MO(T)SAIQUES 2

"Et vers midi
Des gens se réjouiront d'être réunis là
Qui ne se seront jamais connus et qui ne savent
Les uns des autres que ceci : qu'il faudra s'habiller
Comme pour une fête et aller dans la nuit ..."

Milosz

jeudi 29 novembre 2012

P. 202. "L"opéra du bout du monde"


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Site du film ? Cliquer : ICI.

"Avec la musique comme principale boussole..."

Synopsis

- "Un road movie historique dans les coulisses de l’opéra Maraina, entre La Réunion, Madagascar et… Paris, pour découvrir en musique l’histoire des premiers habitants des îles de l’Océan Indien.
Côte Est de Madagascar, dans la ville de Fort-Dauphin, au Camp Flacourt, là où les officiers de la Compagnie des Indes ont rencontré les Malgaches pour la première fois, Jean-Luc Trulès, le compositeur réunionnais, va diriger son orchestre devant une foule qui n’avait jamais vu d’opéra auparavant. Les récits s'entrecroisent pour raconter à plusieurs voix cette histoire méconnue. Un voyage musical qui navigue entre le XVIIe siècle et 2012, dans un triangle qui relie La Réunion, Madagascar et… Paris, pour mieux entendre l’océan Indien d’aujourd’hui."

Emmanuel Cirodde

- "Les films de Marie-Clémence et César Paes ont le don d'évoquer des lieux ou des événements historiques par le prisme de la musique. On suit, ici, l'élaboration et la tournée dans l'Océan Indien d'un opéra du compositeur réunionnais Jean-Luc Trulès, évoquant l'histoire originelle de La Réunion. Le film tire sa force de la confrontation perpétuelle de ces lieux historiques en pleine nature et de la sophistication tout occidentale de la forme opéra. En découlent des découvertes mutuelles passionnantes, qui résonnent à chaque image de ce documentaire."
(Studio Cine Live, 26 novembre 2012).


(DR).

Francis Dubois

- "Marie-Clémence Paes est franco-malgache et César, brésilien et français. Ensemble, ils réalisent des films où la musique est à la fois trame narrative et prétexte à restituer l’Histoire par le biais de la culture orale.
Ici, à la préparation et au déroulement des répétitions de " L’opéra du bout du monde", œuvre lyrique composée par le réunionnais Trulès, se mêle une véritable leçon d’histoire sur l’origine métisse de l’île de la Réunion, à la fois française et profondément enracinée dans les mythes (et les rythmes) de l’Océan indien.
Le filmage de l’opéra en train de se faire est aussi prétexte à porter un regard sur l’Europe d’aujourd’hui et ses liens avec l’Outremer, sur la façon dont est racontée cette histoire entre culture orale et érudition, à la Réunion, à Madagascar et à Paris."
(LE SNES, Actualité cinématographique, 26 novembre 2012).

Noémie Luciani

- "Suivant la création d'un opéra contemporain réunionnais racontant l'arrivée des officiers de Louis XIV dans les îles de l'Océan Indien, L'Opéra du bout du monde a la particularité de joindre le documentaire historique au documentaire musical. Au fil des répétitions, Cesar et Marie-Clémence Paes mettent en scène les habitants de Madagascar racontant leur histoire coloniale, avant de découvrir l'opéra qui l'illustre – le premier opéra qu'ils auront l'occasion de voir.
(…)
La démarche, surtout, est belle : d'une rencontre à l'autre, d'une version de l'histoire à la suivante, on sent chez les réalisateurs comme chez ceux qui leur parlent une volonté partagée de faire fi des vieilles haines, pour composer ensemble une ode chaleureuse au métissage et au mariage des cultures."
(Le Monde, 27 novembre 2012).


(DR).

Olivier Barlet

- "Remarquable à plus d'un titre : harmonie entre la beauté des lieux et celles des personnes, toujours écoutées et cadrées en dignité ; pertinence du propos alors même que se poursuit le mythe de l'origine de la population de la Réunion selon une histoire nationale française par trop simplificatrice ; exemple d'une création contemporaine sophistiquée inscrite dans l'histoire et puisant dans les richesses musicales et artistiques locales, tout en faisant intervenir des artistes de divers horizons créoles ; subtilité du montage qui évite les effets pour tendre seulement vers le propos du film, établissant un fécond parallèle entre le travail artistique de la troupe et les contenus historiques et humains à l'œuvre."
(Africultures, 3 novembre 2012)

Jacques Morice

- "Cette création, vivante, bigarrée, qu'on suit par bribes à travers des répétitions, a fait l'objet d'une représentation à Fort-Dauphin, là où les officiers envoyés par Louis XIV ont rencontré pour la première fois les Malgaches. Cet endroit accroché tout au bout de l'île, que la troupe atteint au bout de plusieurs jours d'expédition, est un village où les habitants n'ont pour la plupart jamais vu d'opéra. Délaissant tout commentaire envahissant, les réalisateurs font confiance à l'intelligence du spectateur et à sa sensibilité. Emaillé de divers témoignages d'habitants de l'île, le film tisse toutes sortes de liens entre mémoire collective et mémoire individuelle, en confrontant des versions parfois différentes d'un même évènement historique, selon les protagonistes, représentants officiels ou non. Un documentaire très libre, voyageur et curieux, loin des préjugés, avec la musique comme principale boussole."
(Télérama).




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lundi 26 novembre 2012

P. 201. Ce matin, le vent...


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Le public a rarement la patience d'attendre les 400 coups avant que ne se lèvent les rideaux de la vie (Ph. JEA/DR).

Ce matin, le vent tape sur les branches d’un arbre qui se rongeait les ongles.

Au couchant de la vie, nous ne manquons pas d’allumeurs de douleurs.

Pour ne pas perdre toute la mémoire, on casse parfois la noix d’un souvenir mais elle est sidéralement vide.

La nuit passe sa main sur le front froid d’une impasse et n’en croit pas la couleur de ses yeux.

Se prenant pour un vieux prof, le soleil corrige à l’encre rouge la pâle copie de l’horizon.

Ayant perdu son dentier, la tristesse ne sait plus que mordre la poussière.

Qu’il soit des villes ou des champs, le racisme ne rêve que d’étrangler l’étrangeté.

Vous reprendrez bien une larme blanche avant de découper les étoiles dans la nuit ?

Au cimetière, que de tombes comme autant de pertes de mémoire.

XXe : siècle des génocides. XXIe : celui des climaticides ?

Les fanatiques de la sinistrose s’opposent aux mariages gays.

L’automne s’était couché avec une crinière chamarrée. Le lendemain à l’aurore, il se réveille en sueur, avec des cheveux plus blancs tu meurs.

Au point d’interrogation du jour.

Le ciel s’est coupé en se rasant ce matin…

Un peintre du dimanche se résout à manger toutes ses croûtes.

Le Musée du Chaos a les gardiens qu’il mérite : sans but !

Avez-vous déjà écouté un pavé ? Lui peut témoigner des mystères des barricades.





François Couperin - Scott Ross au clavecin.


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jeudi 22 novembre 2012

P. 200.


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J'ai eu le malheur d'ouvrir les 200 pages de ce blog. Toutes. Pitié. Quelle pagaye !!! Des bouquins comme des êtres humains allant à des manifs contradictoires. Des montagnes et des fleuves de photos sans attaches. De la poussière. Quelques poèmes refusant de se laisser embarquer dans un charter. Des enfants, des femmes et des hommes dont l'histoire garde les empreintes - qu'ils aient été des bienfaiteurs de l'humanité ou ses malheurs -. Et que de vingt-quatre images/seconde pendant des jours et des nuits de projections. L'une ou l'autre luciole. Les banquets des musiques partagées...

Pour retrouver les pages portant les sujets de votre choix, il vous suffit de recourir à la petite fenêtre, colonne de droite : "rechercher ici".

(Ph. JEA/DR).


Ballets d'ombres et de figures (pas toujours très fréquentables) :

Angelopoulos Theo, Appelfeld Aharon, Ardourel Henri et Solange, Aubrac Raymond, Austen Jane,
Badinter Robert, Balladur Edouard, Barbie Klaus, Belmont Charles, Benbassa Esther, Béraud Henri, Bialot Joseph, Blum Léon, Boissel Jean,
Carax Léos, Céline, Chirac Jacques, C Isabelle, Clébert Jean-Paul, Colet-Doé Mireille, Costantini Pierre, Coston Henry, Cotta Michèle,
Daudet Léon, de Brinon Fernand, De Clerck Stefaan, de Gaulle, De Hulster Léopold, Delwiche Christian, Desnos Robert, De Wever Bart, Drieu la Rochelle Pierre, Duteil Danièle,
Echenoz Jean, Emmanuel Pierre,
Fabius Laurent, Fauxbras César, Ferdonnet Paul, Fouchet Max-Pol, Fourest Caroline,
Giroud Françoise, Gobineau, Guillemin Henri,
Hessel Stéphane, Hollande François, Humbert Agnès,
Joly Eva, Jospin Lionel, Juppé Alain,
Kertész Imre,
Laval Pierre, Le Pen Jean-Marie, Le Pen Marine, Luxemburg Rosa,
Magnan Pierre, Marceau Félicien, Marion Paul, Marker Chris, Martial René, Mauriac François, Maurras Charles, Mendès France Pierre, Mercier cardinal, Mère Castor, Mitterrand Danielle, Mitterrand François,
Naour Ingrid,
Ozouf Mona,
Pannequin Roger, Pepys Samuel, Perec Georges, Pergaud Louis, Pétain Philippe, Picasso Pablo, Pirotte Jean-Claude, Poujade Pierre, Prévert Jacques,
Rebatet Lucien, Renard Jules, Riche Paul, Rochman Leïb, Roy Jules, Rushdie Salman,
Sacco Nicola, Salazar, Sarkozy Nicolas, Sartre Jean-Paul, Schaffer Paul, Sézille Paul, Steinberg Maxime, Strauss Kahn Dominique, Szerman Albert,
Thirion Laurence, Trébuchon Augustin, Truffaut François,
Vallat Xavier, Vanzetti Bartolomeo, Vasquez Juan Gabriel, Veil Simone, Verlinden Jean-Charles, Vielset Yvonne, Villeboeuf André, Vlaminck Maurice,
Waysand Georges, Werth Léon, Wiesel Elie,
Yvert Fabienne,
Zilberberg Esther, Zimmermann Daniel, Zola Emile.

