "du bien et du mal".

anafo, 09.09.12 | 17h16 :

- "Ce qui me met mal à l'aise, c'est qu'à force de ne parler que de la shoah, j'ai l'impression qu'on oublie les 16 autres millions victimes de la guerre 40-45... C'est comme si elles n'existaient pas, ou comme si elles n'avaient pas soufferts... Ce n'est pas en oubliant 16 millions de victimes que l'on fait un réel devoir de mémoire."

horreurliberale, 09.09.12 | 15h11 :

- "Et pourquoi doit on s excuser éternellement pour quelque chose dont personne , ici , n'est coupable???
Elio nous te rappellons que nous sommes en crise : AU TRAVAIL !!"


Déjà usée par le temps et les pollutions, la Plaque commémorative à la Caserne Dossin (Ph. JEA/DR).

NOTES

(1) Lien proposé par Tania : le discours de F. Thielemans, bourgmestre de Bruxelles. Cliquer : ICI.

(2) 25.835 juifs furent déportés au départ de la Caserne Dossin. 576 d'entre eux s'évadèrent lors de leur transport. Sur les 25.259 juifs entrés dans les Camps d'extermination, 24.019 perdirent la vie.
Au nombre de ces victimes figurent les juifs arrêtés dans la zone du Nord de la France (Lille...) rattachée au Haut commandement militaire de Bruxelles. De même que les Tziganes de la même zone française, ces persécutés furent transférés à la Caserne Dossin avant leur déportation vers les Camps de la mort.
Pour le sort spécifique des Tziganes, lire la page 114 ce blog.

(3) Suzanne Kamenski est née le 11 mars 1943. Elle a été emportée par le Convoi XX du 19 avril 1943. Celui-ci comprenait 1.632 déportés dont 287 enfants. Seuls 11 rescapés étaient encore en vie à la libération.

(4) Plus exactement et par ordonnance allemande du 25 novembre 1941, les juifs de Belgique ne pouvaient plus être domiciliés qu'à Anvers, Bruxelles, Charleroi ou Liège.

(5) Les excuses présentées par la Ville d'Anvers ont été aussitôt contestées par Bart de Wever, l'actuel leader de la N-VA, parti flamand le plus important (et partisan de la fin de la Belgique). Lire la page 9 de Mo(t)saïques.

(6) Résistants honorés p. 105 de Mo(t)saïques: Léopold De Hulster, p. 199 Hilaire Gemoets, p. 32 Robert Maistriau

(7) Résistance et collaboration sont évoquées sur les pages 20 et 35 de ce blog. L'exemple de Carette-Marceau terminant au sommet de l'Académie française est rappelé page 125.

(8) Les p. 74 et 75 de Mo(t)saïques portent sa brève biographie. Maxime Steinberg est également salué comme historien de la persécution des juifs de Belgique sur une page de l'ancien blog du Comité français pour Yad Vashem. Cliquer ICI.
Mais depuis son décès, un site perpétue sa mémoire. Cliquer : ICI.

(9) Le Soir propose un portfolio de la cérémonie de ce 9 septembre 2012 à la Caserne Dossin de Malines. Cliquer : ICI.

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