MO(T)SAIQUES 2

"Et vers midi
Des gens se réjouiront d'être réunis là
Qui ne se seront jamais connus et qui ne savent
Les uns des autres que ceci : qu'il faudra s'habiller
Comme pour une fête et aller dans la nuit ..."

Milosz

jeudi 25 juillet 2013

P. 251 : Romain Rolland et son "Journal de Vézelay" en date du 25 juillet 1940.



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Romain Rolland,
Journal de Vézelay, 1938 - 1944,
Bartillat, 2013, 1182 p.


4e de couverture

- "En juin 1938, Romain Rolland et sa femme Marie quittent la Suisse et s'installent en France, à Vézelay, où ils passeront toutes les années d'Occupation. Le grand pacifiste de 1914, "au-dessus de la mêlée", l'homme épris de culture et de musique (auteur de biographies de Michel-Ange, de Beethoven ou de Tolstoï), l'immense romancier (le roman-fleuve Jean-Christophe, qui fut un triomphe, mais aussi Colas Breugnon et L'Ame enchantée), l'éveilleur qui fit découvrir les spiritualités indiennes à l'Occident (Vivekananda, Ramakhrishna, Gandhi...) retrouve sa région d'origine. Lui qui fut un grand germanophile et un compagnon de route du Front populaire doit faire face à l'Occupation allemande et au régime de Vichy. Il n'en continue pas moins à tenir son journal, dont est publiée intégralement, dans ce volume, la partie correspondant aux années de Vézelay, de 1938 à 1944. Il s'agit du témoignage exceptionnel d'un écrivain au quotidien dans un village français pendant les années sombres. Au jour le jour, il note les faits marquants de la guerre et suit la vie à Paris, où il se rendra plusieurs fois. Le 30 décembre 1944, il s'éteint. Pendant ces années, la grande conscience que fut Rolland, lucide jusqu'à la fin, continue à s'interroger, nourrit un dialogue avec Claudel, reçoit Eluard et Le Corbusier, écrit une somme sur Charles Péguy, renoue avec des amitiés anciennes. Ce livre constitue un événement."

Florent Georgesco


- "Voici que paraît ce monumental Journal de Vézelay 1938-1944, entièrement inédit, livre d'une telle richesse, et si poignant dans sa profonde rectitude, que nul, en l'ouvrant, ne résistera au plaisir de se laisser à nouveau hanter par un grand homme d'autrefois.
Ce que l'on avait d'abord oublié, c'est à quel point ce fantôme fut glorieux. Prix Nobel 1915, passionnément lu sur tous les continents, correspondant de Freud, sujet d'une biographie de Stefan Zweig, proche de Gandhi, reçu par des chefs d'Etat, il était ce qu'on ne sait plus qu'un écrivain peut être : un pape laïc, un patron des âmes et des coeurs, un fétiche. Jean-Christophe, le cycle romanesque qui l'a imposé (1904-1912), a été un guide pour deux générations de jeunes gens ardents, qu'exaltait l'idéal de sagesse et de libération auquel il donnait une forme pour nous un peu surannée, mais alors impeccablement moderne. Il y a un génie de la coïncidence avec son temps. Romain Rolland le possédait au suprême. D'où son bonheur, et son malheur, tant il reste attaché à l'époque sur laquelle il régna (…).
En filigrane passe l'aventure d'un homme qui a voulu faire l'Histoire, et qui comprend que l'Histoire n'a plus rien à faire de lui. Trop serein. Trop civilisé. L'heure est aux brutes. Les Lumières s'éteignent.
Aussi, muré dans le silence de sa retraite de Vézelay, se transforme-t-il en pur témoin d'un monde à l'agonie. Non, certes, dans la position ronchonne de la belle âme retirée ; son souci de ne pas devenir "étranger au présent" ne faiblit pas. Il sait, lui qui ne peut plus agir, que le témoignage est une action projetée vers l'avenir, seul apport possible de la dignité humaine dans les époques d'indignité."
(Le Monde, 7 décembre 2012).