(Ph. JEA/DR).

Quelques pages de calendriers tournées par les aiguilles de l'histoire :

1667 Froberger,
1690 Londres,
Novembre 1695 Mort de Purcell,
1705 les Violons du Roi,
1713 Ottone in villa,
1717 Water music,
1733 Hippolyte et Aricie,
1738 Saül,
1783 les Champs-Elysées,
1791 Ave verum corpus,
1812 Winkovo puis La Bérézina 1812,
1832 le Choléra à Paris,
1877 Tahiti,
1885 l'Enterrement de Jules Valès,
1898 Zola accuse,
13 février 1915 Lucien Bersot est fusillé,
7-8 avril 1915 mort de Louis Pergaud,
11 novembre 1918 le dernier mort de la Première guerre mondiale,
1927 l’exécution de Sacco et de Vanzetti,
1940 la Débâcle de 1940,
18 juin 1940 l'Appel du 18 juin,
Premiers messages de la France Libre,
Ardennes françaises sous l’occupation,
Spoliations dans le Nord de la France et en Belgique,
1942, Mouchardages,
Juillet 1942 la Rafle du Vel d’Hiv,
1er janvier 1944 à Londres,
Rafle des enfants d’Izieu,
Shoah en Belgique,
Libération de Paris,
Procès Pétain, procès Laval, procès Céline,
Collaboration et Résistance,
Amnistie des collaborateurs,
Révisionnisme,
Guerre d’Algérie,
Septembre 1970, Cour de sûreté de l’Etat,
2002 Elections présidentielles en France.

(DR).

Affiches d'un cinéma rural qui ne désemplit pas :

Adem-Oxygène, Alexandre le Grand, Amnistie, A people uncounted, Après la bataille,
Correspondances,
De Charybde en Scylla, De mémoires d’ouvriers, Después de Lucia,
El Gusto l’histoire les a séparés,
Fahrenheit 451, Four horsemen,
HH Hitler à Hollywood, Histoires d’A, Holy motors,
Ich bin eine terroristin,
Je sens le beat qui monte en moi, Jours de 36,
Kafka au Congo,
La BM du Seigneur, La guerre est déclarée, La jetée, La nuit américaine, La reconstitution, La vierge les coptes et moi, Le chemin noir, L’écume des jours, Le fond de l’air est rouge, Le gamin au vélo, Le Havre, Le policier, Les chasseurs, Les géants, Le voyage des comédiens,
Mafrouza, Mobile home,
Nana, Neko dernière de la lignée, Nous Princesses de Clèves,
Pain noir,
Squat la ville est à nous,
The tiniest place, Tourbillon, Trois sœurs,
Une bouteille à la mer, Une famille respectable, Une seconde femme, Une séparation, Une vie avec Oradour,
Voyage à Cythère.

(DR).

Puisque la musique adoucirait même la mort :

Barbara, Beaucarne Julos, Bourvil, Brahms J., Brassens, Brel,
Caussimon Jean-Roger, Charlebois Robert, Cohen Léonard, Collins Judith,
Debussy Claude, Dunker William, Dutronc Thomas,
Engerer Brigitte,
Ferrat Jean, Ferré Léo, Froberger Johann Jakob,
Gens Véronique, Graeme Allwright, Grappelli Stéphane,
Haendel G. F., Hardy Françoise, Horowitz,
Leclerc Félix, Léotard Philippe, Leprest Allain, Lévesque Raymond, Louka Paul,
Maurane, Melanesian choirs, Mozart,
Nougaro Claude,
Obele,
Polnareff Michel, Purcell Henry,
Rameau J-P, Rebel J-F,
Vaucaire Cora, Vigneau Gilles, Vivaldi Antonio, Voulzy Laurent,

(Ph. JEA/DR).

Albums avec autant de photos à plagier :

Arbres,
Bibliothèques,
Chemins,
Enseignes,
Etangs,
Façades, Fenêtres sur terres et sur mers,
Histoires d’eaux,
Monts,
Nuages,
Oiseaux,
Pierres, Pivoines,
Réverbères,
Sables,
Portes.

(Ph. JEA/DR).

Poèmes bohémes :

Dans cet hôpital, Dans les bras de morphine, De branches en étranges,
Hommage à la fourmi inconnue, Homme orchestre et post-moderne,
La nuit tenait la route,
Le carrousel est gratuit, Le lièvre et les crabes, Le papillon fera un nœud au mouchoir de ses ailes,
Messages personnels, Mon village : avis de disparitions,
On écrit parce que…
Pavane pour un été défunt,
Quand je suis une taupe, Quelques ombres sibyllines,
Refusant un avenir de décombres, Roms...
Si la brise ventriloque,
Une cage un barreau, Un matin sans la plus petite fenêtre...

lundi 19 novembre 2012

P. 199. A 36 ans, le 21 novembre 1695, H. Purcell referme la partition de sa vie


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Henry Purcell et l'ouverture de son Fairy Queen (Mont. JEA/DR).

Henry Purcell (10 septembre 1659 - 21 novembre 1695) :
plus de 800 œuvres...


François-Joseph Fétis

- "La supériorité incontestable de sa musique sur tout ce qu’on avait écrit depuis longtemps en Angleterre; le caractère d’originalité qu’on y remarquait et la variété des formes firent rechercher ses ouvrages par tous les maîtres de chapelle (…).
Purcell fut le premier compositeur anglais qui introduisit les instruments dans la musique d’église, car avant lui on n’employait que l’orgue pour l’accompagnement des voix; il montra dans son instrumentation autant de conceptions nouvelles que dans le caractère de sa musique vocale."
(« Biographie universelle des musiciens », Firmin-Didot, Paris 1866, p. 141).

France Musique


- "Issu d’une famille des musiciens reconnus, attachés à la cour d’Angleterre, compositeur précoce, prolifique, visionnaire, Henry Purcell est le plus grand représentant du premier baroque anglais. Malgré la brièveté de sa carrière de compositeur (il est mort à 36 ans), il a marqué par son empreinte la musique sacrée ou de circonstances, destinée à la cour, mais aussi celle destinée à l’usage privé dans les foyers ou celle destinée à la scène."

Philippe Le Corf

-"Foudroyé par le destin dès sa trente-sixième année, le Shakespearien Henry Purcell rayonne sur le Baroque anglais des mille rayons d’une imposante et pourtant trop courte production. Celle-ci s’impose sans partage, en allant droit au cœur, avec toute la vitalité d’une jeunesse conquérante, dans la joie comme dans le cri, dans la plainte comme dans la féerie, dans le deuil comme dans la fantaisie."
(Cité de la Musique, le Baroque).

Ath. R. Gatti de Gamond

- "Ses multiples occupations de compositeur, professeur, chanteur et instrumentiste seront les causes de sa mort prématurée en 1695. L'anthem Thou knowest, Lord, the secrets of our hearts, composé pour les funérailles de la reine Mary en 1695, sera joué à ses propres funérailles.
PURCELL est enterré dans l'abbaye de Westminster et sa plaque funéraire traduit l'estime de ses contemporains :
Here lies Henry Purcel, Esq. : who left this life, and is gone to that blessed place where only his harmony can be exceeded .
Ici repose Henry Purcell, Esq. : qui a quitté cette vie et est parti en cet endroit béni, où seule son harmonie peut être dépassée
."
(Cartable musical).


The Fairy Queen, versions de J Savall, de J. E. Gardiner, de N. Harnoncourt et de W. Christie (Mont. JEA/DR).

The Fairy Queen (la Reine de fées), 1692.


Armelle Heliot

- "L'oeuvre fut créée au Dorset Garden de Londres le 2 mai 1692. Un événement demeuré dans les annales de l'art du spectacle tant les effets de la mise en scène étaient incroyables (…).
L'argument ? Shakespeare écrivit cette pièce vers 1595. On est dans les bois, non loin d'Athènes. Il y a une idylle croisée entre quatre jeunes gens qui vont être victimes de farces féériques car ils se sont enfuis dans ces bois pour fuir les rigueurs parternelles (pour dire vite)."
(Le Figaro, 10 janvier 2010).

Festival de Beaune

- « The Fairy Queen », créé le 2 mai 1692 au Dorset Garden Theater de Londres, fut le plus grand succès du vivant de Purcell. Il appartient au genre semi-opéra, une forme hybride avec une action parlée et des parties musicales comprenant airs, danses, interludes instrumentaux et masques. Le livret est une adaptation libre de la pièce “Le Songe d’une Nuit d’été” de Shakespeare. L’élément féérique joue un rôle important dans la pièce. Les Fées introduisent toutes les scènes musicales."
(2002).

Médiathèque de Belgique

- "Inspiré du Songe d'une Nuit d'Été de Shakespeare, The Fairy Queen est une synthèse du théâtre et de la danse, mêlant le goût français et le goût italien au style britannique dans un esprit de féerie.
Ce qui caractérise le mieux l'œuvre de Purcell, c'est la variété de ce qu'on peut y trouver. Outre sa réelle valeur intrinsèque, sa musique porte en elle le pouvoir de créer l'émotion chez l'auditeur, et cela à travers les siècles."
(La musique anglaise, Les temps difficiles : de 1642 à 1702).

Acte III – I love a sweet passion

Si Amour est une douce passion, pourquoi torture-t-il ?
S’il est une amertume, oh, dites-moi d’où vient mon contentement ?
Puisque je souffre avec plaisir, pourquoi devrais-je me plaindre,
Ou accuser mon destin, quand je sais que c’est en vain ?
Si plaisante est la peine, si douce la flèche,
Qu’en même temps elle me blesse, et touche mon cœur.

Je presse doucement sa main, regarde languissamment par terre,
Et par un silence passionné, je fais connaître mon amour.
Mais, oh ! je suis si fortuné quand elle se montre assez bonne
Pour découvrir son amour par quelque maladresse volontaire.
Quand elle tâche de la cacher, elle révèle toute sa flamme,
Et nos yeux se disent mutuellement ce qu’aucun de nous n’ose nommer.


Véronique Gens, les Arts Florissants sous la direction de William Christie.

Opéra international

- "Dans ce nouveau "semi-opéra", qui succède à King Arthur, Purcell manifeste une habileté toujours aussi prodigieuse à intégrer une pièce théâtrale (ici, une défiguration du Songe d'une nuit d'été de Shakespeare), entrecoupée de morceaux musicaux fort divers : outre les parties instrumentales - levers de rideau, entractes, symphonies et danses -,les choeurs et ensembles vocaux solistes étaient confiés aux acteurs, tandis que, survenant souvent à l'occasion de scènes organisant un théâtre dans le théâtre, les sangs et ayres s'adressaient à de véritables solistes.
Dramatiquement, The Fairy Queen est encore moins lié à une trame événementielle que King Arthur, déjà pourtant bien relâché en cette matière. Ainsi exemptée de toute plausibilité narrative, la musique déploie une invention souverainement libre. Plus habile que jamais à synthétiser les plus diverses influences musicales européennes, Purcell épanouit tous les registres expressifs avec un ahurissant sens du timing et des proportions temporelles. Ludion inlassable et facétieux, il semble présent derrière chaque note, vocale ou instrumentale. Là où l'arbitraire et le décoratif auraient dû régner, Purcell parvient à donner une profonde nécessité à un tissu aussi lâche et théâtralement déresponsabilisé."
(Mars 1995).

Acte V – O let me sweep

Oh, laissez-moi pleurer, toujours pleurer;
Mes yeux n’accueilleront plus le sommeil,
Je me cacherai à la vue du jour,
Je rendrai mon âme à force de soupirs;
Il est parti, il est parti, pleurez sa perte
Et je ne le verrai jamais plus.


Alfred Deller.

Philip Pickett

- "De récentes recherches ont révélé que The Fairy Queen, dont le dernier masque est encadré par Hymen et Junon (deux figures mythologiques du mariage), fut en fait monté pour célébrer le 15e anniversaire de l’union du roi William III et de son épouse la reine Mary II. Dans le masque mettant en scène la réconciliation de Oberon et Tatiana, à la fin de l’acte IV, le décor représente un jardin agrémenté de fontaines, tel que le roi William les affectionnait ; les allégories des Quatre Saisons, dans le même acte, suggèrent que les liens du mariage triomphent tout au long de l’année ; et l’on comprend l’hommage dans le symbole du soleil souverain aux propos « All salute the rising Sun, the Birth-Day of King Oberon », qui ne manquent pas de souligner que le jour des noces du roi était aussi celui de son anniversaire."
(Cité de la Musique, Note de programme, 15 février 2011).

Benjamin François

- "Malgré son succès, la partition fut égarée après la mort de Purcell, et bien que le Théâtre Royal de Covent Garden offrit une récompense substantielle à celui qui la retrouverait, elle fut considérée comme perdue jusqu’en 1903, date où elle fut publiée par la Purcell Society."
(Le jardin des critiques, 22 avril 2012).

J. E. Fousnaquer


- "L’œuvre, créée en 1692, mit le feu aux planches anglaises avant de disparaître et d’être miraculeusement retrouvée au fond d’une bibliothèque londonienne au début du siècle. Galvanisé par la prose de Shakespeare, Purcell affine ici la méthode musicale qui fait de lui l’un des plus grands compositeurs baroques de tous les temps."
(LesinRocKs, 30 novembre 1994).



jeudi 15 novembre 2012

P. 198. Mon Village : avis de disparitions...


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J'aimerais vous envoyer ce billet depuis et à propos de mon village... (Ph. JEA/DR).

Souvent, à l'entrée d'un village, se dresse un panneau invitant les passants à ne pas passer trop vite. Les centres d'intérêts et les spécialités locales sont dès lors mis en valeur : "Son clocher romanesque, son chêne aux clous, ses boulets au sirop de poires et de pommes", etc...

Certes moins touristique, un brin trop nostalgique mais rigoureusement authentique, on imaginerait bien un autre panneau (de forte dimension) annonçant pour mon Village :

ICI, hélas, vous ne trouverez plus...

d’affranchisseur de bétail,
d’agent voyer,
d’allumeur de réverbères, d’allumetier,
d’arricandier,

de batteur d’huile,
de bedeau, de beuquette,
de boguier, de boucher, de boulanger, de bournobile, de bourrelier, de bousilleur, de braconnier, de brassier, de brelandier, de bromes des Ardennes, de brouetteur,
de busards des roseaux,

de cabaret, de cacasses à cul nu, de capitaine de louveterie,
de charcutier, de charron, de chats sauvages, de chaumier, de chiffonnier,
de cloutier,
de colporteur, de coquetier,
de crapauds calamites,
de cuivrés des marais,

de décrotteur,
de dindons et de farces,

d’école,
d’éhouppeur,
d’élatines fausses alsines,
d’épinceur de pavés,

de fagottier,
de fendeur,
de fripier, de friteur, de fromager,
de fumiste,

de garde champêtre, de garde des plaisirs du Roi, de garrots à l’œil d’or,
de gélinottes,
de grâces de Dieu, de grenouilles dans le bénitier,



La Grand-Place de mon Village, pas de parking payant...(DR).

de hannetons,
de huchier,

de lampiste, de lapidaire, de lardeur, de lavandière,
de licoriste,
de loutres,

de magister, de maître de postes, de maquignon, de marchand de journaux, de marchand de ratières, de maréchal-ferrant, de margoulin,
de médecin, de merles moqueurs,
de montreur de chiens savants,

de narcisses des poètes,

d’orchis punaises,

de patenostrier,
de peigneur de chevaux, de petits rhinolophes,
de pipier,
de postillon,
de prévôt de la maréchaussée,
de pulicaires annuelles, de putois,

de quincaillier,

de rebouteux, de récameuse, de rémouleur, de rempailleur,
de romanichels, de royaliste,
de ruchier,

de sabotier, de sage-femme, de saigneur de porcs, de savetier,
de sémaphoriste,
de sonneur de cloche, de sorcière, de sourcier,

de tabellion, de tailleur de meules, de tanneur, de taupier, de tavernier,
de terraillon,
de tourbier,
de transports en commun, de tripier,

de vinaigrier, de violoneux…




Une beuquette métamorphosée en boîte aux lettres (Ph. JEA/DR).


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lundi 12 novembre 2012

P. 197. Augustin Trébuchon, dernier poilu mort au front le 11 novembre 1918 ???


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Augustin Trébuchon,
La croix de sa tombe au cimetière militaire de Vrigne-Meuse : "Mort pour la France le 10 11 1918",
Ministère de la Défense, Secrétariat Général pour l'Administration, Mémoire des hommes, fiche individuelle : "Mort pour la France le 10 novembre 1918" puis cette surcharge à l'ordinateur : "Vrignes sur Meuse (Ardennes) à 10H00".
(Mont. JEA/DR).

A la relecture des trois pages rédigées pour Mo(t)saïques, ancêtre de ce blog, en 2008 :
- P.42. Il faut sauver toute la mémoire du soldat Trébuchon - 1 (31 octobre 2008);
- P. 43. Idem - 2 (4 novembre 2008);
- P. 47. Les lendemains du 11 novembre à Vrigne-Meuse (15 novembre 2008);
se posait la question de leur actualisation en 2012.
Mais depuis 2008, se prolonge un statu quo sur le front des recherches à propos du dernier poilu tombé à l'ennemi, le 11 novembre 1918 : Augustin Trébuchon. RAS sinon quatre plagiats (1) d'illustrations de ces PP. 42, 43 et 47 de Mo(t)saïques malgré la mention de l'auteur et des droits réservés.

Donc les historien(ne)s sont toujours unanimes pour retenir le nom d'Augustin Trébuchon comme dernier poilu tué à l'ennemi juste avant que l'armistice ne mette fin à la Première guerre mondiale.
Très exactement à Vrigne-Meuse, sur le flanc droit du fleuve, le 11 novembre 1918 (dans le dernier quart d'heure des hostilités).
Mais face à cette unanimité, l'Armée, inflexible, persiste et signe dans sa volonté de ne retenir que la date du 10 novembre 1918 à 10h pour ce décès
. Seule concession : l'Armée a abandonné sa première affirmation selon laquelle Augustin Trébuchon serait mort à Dom-le-Mesnil (rive gauche de la Meuse) pour reconnaître que le décès se situait bien à Vrigne-Meuse (rive droite).

Trois pages n'étaient pas pléthoriques pour tenter de cerner cette dérive : les Autorités militaires ne se contentent pas de faire l'Histoire, elles entendent aussi l'écrire. Quitte à recourir à la fabrication et à l'usage de faux ! Pour couvrir, en l'espèce, de derniers ordres ayant entraîné les derniers morts de 14-18...