Philippe Lançon

- "Depuis le clocher de la «colline inspirée», 400 habitants, le Journal de Vézelay de Romain Rolland a pour premier mérite de restituer en détail une existence quotidienne pendant la guerre, cette atmosphère où chacun vit entre silence, pénurie, réquisitions, désespoir et corbeaux. C’est d’abord un formidable document. Essentiellement inédit, il va de 1938 à la mort de l’écrivain, le 30 décembre 1944. Jean Lacoste, traducteur de Goethe, l’a présenté et annoté avec un soin de dentellière (…).
Le modèle de Rolland pour décrire cette période est Commynes : au cœur d’un monde violent et agité, le chroniqueur du règne de Louis XI a su garder «son calme intact et son esprit d’objectivité. Voilà les vrais héros ! Ils n’ont jamais manqué en France. Je veux m’en inspirer»."
(Libération, 5 décembre 2012).


Vézelay, rue Saint-Etienne (Graph JEA/DR).

Hicham-Stéphane Afeissa

- "Las de la politique et malade, Romain Rolland s’est retiré de la vie publique, même s’il va continuer à recevoir avec chaleur les personnalités les plus diverses (Maurice Thorez, la reine Elisabeth de Belgique, Waldo Frank, Aragon, de simples militants, des prêtres, etc.). Le Journal de Vézelay n’est pas un journal de guerre, mais il n’est pas non plus – comme son titre pourrait le laisser croire, et que Jean Lacoste s’est résolu à choisir pour suggérer une unité de lieu (le Journal ayant été rédigé intégralement à Vézelay, en Bourgogne, où Romain Rolland avait acheté une maison avec sa femme), qui renforce le caractère dramatique et vivant de ce témoignage – une chronique locale, un autre "mon village à l’heure allemande". Le Journal fourmille de remarques littéraires, philosophiques, autobiographiques, à l’occasion des événements dont Romain Rolland tient la chronique, de sorte que, au final, il est peut-être moins question en ces pages de la Seconde Guerre mondiale, de Daladier, de Churchill et de Hitler que de Gide, de Stendhal, de Péguy, de Claudel, de Gandhi, de Beethoven, de son propre travail littéraire et philosophique, et des relations qu’il a pu entretenir avec les écrivains de son temps."
(nonfiction.fr, 19 juillet 2013).

JEA

- En 1939, Giono (qu'on nous a depuis conditionnés à regarder comme un doux pacifiste un peu innocent) décrète cruellement que Romain Rolland est déjà  "mort" !!! Tandis que des habitantes de Vézelay signent une pétition pour que le prix Nobel en soit chassé eu égard à ses écrits. D'ailleurs, une émeute de bourgeois électeurs de Charles Flandin - conseiller général du Canton - tentera de saccager la demeure des époux Rolland sur la colline inspirée. Ainsi va un balancier spectaculaire de l'Histoire : aujourd'hui, à Vézelay, des pubs récupèrent le nom de R. Rolland pour attirer les chalands alors qu'hier, le même intellectuel était (mal)traité en pestiféré.
Loin de ces étroits esprits, ce Journal sous apprend (ou du moins, m'apprend) qu'un soir de 1939, une frêle silhouette noire frappe à la porte des Rolland. C'est Elisabeth (1), veuve du roi Albert 1er. Retournant en Belgique, elle a vu en bord de nationale, une plaque routière indiquant : "Vézelay". La reine des Belges n'hésite pas. Elle décide d'un détour pour venir exprimer au prix Nobel toute son estime, son admiration aussi, échanger avec lui quelques pensées de haut vol.
Ce Journal n'est pas bavard. C'est le buvard précieux d'une époque qui s'étend de la montée des barbarismes jusqu'à la libération. Non sous la plume d'un fanatique ou d'un indifférent, d'un homme englué dans des compromis ou cherchant son nombril, d'un manipulateur ou d'un encenseur mais d'un Humaniste.
Seul regret : le volume est... volumineux et le brochage donne des sueurs froides !


Signature de Romain Rolland (Graph. JEA/DR).

Romain Rolland : Journal de Vézelay

1940

- "Jeudi 25 juillet.

- Pluie et brouillards. - La radio de Paris, odieuse, sanglante, aboie à mort contre les Juifs, et en particulier contre Blum. L'abominable ricanement du Ferdonnet (2). - Sombre avenir pour la France et pour le monde. La hache est dans l'arbre (...). Le soir, je joue l'adagio de l'op. 111 (3).
Nuit de pluies, très chaude. (4)

- Vendredi 26 juillet.

- Matin plus clair, mais toujours vent et pluie (...). Impression d'étouffement et d'emprisonnement pour tous (...).
Le soir, le rayon vert, magique flamboiement. (5)

- Samedi 27 juillet.