En complément des pages 42, 43 et 47 de Mo(t)saïques, voici trois sources fiables qui résument le contexte de ce qui reste hélas "l'affaire Augustin Trébuchon".

Général Alain Fauveau :


- "Les combats ont effectivement continué jusqu’au dernier moment. Le soldat de 1re classe Augustin Trébuchon, estafette de la 9e compagnie [415e RI], titulaire de la Croix de guerre, tué à 10 heures 50 d’une balle dans la tête alors qu’il était porteur d’un dernier message pour son capitaine, a été le dernier mort de la Première Guerre mondiale dans le secteur. Mais, officiellement, il sera déclaré mort à Vrigne-Meuse le 10 novembre 1918 à 10 heures du matin.
(...)
Les pertes subies par les formations engagées par la 163e division dans l’opération de franchissement de la Meuse et de conquête d’une tête de pont, au cours des journées du 9, 10 et 11 novembre 1918, furent de 96 tués et 198 blessés dont 68 tués et 97 blessés pour le 415e RI. Ces pertes étaient les dernières de la Grande Guerre."
(Le dernier combat : Vrigne-Meuse, 10 et 11 novembre 1918, Revue Historique des Armées).

Jean-Dominique Merchet :

- "Les autorités militaires ont choisi d'effacer des mémoires les derniers combats du 11 novembre au matin. « Comme si cela n'avait pas eu lieu » constate le général Fauveau (2). Qui en a décidé ? On l'ignore précisément, malgré les recherches effectuées au Service Historique de la Défense. Il n'était tout simplement pas possible de mourir pour la France le jour de l'armistice, le jour de la victoire. Nul ne sait donc combien d'hommes ont été tués dans les quelques heures qui ont précédés le cessez-le-feu, puisque ils ont été comptabilisés avec leurs camarades tombés la veille. On se souvient simplement d'Augustin Trébuchon, « tué à l'ennemi » à l'âge de quarante ans, après plus de quatre années de guerre."
(Libération, 11 novembre 2008).

Philippe Demenet :

- "Quatre-vingt ans plus tard, le président de la République, Jacques Chirac, et le chancelier allemand, Helmut Kohl, s'annoncent à Vrigne-Meuse pour une commémoration exceptionnelle de ce dernier combat. Georges Dommelier, le maire-adjoint, prépare la cérémonie… Finalement, aucune des personnalités annoncées ne se rendra dans la petite commune.
Trente ans plus tard, le maire-adjoint ressent toujours une cuisante déception : le dernier mort de la Grande Guerre n’a jamais été reconnu par la Nation. Et comme si ce soufflet n’était pas suffisant, la croix blanche du parvis de la petite église de Vrigne-Meuse porte une dernière injustice : « Mort pour la France, le 10 novembre 1918. »
Pourquoi pas le 11, comme le voudrait la vérité ? Pourquoi l'état civil des 21 soldats du 415e RI, tués le 11 novembre, a-t-il été « corrigé » de façon à faire croire qu'ils étaient tombés le 10 ? C'est « un signe qui ne trompe pas » écrit le général Alain Fauveau dans le Casoar (3). Pour le commandement, cette opération aurait été difficile à justifier a posteriori…"
(Le Pèlerin, 29 octobre 2008).


Stèle de l'Epine sur les hauteurs du fleuve à Vrigne-Meuse :
"A la 163e DIVISION
et à ses GLORIEUX MORTS
Le vrai Tombeau
des Morts
c'est le Coeur
des Vivants" (Ph. JEA/DR).

La stèle de la 163e Division d'Infanterie se dresse là où seul se battit le 415e R. I. - qui lui était rattaché. Comment le Journal des Marches et Opérations (4) de cette 163e Division d'Infanterie rend-il compte du dernier jour de la guerre ?

JMO, 163e DI, 11 Novembre [1918] :

- "La D. I. a l’ordre de conserver le contact étroit avec l’ennemi et d’améliorer les passages de la Meuse (ordre général 468-14e CA-10 nov.).
Toute la nuit, les mitrailleuses ennemies sont très actives ; notre artillerie répond par de nombreux tirs.
A 1h30, l’armée téléphone : «Aucun mouvement en avant ne sera exécuté sur le front de l’Armée jusqu’à nouvel ordre / en exécution des prescriptions du télégramme 7939/3 du G.A.L.).»
A 6h, arrive l’ordre du Maréchal Foch : «1°/ Les hostilités seront arrêtées sur tout le front à partir du 11 novembre, à 11 heures (heure française). 2°/ Les troupes alliées ne dépasseront pas jusqu’à nouvel ordre la ligne atteinte à cette date et à cette heure.»
Au cours de la matinée, peu d’activité de notre part. Les mitrailleuses et l’artillerie ennemies se montrent actives jusque vers 10h½.
A 11 heures, nos troupes font entendre le chant de «la Marseillaise», suivi du cri de «Vive la France».
Quelques Allemands répondent par le cri de «Vive la France» ; un petit détachement cherche à fraterniser avec nos hommes, mais est poliment éconduit.
Par ordre gal 469 (14e CA-11 Nov. 18), les éléments de la 22DI, mis à la disposition de la 163e DI, sont relevés dans la journée du 11 Novembre."


JMO, 163e DI (Fac simile JEA/DR).

- "En fin de journée, l’occupation au Nord de la Meuse est la suivante :
1 Btn du 415e, à droite ; 1 Btn du 142e, à gauche ; 2 forts groupes de part et d’autre du pont de Nouvion.
Pertes : 1 tué du 142e, à 10h30."
(26 N 455/5).

Constats :

- Ce JMO donne un décompte très exact des heures précédant l'armistice. Dès 1h30 du matin, la fin des hostilités ne fait plus aucun doute. A 6h, les ordres de Foch cadrent les modalités de la fin des combats.
- Le 11 novembre à partir de 10h30, les Allemands ne se montreraient plus actifs. Avant, ils mitraillaient tandis que les Français bombardaient.
- Après le cessez-le-feu, des Allemands vont même tenter de fraterniser.
- Pour ces dernières heures, les "pertes" (pourquoi au pluriel ?) se concrétisent par un seul mort : à 10h30, non pas au 415e R. I. mais au 142e.

Aucune relation ni même allusion à la solitude du 415e sur la rive droite de la Meuse. Occultation de la perte de plus de vingt de ses soldats, dont le dernier mort : Augustin Trébuchon.


Ministère de la Défense, SGA, Mémoire des hommes, 163e DI, JMO du 28 juillet 1918 au 30 janvier 1919 (Fac simile JEA/DR).

La logique serait alors de descendre de l'échelon de la 163e Division à celui du 415e Régiment.
A l’occasion du 90e anniversaire de la fin de la Première Guerre mondiale, la direction de la Mémoire, du Patrimoine et des Archives (DMPA) n'a-t-elle pas décidé de "numériser les archives de toutes les unités engagées dans ce conflit" et de les rendre ainsi accessibles au public ?
Mais si vous consultez ces archives, vous tombez dans un "trou noir" : le Journal des Marches et des Opérations du 415e R. I. est absent. Problème technique, censure ? Par définition, un JMO est "destiné à maintenir la valeur morale de l'armée". Celle-ci aurait-elle été menacée par les pages des 10 et 11 novembre 1918 du JMO du 415e R. I. ? (5)

Faute de Journal, reste l'"Historique du Régiment". Un document anonyme, sans date, non officiel, synthèse en 36 pages seulement de quatre années de guerre.

Période du 1er au 11 novembre 1918 :


- "Le Régiment, après un repos de 8 jours à Mesnil-Lepinois, est appelé à prendre part à la poussée en avant au nord de Vouziers.
La période du 1er au 5 novembre est employée au franchissement du Canal des Ardennes sur lequel l'ennemi oppose une très violente résistance. La poursuite commence le 6 et est poussée avec une telle vigueur que nos avant-gardes atteignent avant la nuit Chagny-les-Omont. Ils réalisaient ainsi une avance de plus de 12 kilomètres à vol d'oiseau, dans une seule journée et faisant tomber
partout la résistance de l'ennemi.
La poursuite se continue les 7 et 8 novembre et malgré la résistance de l'ennemi, facilitée par la traversée de bois très étendus, nos patrouilles atteignent la Meuse au nord de Dom-le-Mesnil dans la soirée du 8.
La journée du 9 est employée à reconnaître les points de passage sur le Canal de la Meuse que le Régiment réussit à franchir, par surprise, sur des passerelles de fortune, dans la nuit du 9 au 10.
Dans la matinée du 10, le Régiment passe en entier sur la rive droite de la Meuse, pousse rapidement en avant ses éléments avancés et réussit à prendre pied sur la Côte 249, capturant une cinquantaine de prisonniers de trois régiments différents. Mais les régiments de droite et de gauche n'ont pu progresser sur la rive droite de la Meuse de telle sorte que le 415e s'y trouve seul et très en flèche. Aussi, dès 11 heures, les Allemands commencent sur nos lignes une violente préparation et prononcent presque simultanément une contre-attaque sur notre front et nos deux flancs. Malgré la belle résistance offerte par les compagnies en ligne, les pertes sont telles que les éléments avancés sont obligés de se replier sur la voie ferrée qu'ils tiennent toute la journée en dépit du bombardement et des attaques répétées de l'ennemi qui y emploie des troupes d'élite (2e Régiment de la Garde, 4e Régiment et Régiment de fusiliers).
Le 11 novembre, le Régiment se trouvait encore en entier sur la rive droite de la Meuse prêt à reprendre au besoin la poussée en avant, quand vient l'ordre d'arrêter la poursuite, les hostilités cessant le 11 novembre à 11 heures.
Le passage de la Meuse et l'établissement de la rive droite fut une très dure opération pour le Régiment, elle nous coûtait 52 tués et 93 blessés. La forte proportion des tués s'explique par la résistance offerte par nos hommes aux contre-attaques ennemies au cours desquelles ils se fusillèrent à bout portant."
(P. 8).


L'Historique ne contient aucune illustration. Cette carte (origine : A. Masset) montre le franchissement de la Meuse par le 415e. La flèche rouge indique le passage du canal de la Meuse puis du fleuve lui-même. Les poilus ont dégagé une tête de pont (en bleu) face à trois Régiments allemands (en noir). Vrigne-Meuse se situe à l'Est, le long de la ligne de chemin de fer et de la route de la rive droite (Graph. JEA/DR).

Historique : Citation à l’ordre de la VIe Armée


- "Par un dernier et héroïque effort, jetant le 10 novembre ses bataillons sur la rive droite de la Meuse, sur une passerelle de fortune, battue par des mitrailleuses, a enlevé à deux Divisions de la Garde munies d'une puissante artillerie, les positions où elles se croyaient à l'abri de toute surprise.
A brisé leurs contre-attaques et imposé à l'ennemi même, étonné de ses propres pertes, le respect de tels soldats."

(s) Pétain,
Maréchal de France Commandant en Chef les Armées Françaises de l’Est.
30 décembre 1918.
(P. 11).

Historique : ÉTAT des Officiers et Hommes de Troupe du 415e Régiment d'Infanterie TUÉS A L'ENNEMI aux divers combats de 1914 à 1918

- "TRÉBUCHON Auguste, Soldat, date du décès : 10/11/18, Lieu du décès : Dom-le-Mesnil."
(P. 35).

Constats :

- 52 tués et 93 blessés selon cette version sans date. En 2008, Le Général Fauveau affirme que les pertes se montèrent en fait à 68 tués et 97 blessés. En un jour (le 10) et demi (le 11 novembre).
A en croire l'Historique, ces chiffres très lourds se justifieraient par les contre-offensives allemandes. Nulle part ne sont mentionnées la disproportion des forces et la nature du terrain. Les hommes du 415e ont été obligés de traverser à découvert le canal et la Meuse (sur une passerelle puis une écluse-barrage : voir photo en bas de page) avant de monter à l'assaut d'une rude colline où les attendaient non moins de trois Régiments d'élite (de la Garde).
- L'Historique évite de préciser le nombre de morts et de blessés pour le 11 novembre seul.
- Pétain, lui, affirme par contre que "l'ennemi" est "étonné de ses propres pertes" comme si celles-ci compensaient les sacrifices des derniers poilus tombés au front, comme si les Allemands avaient confié aux Français leurs états d'âme.
- Augustin Trébuchon figure au nombre des "morts pour la France" mais le 10 novembre et qui plus est, à Dom-le-Mesnil. Cette localité est située sur la rive gauche alors que par ailleurs, l'Historique et la Citation à l'ordre du jour signée Pétain, situent le 415e sur la rive droite qu'il a conquise au prix de son sang...
Ce mensonge est "grossier" au sens d'"incorrect".


Ministère de la Défense, SGA, Mémoire des hommes, Service de Santé en campagne, 415e R. I., JMO du 1er avril 1915 au 3 mars 1919 (Fac simile JEA/DR).

Des recherches sur le monument aux morts de 1914-1918 de ma commune ardennaise, ont confirmé l'intérêt de la consultation non seulement du JMO d'un Régiment mais encore du JMO de son Service de santé. A propos du 415 R. I., dans l'état forcément limité de mes connaissances, jamais cette source ne fut jusqu'à présent reprise comme référence ni évoquée. Or si le JMO du 415e R. I. reste "intouchable", celui de son Service de santé est consultable.
Il réserve une surprise de taille !

Journal des Marches et Opérations, Service de santé du 415e R. I. :

10 [novembre 1918]

- "Arrivée à 2h à Dom-le-Mesnil. Installation du P.S.C. sur la Grand-Route, à proximité de la piste de l’écluse ; les autres restent à 3 kil en arrière.
A 8h les 3 bataillons ont franchi la Meuse. La bataille est intense."

11

- "Le 10 et le 11, 47 blessés par E. O. et 96 par balles passent au P.S.C.
Le service marche.
Un P.S. avancé est à l’écluse.
Deux médecins sont en réserve à proximité du P.S.C. Le médecin chef dirige en personne les évacuations.
Les blessés ne séjournent pas plus de 3 minutes au P.S.C. grâce à cette organisation. La plupart sont évacués en auto deux heures après leur blessure.

Le 11 à 11 heures sonnerie de l’armistice.
Le dernier obus est tiré à 11h-5, à proximité du P.S.C., et tue un homme.

Les 10 et 11, le 415 a 47 tués sur la rive droite de la Meuse.

A 12h, le médecin chef avec des équipes de brancardiers va faire le tour des lignes pour ramasser les blessés et les morts."
(26N771/1).


Original : carte à la date 11 novembre 1918 sur le JMO du SSC.
Au Nord : la première ligne. Dos à la voie de chemin de fer, les trois Bataillons du 415e sont en contre-bas par rapport à trois Régiments allemands.

Au crayon rouge, est retracé le transport des blessés. Par-dessus le fleuve puis le canal. Un premier poste de secours est fixé à l'écluse du canal. Le poste de secours principal attend peu en arrière, à Dom-le-Mesnil. Après tri et premiers soins, des blessés sont évacués vers la route de Sapogne.
(Graph. JEA/DR).

Constats :

- 143 blessés en un jour et demi : 47 par éclats d'obus et 96 par balles. Ces précisions, dans un rapport de Service de Santé, les rendent fortement crédibles. Plus que les 93 blessés de l'Historique et que les 97 annoncés par "Le dernier combat..." du Gl Fauveau (mais a-t-il consulté le JMO du SSC ?).
- 47 tués pour les 10 et 11 novembre : 52 pour l'Historique et 68 selon les estimations du Gl Fauveau. Par contre les morts dénombrés par le Service de Santé ne peuvent être qu'avec certitude ceux de la rive gauche de la Meuse (blessés trépassant, victimes des obus...). Les cadavres des poilus tombés sur la rive droite ne commenceront à être relevés que le 11 novembre à partir de 12h. Puis les recherches continueront le lendemain et ces cadavres-là  ne sont forcément pas comptabilisées au nombre de 47 du JMO...
- Le JMO de la 163e D notait la fin des tirs allemands le 11 novembre vers 10h30. L'Historique cite 11h. Les historiens répètent qu'Augustin Trébuchon perdit la vie vers 10h50 (croix rouge du plan). Le feu ne s'est donc éteint qu'à l'armistice.
Et encore. Ce JMO porte mention d'un ultime obus passé par-dessus la Meuse, tombé à 11h05 près du Poste de Secours principal et qui "tue un homme" (croix bleue du plan).
On se souviendra que le JMO de la 163e était rédigé loin du front. L'Historique du 415e R. I., des années après les faits. Tandis que le JMO du Service de santé fut écrit "à chaud" le 11 novembre même.
- Un Allemand mit consciencieusement en joue Augustin Trébuchon pour l'abattre dix minutes avant l'armistice. Un acte volontaire, cruel, féroce, sadique. Mais pas un "crime de guerre"...
Et alors que le clairon sonnait la fin de la guerre, se trouvèrent des artilleurs allemands pour envoyer un dernier obus, mortel. Un acte collectif de mauvais perdants, dépités et déjà revanchards ?
Mais quid du côté français ? Nous ignorons tout des ultimes coups de feu et obus tirés sur les Allemands...

En conclusion :


Augustin Trébuchon
: "Tué à 10 heures 50 d’une balle dans la tête alors qu’il était porteur d’un dernier message pour son capitaine."
Lieu : sur les hauteurs de Vrigne-Meuse, rive droite du fleuve.

X : "Le dernier obus est tiré à 11h-5, à proximité du P.S.C., et tue un homme."
Impossible de déterminer si celui qui perd ainsi la vie appartenait au Service de santé, est un blessé soigné sur place ou attendant une évacuation...
Lieu : Dom-le-Ménil, rive gauche, là où l'on tenta longtemps mais en vain de faire croire que tomba A. Trébuchon.

X a perdu la vie un quart d'heure après Augustin Trébuchon !!! Un constat respectueux, ne s'inscrivant nullement dans une compétition aussi dérisoire qu'indécente pour un "titre" de dernier mort.

Néanmoins, ceci n'est pas une hypothèse. Mais le résultat de la lecture critique des documents militaires seuls, lecture à laquelle vous venez d'être associé(e)s.
Un travail de mémoire élémentaire imposerait de rendre à X son identité, son histoire. Pour ce faire, il suffirait de dépouiller toutes les fiches individuelles de soldats "morts pour la France" à Dom-le-Mesnil, le 11 novembre aux environs de 11h05...
Mais voilà ! Pour rappel, ces fiches ont été "trafiquées".

Jean-Bernard Lahausse et Romain Sertelet :

- "La mémoire du dernier mort français de la Grande Guerre est intimement liée à celle des combats de Vrigne-Meuse. Or ces derniers ont volontairement été oubliés au lendemain de la guerre. En effet, la mort de centaines d’hommes dans une offensive mal préparée et n’ayant qu’un but politique embarrassait le commandement. Pour éviter toute polémique, la date de décès des victimes du 11 novembre est d’ailleurs antidatée au 10 novembre."
(Verdun-Meuse.fr, octobre 2012).

Le sac de noeuds des mensonges officiels n'en devient que plus inextricable. Voilà un sujet de thèse pour jeune historien(ne) estimant que la vérité n'a pas à être altérée par des manoeuvres visant à camoufler une tache sur les opérations des 10 et 11 novembre 1918 sur le front de la Meuse.

Joseph Bialot :

- "Après la guerre, le plus facile consiste à déblayer les ruines et à reconstruire les villes, mais les humains aux âmes détruites, on les rebâtit comment ? Leur histoire s’écrit-elle en latin, en sanscrit, en hébreu, en farsi ? Avec quelle « casse » recompose-t-on le texte d’une vie disparue ?"
(La station St-Martin est fermée au public, Fayard, 2004, 168 p.) (6).


JMO du Service de santé du 415e R. I. à la date du 11 novembre 1918 (7) :
- "Le dernier obus est tiré à 11h- 5, à proximité du P. S. C., et tue un homme." (Fac simile JEA/DR).

NOTES

(1) Plagiats répondant à l'une des définitions de l'UCL : "Insérer dans un travail des images, des graphiques, des données, etc. provenant de sources externes sans indiquer la provenance."
Plagiat (durée : un mois) le plus inattendu : sur un site historique subventionné. Le plus folklorique (durée : deux années) : sur un site de Tourisme en Ardennes de France.

(2) L'aïeul du Général Alain Fauveau, Charles de Menditte, commandait l’un des trois bataillons du 415e à Vrigne-Meuse.
Lire : Alain Fauveau, Le vagabond de la Grande Guerre, Geste éditions, 2008, 305 p.

(3) Le Casoar : Revue publiée par la Saint-Cyrienne, avril 2008.

(4) Définition des JMO par "Mémoire des hommes" :
- "Dépourvus de tout commentaire ou appréciation personnelle, en conformité avec l'instruction du 5 décembre 1874 qui les a institués, les JMO devaient servir à la rédaction d'un historique d'ensemble, destiné à maintenir la valeur morale de l'armée. Ils n'en restent pas moins, malgré leur rigueur administrative et leur sécheresse parfois, une source irremplaçable sur la vie et la mort de millions de Français. Une certaine uniformité est visible dans la présentation des journaux, car les cahiers ont souvent un format identique, avec la date portée dans la marge gauche. Quelques cahiers percés d'une balle ou d'un éclat sont là pour rappeler que les journaux étaient rédigés sur le vif et en première ligne, quand ils ne l'étaient pas dans le secret des états-majors. La tenue des JMO, confiée à des officiers qui pouvaient en déléguer la rédaction à des sous-officiers, était en effet prescrite aux états-majors aussi bien qu'aux corps de troupes. Revêtu d'un caractère officiel, répondant à une démarche d'authentification des faits et notamment des actions d'éclat, le journal de marches constitue, en un sobre condensé des événements, un récit aussi objectif et précis que possible des combats."

(5) Le Gl Fauveau interroge :
- "Pourquoi le JMO officiel du régiment a disparu ?" (Marianne, 12 novembre 2012, l'article de J-D Merchet actualisé 3).

(6) Présentation de l'Editeur :
- "A la fin de la Seconde Guerre mondiale, un jeune homme agonisant est ramassé par des soldats américains sur une route allemande parsemée de cadavres. Surnommé Alex, il a tout oublié de l'enfer qu'il a traversé. jusqu'à son propre nom. La seule identité qui lui reste, c'est un matricule tatoué sur l'avant-bras gauche. Auschwitz. Soigné par des médecins militaires français, il réapprend à vivre et découvre l'amour avec son infirmière. Lentement, reviennent par bribes les images de son passé : l'arrestation, la détention au camp de Gurs, dans les Pyrénées, et sa déportation. Au gré de son errance dans un Paris qui, comme lui, veut panser les plaies de la guerre, les éléments épars de son existence reprennent chair. Un nom frappe sa mémoire, celui d'une station de métro, disparue au moment de la mobilisation générale. La retrouver, c'est renouer les fils d'une mémoire occultée, refaire le chemin qui mène jusqu'à soi-même."

(7) Ce fac simile est reproduit par Jean-Dominique Merchet sur son blog Secret défense -  Marianne - où il évoque la présente page et sa question finale : Augustin Trébuchon est-il vraiment le dernier mort sur le front de la Meuse, le 11 novembre 1918 ?


Le barrage sur la Meuse que les hommes du 415e R. I. franchirent, un à un, pour prendre la rive droite du fleuve (Ph. JEA/DR).


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jeudi 8 novembre 2012

P. 196. Mona Ozouf et Jane Austen


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Mona Ozouf,
La cause des livres,

Gallimard, 2011, 547 p.


Mona Ozouf


- "J'ai réuni dans ce livre des articles que, pendant quarante ans, j'ai donnés au Nouvel Observateur. Une actualité littéraire fantasque les a souvent inspirés, les figures imposées du journal en ont toujours dicté la forme : c'est une brocante où le hasard semble avoir plus à dire que la nécessité. Et pourtant, cette promenade buissonnière à travers les livres dessine peu à peu un itinéraire familier. On retrouvera ici les aveux du roman, les mots des femmes, l'ombre portée de la Révolution sur les passions françaises, et un tableau de la France et des Français où l'on voit une diversité obstinée tenir tête à la souveraine unité de la nation. Ces rencontres d'occasion avec les œuvres et les figures du passé me renvoient donc à mes goûts et à mes attaches. Je n'ai pas de peine à reconnaître en elles des voix amicales et des présences consolantes. Mais j'y vois aussi surgir l'événement intempestif, la rencontre inattendue, la surprise des sentiments. La littérature et l'histoire, sur la chaîne usée des destinées humaines, n'ont jamais fini de broder les motifs inépuisables de la complexité. Telle est la cause des livres."
(4e de couverture).

Antoine de Baecque

- "Mona Ozouf (…) démontre sa sensibilité aux écrivains, son goût sûr pour les mémoires et les correspondances, son art du portrait, qu'il soit celui de femmes ou d'amis historiens. Surtout brille un style qui n'a que peu d'égaux dans la littérature française actuelle."
(Le Monde, 24 novembre 2011).

Grégoire Leménager


- "C'est la boutique idéale pour découvrir les secrets de Voltaire, Henry James ou Flaubert, cet « anachorète enchaîné à l'écriture »; comprendre ce que les femmes doivent à George Sand et à Mme de Staël ; entrevoir ce que peut cacher le séduisant « mépris de la politique» affiché par les écrivains de droite ; saisir, chez ceux qui lui ont survécu, comment la Révolution a « assassiné le cours paisible du temps ».
Il n'est pas étonnant que l'auteur des « Aveux du roman » tienne Jean Starobinski et Paul Bénichou pour des maîtres; comme eux, elle sait qu'il n'est pas toujours superflu de considérer un texte dans son contexte, et que la lecture tourne en rond quand elle prend la littérature pour un jeu de construction formelle.
Mais elle sait surtout, à travers des images toujours fines et pénétrantes, faire de l'érudition le plus agréable des commerces. Plaire et instruire, sans laisser voir que chaque article est bâti avec la rigueur d'une leçon d'agrégation, c'est la suprême élégance de Mona Ozouf."
(Le Nouvel Observateur, 13 octobre 2011).

Marc Riglet

- "Mona Ozouf, née en 1931, est fille d'instituteurs bretons. De son père, militant de la cause bretonne, elle tire sa sensibilité aux sentiments d'appartenance aux "petites patries". De son éducation républicaine, elle retient les valeurs de l'excellence scolaire. Normalienne, agrégée, elle se distingue par ses travaux sur la Révolution, la République et son école, les femmes de lettres et, aussi, sur les liens qui s'établissent entre la littérature et l'histoire. Chroniqueuse littéraire au Nouvel Observateur depuis près d'un demi-siècle, servie par une écriture d'une rare élégance, elle aura jeté sur les travaux de ses pairs un regard bienveillant mais justement critique."
(Lire, 21 novembre 2011).


(Mont. JEA/DR).

Chronique littéraire de Mona Ozouf : "Une vieille fille indigne"
consacrée à deux publications :
- Claire Tomalin, Jane Austen, passions discrètes, Autrement, 2000
et
- Jane Austen, Oeuvres romanesques complètes, t. 1, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2000
(Le Nouvel Observateur, 9 novembre 2000).


Le décor des romans de Jane Austen

- "Le ciel était bas, il pleuvait beaucoup. Autour des presbytères de campagne, les chemins étaient de fondrières, il fallait attendre le gel pour chausser les galoches, et tenter dans le collines des marches héroïques, vite interrompues par la bourrasque. Les demoiselles de la gentry restaient le front aux vitres, levant leur rideau de dentelle sur une pluie définitive, guettant la chaise de poste, l'invitation à un goûter, la visite porteuse des potins du village : une maison de campagne s'ouvre à un nouveau locataire; on annonce le passage d'un régiment; parfois une jeune folle s'enfuit au bras d'un galant vers l'Ecosse complaisante aux mariages clandestins, et c'est pour des semaines la promesse de délicieux commérages."
(P. 285).

Un génie féminin persécuté ?


- "Notre époque adore les victimes. Les biographes de Jane n'ont eu que trop d'inclinaison à voir en elle une génie féminin persécuté. (...)
On trouvera plus de justesse dans la méticuleuse biographie de Claire Tomalin. Grâce à elle, nous savons que le presbytère de Selborne n'était pas une résidence maussade pour la petite Jane : sept frères, une soeur, une ribambelle de cousins avec qui s'ébattre. De plus, tout le monde écrivait dans la famille Austen : le père, des sermons; la mère, des élégies; les frères, des essais pour les journaux d'Oxford; tous, des pièces de théâtre qu'on jouait en famille. La bibliothèque paternelle était libéralement ouverte aux filles comme aux garçons, romans compris. Et quand Jane se mit à écrire, loin de devoir cacher ses "histoires", elle les lisait le soir accotée à la cheminée, les dédiait à un frère, les faisait illustrer par sa soeur. Son père s'ingénia à lui trouver un éditeur, toute la famille tira orgueil de son talent. Etrange victime donc."
(PP. 285-286).

Un portrait de Jane Austen ?


- "Assez belle, avec des joues un peu pleines", dit l'un des témoins, ce qui donne peu à rêver. Au gré des observateurs, Jane était tantôt timide, tantôt intimidante, tantôt fantasque, tantôt raide. Tantôt sensible et tantôt, aux yeux de Charlotte Brontë, "absolument imperméable à la passion". Insaisissable donc : sa nouvelle biographie respecte cette évanescence en renonçant au portait en pied. Au lecteur de rassembler les indices."
(P. 286).


(Mont. JEA/DR).

Les héroïnes de Jane Austen ?


- "Elles ne sont guère plaintives, ces demoiselles. Et, circonstances aggravantes pour notre temps, fort peu révoltées. Marianne, Catherine, Elinor, Elisabeth vivent indifférentes à l'histoire, dans une époque pourtant fertile en révolutions (...). Elles ne songent pas davantage à contester l'ordre établi, même s'il est loin d'être tendre aux jeunes filles (...). Le mariage est la clé de leur destinée, mais l'argent est la clé du mariage.
(P. 287).

- "L'univers de Jane est impitoyablement rincé de tout romanesque, et pourtant cette lectrice de Rousseau n'a pas renoncé au romantisme de l'amour partagé. Elle confie à ses plus séduisantes héroïnes, comme l'Elisabeth d'Orgueil et préjugés, le soin de montrer comment on peut intelligemment interpréter la partition obligée de la chasse au mari."
(P. 288).

- "Ses héroïnes s'évertuent à passer des compromis honorables entre "Sensibility" et "Sense" (traduit ici, de façon un brin trop pascalienne à mon goût, par Le Coeur et la Raison). Elles cherchent, sans jamais crierà l'injustice du monde et des hommes, à tenir un compte équitable des heurs et des malheurs que leur réservait la destinée. Et c'est cette lucidité dénuée de ressentiment qui nous les fait aimer, elles et Miss Austen, leur mentor ironique."
(P. 289).

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lundi 5 novembre 2012

P. 195. "Une famille respectable", le film


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Quand son ire rend le cinéma encore plus irremplaçable... (DR).

Synopsis


- "Arash est un universitaire iranien qui vit en Occident. Il retourne donner des cours à Chiraz où vit sa mère, loin de Téhéran. Entraîné dans un tourbillon d’intrigues familiales et financières, il replonge dans un pays dont il ne possède plus les codes. A la mort de son père, découvrant ce qu’est devenue sa "famille respectable", il est contraint de faire des choix."

Massoud Bakhsi


- "J’ai été influencé et inspiré par les films de Jean-Pierre Melville ou par ceux de la Nouvelle Vague. L’intrigue qui guide le trajet d’Arash, mon personnage principal, est un dévoilement progressif de secrets et de complots. Une autre ligne de récit me vient du cinéma de "drame familial", et surtout des néoréalistes italiens. La famille est le lieu du drame."

Serge Kaganski

- "L’Iran, terre de cinéma féconde."
(les inRocks, 30 octobre 2012).

Guillaume Loison


- "Pour son premier long-métrage de fiction, le jeune réalisateur Massoud Bakhshi frappe fort : d’images quasi volées de bastonnades en pleine rue en tableaux cauchemardesques d’une caste d’oligarques cyniques, le film perce avec ardeur les tabous d’un pays sous éteignoir, tissant un remarquable polar existentiel, entre Marco Bellocchio et Francesco Rosi."
(CinéObs, 30 octobre 2012).

Olivier De Bruyn

- "Le cinéma iranien n’en finit pas décidément de révéler de nouveaux metteurs en scène passionnants et critiques. Avec « Une famille respectable », découvert en mai dernier au Festival de Cannes (Quinzaine des réalisateurs), Massoud Bakhshi, à l’instar de ses confrères Jafar Panahi et Mohammad Rasoulof, signe une fiction qui n’a aucune chance de plaire aux autorités locales. Un film qui relève à la fois du cinéma de genre (le genre thriller paranoïaque) et du réalisme le plus pointilleux, ce qui n’étonne guère quand l’on connaît le pedigree créatif de Massoud Bakhshi, connu jusqu’alors pour ses documentaires."
(Rue 89, 29 octobre 2012).


L'affiche pour la Quinzaine des réalisateurs à Cannes (DR).

Louis Danvers

- "Le courage des cinéastes iraniens, comme celui des étudiants qui osent défier la terreur du système, n'a de pareil nulle part dans le monde. Massoud Bakhshi est de la trempe de Jafar Panahi, de cette intelligence persane qui ne supporte plus le joug abrutissant d'une théocratie islamique aussi rétrograde qu'oppressante. Le héros de son film, Arash, exerce à l'étranger son métier de professeur au niveau universitaire. Invité à revenir dans son pays natal pour y enseigner durant un semestre, il s'y verra confronté à plusieurs menaces. Celles d'autorités promptes à interdire la diffusion de ses travaux, même parmi ses étudiants, et pour lesquelles les réunions de poésie auxquelles il convie certains élèves ne peuvent qu'être suspectes. Des autorités qui lui refusent par ailleurs les documents nécessaires à sa sortie du pays... Mais Arash verra aussi de mauvaises surprises venir de son environnement familial, une question d'héritage éveillant dans la bourgeoisie affairiste de Téhéran des convoitises faisant fi de tout scrupule moral. D'un côté (le pouvoir politique et académique) une pose morale intégriste, de l'autre (la classe aisée) une absence de morale assumée. Le héros est pris entre deux feux, dans un scénario que n'aurait pas renié Kafka."
(Le Vif, 30 octobre 2012).

Pierre Murat

- "Apparemment, c'est donc un thriller familial : des monstres s'y trahissent avec allégresse, s'y entre-dévorent pour préserver leur pouvoir. Mais ils permettent au réalisateur, dont c'est le premier film, de dissimuler un propos plus ambitieux, une dénonciation plus audacieuse. Ils reflètent, évidemment — ces monstres —, l'âme de tout un pays. Cet Iran sans foi ni loi, où tout s'achète et se vend, même les « martyrs » de la lointaine guerre contre l'Irak. Cet Iran où les femmes ne peuvent survivre que dans le renoncement ou la folie — femmes à la pureté intacte, inébranlable, à qui le réalisateur rend le plus courageux des hommages. Cet Iran où la peur est constante : chaque fois qu'il se trouve dans les rues, Arash voit des flics tenter de se frayer un passage, toutes sirènes hurlantes, ou des voitures s'encastrer les unes dans les autres, signes évidents d'une hystérie généralisée. Et quand il se rend chez son demi-frère, il se retrouve soudain enfermé, prisonnier : superbe séquence où il se cogne, telle une proie affolée, à des portes et des fenêtres hermétiquement closes. Ici et ailleurs — partout —, le danger rôde..."
(Télérama, 31 octobre 2012).

Noémie Luciani

- "Film de mafia, métaphore sociale, Une famille respectable se lit comme mythe contemporain. A l'image des grandes dynasties antiques, il pose la faute d'un homme faisant peser le poids d'une malédiction sur les générations suivantes. Ici, c'est la fracture de la cellule familiale - le père d'Arash faisant un enfant à une autre femme - qui scinde toute la descendance en deux branches maudites. D'un côté, les victimes (Arash et son frère martyr), de l'autre les bourreaux (Jafar, le fils illégitime, et son fils Hamed). Comme le héros persan dont il tire son nom, comme Œdipe ou Oreste, Arash refuse de se soumettre au destin qu'on lui impose. Ce destin, cependant, n'est plus le témoignage des inquiétudes originelles du monde, mais celui de son évolution à contresens de toute mystique.
L'ultime refuge, le dernier repère d'Arash qui vaille, ce sont les femmes qui l'entourent. Bien avant qu'il puisse voir le piège, elles le devinent. Elles se battent encore pour ce que les hommes semblent avoir renoncé à défendre : l'intégrité, le respect de l'autre, la famille. Désireux de montrer qu'il ne s'agit guère de broder autour d'une féminité archétypale, c'est aux femmes de son pays que Massoud Bakhshi dédie son film."
(Le Monde, 30 octobre 2012).


David Fontaine : "L'Iranienne serait-elle l'avenir de l'Iran ?" (Le Canard enchaîné, 31 octobre 2012).

Massoud

- "Mon pays est jeune – le second plus jeune dans le monde – et les femmes, les étudiantes notamment, portent sur notre société un regard lucide. Elles savent combien certaines valeurs et plus généralement la morale – une morale qui n’a rien à voir avec la religion – sont essentielles. Elles sont l’avenir, comme le sont les cinéastes qui, aujourd’hui, croient fermement que notre pays mérite d’être raconté."
(Rue 89, 29 octobre 2012).

Gérard Lefort


- "De Chiraz à Téhéran (principaux décors du film), ce ne sont qu’images grises, plans troubles et impression générale d’une vie quotidienne salopée, où la corruption semble l’oxygène ambiant, et la violence urbaine, la routine (nombreuses scènes de vols à la tire, d’échauffourées, d’altercations brutales).
Electrochocs. Les femmes, quand elles ne se prennent pas une beigne, voire des électrochocs, pour calmer leur «dérèglement», sont condamnées au courage (comme la Mère du même acabit) ou à la folie douce, telle une tante d’Arash, toute en tchador noir et gants de ménages jaunes, qui passe ses nuits à désinfecter sa cuisine."
(Libération, 30 octobre 2012).

Edwige de Montalembert

- "Film autour de la corruption, maîtresse de l’intrigue, le film traite aussi de la religion et de la culpabilité. Mais Une famille respectable est également un film sur la mémoire. Cette mémoire d’un pays qui a connu huit ans de guerre avec l’Irak est au cœur du personnage d’Arash. Le spectateur est surpris dans le fil de l’histoire du film par des images d’archives de la guerre Iran-Irak qui donnent au héros une épaisseur et nous rappelle à la réalité du pays. Entre son attachement culturel lié à sa mémoire et la sombre manipulation dans laquelle il est piégé, le héros doit faire un choix : partir ou rester en Iran.
(toutelaculture.com, 27 octobre 2012).

Utopia Bordeaux


- "Une (…) force du film est la place qu’il réserve aux femmes. Alors que les hommes sont souvent des lâches, des salauds ou des victimes plus ou moins résignées, les femmes sont là et bien là, figures de la résistance : la mère d’Arash, bloc de dignité et de ténacité que l’argent ne peut corrompre, Zoreh, qui s’est réfugiée dans la piété pour refuser d’être complice de l’avidité et de la duplicité de ses proches, et même la jeune Hoda, nièce d’Arash, qui représente le pendant positif d’Hamed, une jeunesse qui aspire à la vie et à l’ouverture. Et c’est bien vers cette ouverture que se tourne peu à peu Arash, et le film, parti pour être sombre, devient au final porteur d’un bel espoir…"



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jeudi 1 novembre 2012

P. 194. "Ein deutsches Requiem" de Johannes Brahms : Malonne, les 17 et 18 novembre


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Brahms et la partition de son Requiem (Mont. JEA/DR).

Edith Weber

- "Johannes Brahms, musicien protestant, allie, dans le contexte du 19e siècle, tradition et modernité. Il apparaît aussi comme un humaniste tendant vers l’universalité, comme un croyant libéral à la recherche d’intériorité, enfin comme un penseur qui a réussi à faire passer son message spirituel. Ses œuvres traduisent les drames de l’existence, la résignation, mais aussi la consolation et l’espérance. Il est un romantique d’inspiration évangélique et selon la formule de Matthias Claudius, l’auteur bien connu des chorals, il symbolise « la réconciliation de l’ordre savant et de la spontanéité populaire. »"
(Professeur émérite à la Sorbonne).

Ein deutsches Requiem

- "En 1863, le compositeur espérait être nommé à la direction de la Société Philharmonique de Hambourg, sa ville natale, mais il n’obtint pas le poste. La mère de Brahms meurt en février 1865. Plusieurs relations amoureuses avec des jeunes filles sont vouées à l’échec. Toutes ces déceptions et ces deuils intimes vécus durant cette période ont affecté son moral. Il vient de s’installer à Vienne et trouve le moment propice à reprendre son projet d’un Requiem dont il avait déjà écrit quelques mouvements.
Ce ne sera pas un Requiem liturgique, composé à partir des chants en latin de la messe des défunts, mais un Requiem composé à partir des saintes Écritures, notamment de la traduction en allemand de la Bible. Les six mouvements alors existants furent joués à la cathédrale de Brême pour le Vendredi Saint 1868 avec Brahms en chef d’orchestre et Julius Stockhausen en soliste baryton. Le septième fut créé à Leipzig le 18 février 1869 par Carl Reinecke et l’orchestre du Gewandhaus de Leipzig."
(Centre Polyphonique du Pays de Gex).

Gil Pressnitzer

- "Brahms n'a rien à voir avec cette Mort Baroque et superbe contre laquelle lutte l'homme dans sa terreur sacrée du jugement. La mort ne vient pas, elle est déjà là, tapie en nous, c'est elle qui « ose soudain rire en nous quand nous nous croyons au milieu de la vie » ( Rilke).
Dans cette conception, il n'y a pas de combat, de fuite dans l'amour - et Brahms n'était pas porté vers l'amour mais vers la charité -, aussi la mort devient quasiment douce et fraternelle et l'angoisse ne peut se résoudre que dans une sorte de consolation maternelle comme une voix de soprano séchant toutes les larmes et apaisant l'enfant affolé que nous ne cessons d'être."
(Esprits Nomades).


Ein deutsches Requiem, Un requiem allemand, Op. 45 de Johannes Brahms, composé de 1865 à 1868.

Invitation pour le samedi 17 novembre à 20h
et le dimanche 18 novembre à 17h
en la Chapelle de l'Abbaye Saint-Berthuin à Malonne


Interprétation : Orchestre Aria
et les Compagnons du Champeau

Présentation des Compagnons du Champeau


- "Empruntant son nom à une confrérie musicale du Moyen-Age ayant effectivement existé à Namur et rappelant une section de la colline sur laquelle se dresse la Citadelle, le chœur "Les Compagnons du Champeau" fut fondé en 1959 par Emmanuel Poiré, fondateur également du Centre de Chant Choral de la Communauté Française de Belgique.

Il s’est produit depuis de nombreuses années, à l’étranger (France, Espagne, Luxembourg) lors de manifestations comme Europa Cantat, Europalia España, les Rencontres Internationales de Chorales francophones, … mais principalement dans sa ville natale, Namur, en la magnifique église Saint-Loup.

Depuis 1989, le chœur est dirigé par Bernard Coulon.

Sous sa direction, il a produit de nombreux concerts, avec orchestre et solistes, mais également a capella.

La liste détaillée de tous les concerts produits depuis 1989 est reprise sur son site.

En mai 2009, le choeur "Les Compagnons du Champeau" a fêté son cinquantième anniversaire, recevant ainsi l'appellation "choeur royal".
A cette occasion, le programme fut à la hauteur des festivités avec des œuvres de Schütz, Monteverdi, Haendel et Bach, dont le Dixit Dominus de Haendel et le Magnificat de JS BACH.

Le chœur « Les Compagnons du Champeau » est actuellement composé d'une cinquantaine de choristes, tous plus motivés les uns que les autres à participer aux répétitions hebdomadaires et à produire des concerts visant sans cesse à une qualité plus grande."


Les versions de Bernard Haiting et de Philippe Herreweghe (Mont. JEA/DR).

Essai de traduction du livret original


I
Bienheureux ceux qui souffrent car ils seront consolés (Matthieu, V, 4)
Ceux qui sèment dans les larmes moissonneront dans la joie.
Ils s'en vont en pleurant et emportent la noble semence.
Ils s'en retournent dans la joie et rapportent les gerbes de leur moisson.
(Psaume CXXVI, 5, 6)

II
Car toute chair est comme l'herbe,
et toute la gloire de l'homme est comme la fleur de l'herbe,
L'herbe sèche et la fleur tombe.
(I Pierre I, 24)

Prenez donc patience, mes chers frères, jusqu'à l'avènement du Seigneur.
Voyez, un laboureur attend le précieux fruit de la terre
et prend patience jusqu'à ce qu'il reçoive la pluie du matin et la pluie du soir.
(Jacques, V, 7)

Mais la parole du Seigneur demeure éternellement.
(I Pierre 1 25)

Ceux que l'Éternel aura rachetés reviendront à Sion
avec des chants de triomphe.
Une joie éternelle sera sur leur tête : joie et allégresse s'empareront d'eux; douleur et gémissements devront s'enfuir.
(Isaie XXXV,10)

III

Seigneur, fais-moi savoir que mon existence doit avoir une fin,
que ma vie a un terme et que je dois partir d'ici-bas.
Vois, mes jours sont de la largeur d'une main face à toi,
et ma vie est devant toi comme un rien.
Ah, tous les hommes, pourtant si sûrs d'eux, ne sont que néant.
Ils marchent comme des ombres et s'agitent en vain ;
ils amassent des biens et ne savent pas qui les recueillera.
Seigneur, que dois-je attendre ?
Mon espérance est en toi.
(Psaume XXXIX 5, 6, 7, 8)

Les âmes justes sont dans la main de Dieu,
et nul tourment ne les atteint.
(Livre de la Sagesse III, 1)

IV
Que tes demeures sont aimables, Seigneur des armées !
Mon âme soupire et languit après les parvis du Seigneur;
mon corps et mon âme se réjouissent dans le Dieu vivant.
Heureux ceux qui habitent dans ta maison !
Ils te louent sans cesse.
(Psaume LXXXIV, 2, 3, 5)

V
Vous êtes maintenant dans la tristesse,
mais je vous reverrai et votre coeur se réjouira
et personne ne vous ravira votre joie.
(Jean XVI, 22)

Voyez : pendant peu de temps la peine et le travail ont été mon lot,
et j'ai trouvé une grande consolation.
(Ecclésiastique LI, 35)

Je vous consolerai comme une mère console son enfant.
(Isaïe LXVI, 13)

VI
Car ici-bas nous n'avons pas de cité permanente,
mais nous cherchons celle qui est à venir.
(Hébreux, XIII, 14)

Voyez, je vous dis un mystère :
nous ne mourrons pas tous,
mais nous serons tous changés,
en un moment,
en un clin d'oeil,
au son de la dernière trompette.
Car la trompette sonnera et
les morts ressusciteront incorruptibles
et nous serons changés.
Alors cette parole de l'Écriture sera accomplie :
« La mort est engloutie dans la victoire ».
0 mort ! Où est ton aiguillon?
0 enfer ! Où est ta victoire?
(I Corinthiens XV, 51 à 55)

Seigneur, tu es digne de recevoir la gloire, l'honneur et la puissance
car tu as créé toutes choses,
et c'est par toi qu'elles ont été créées.
(Apocalypse, IV, II)

VII
Heureux dès à présent les morts qui meurent dans le Seigneur!
Oui, dit l'Esprit, ils se reposent de leurs travaux
car leurs œuvres les suivent.
(Apocalypse, XIV, 13).



Version du New Philarmonia Orchestra dirigé par Lorin Maazel.

NB : Dédicataire de cette page, Albert Macours grâce à qui Latin et Grec ne sont des langues mortes que pour les fossoyeurs de l'humanisme...