- Beau matin, frais, sous le voile brisé des brouillards et des nuages humides et brillants (...). Dijon pendant ces semaines critiques (...). Tous les possesseurs d'autos ou de véhicules de quelque sorte avaient filé, sans prévenir, ne se souciant pas de leurs devoirs, de leurs responsabilités, pas plus que de leurs amitiés - même quand ils auraient eu moyen d'emmener avec eux quelque ami. Nulle part ne s'est manifesté plus crûment l'ignoble et lâche égoïsme universel. Les autorités, les directeurs et directrices d'écoles, les services municipaux, les hôpitaux, tout s'est enfui. Le vent de la panique a soufflé même sur le maire, un Jardillier, dont on connaissait le coeur généreux et la vaillance... Il s'est sauvé pendant la nuit (...). La folie de peur a été si sauvage que ceux qui étaient chargés d'assurer la défense passive contre les attaques par avion, ont décampé en emportant les clefs des grands abris contre les bombes aménagés près de la gare de Dijon : en sorte que, quand les bombardements se sont produits, une population terrifiée s'écrasait aux portes fermées !(...) Les plus gros dégâts ont été commis par la pègre de Dijon, entre l'exode des habitants et l'arrivée des troupes allemandes. Pendant ces heures, boutiques brisées et pillées. On n'était pas rassuré, dans la nuit de silence où Dijon était livrée à ses pires éléments. - Après quelques jours, il y eu des mesures blessantes contre les Juifs. Mais la dignité de ceux qui ont su, comme Mme Bloc (6), revendiquer, contre l'offense, leur dignité de citoyens français, en a imposé, souvent. (7)

- Dimanche 28 juillet.

- Très beau temps. A l'aube, les brumes laiteuses sortent du creux des vallées, comme des coupes (...).
Au moment où les communications postales semblaient se rétablir, un nouveau coup nous frappe : interruption totale des relations entre France occupée et France non occupée... Pourquoi ? Pression sur gouvernement de Vichy, ou préparatifs d'expédition en Angleterre, qu'on veut tenir secrets ? - La France occupée est, d'une part divisée en cinq zones (8). - (Mais la nouvelle lancée par des feuilles allemandes pour soldats, d'après quelque publication de séparatiste breton, qu'un gouvernement de Bretagne indépendant venait d'être institué, est démentie - avec ménagement - par la Kommandantur allemande, à la radio). (9)

- Lundi 29 juillet.


- Temps admirable. Mer de nuages au soleil (...).
- A Clamecy, on s'est battu, le 16 juin. Un canon de 75 a été pointé sur la route d'Armes. L'ennemi a répondu. Une cinquantaine de morts et de blessés. Plusieurs obus lancés sur la ville, dont un a écorné une galerie de la jolie tour Saint-Martin. - Toutes les autorités (sous-préfet, maire, conseillers, gendarmerie, hôpitaux, etc) avaient filé. (On dirait partout un mot d'ordre de frousse !).
[Un] esprit nouveau d'égalité règne dans l'armée allemande, c'est une véritable révolution, une des plus étonnantes qui pût arriver dans ce pays et dans cette caste si fortement hiérarchisés. En dehors du service, - par exemple, dans une affluence à un magasin, l'officier prend modestement sa place à la queue, derrière le soldat, - même si les derniers venus risquent de n'être pas servis, faute de denrées. - Ils affichent aussi un égalitarisme presque bolchevik - ou même une hiérachie à rebours.
- Clamecy est comme si un vol de sauterelles avait passé. Il est impossible de s'y ravitailler, ni beurre, ni fromages, ni farine, ni légumes, etc." (10)


"Souvenir" de Vézelay (Ph. JEA/DR).

NOTES

(1) Non moins de 14 pages de ce Journal évoquent Elisabeth, reine de Belgique, veuve du Roi Albert. Elle n'est autre que "la mystérieuse dame avec chauffeur qui, à plusieurs reprises, avant et pendant la guerre, frappe à la porte de Romain Rolland à Vézelay" (P. 1135). Cette relation intellectuelle méconnue - mais qui remonte à 1914 -, appellerait une future page de ce blog, si l'avenir le permet.

(2) Paul Ferdonnet (1901-1945). Cet apologue du nazisme passa en Allemagne dès 1939 pour exercer ses talents de propagandiste en collaborant sur les ondes de Radio Stuttgart. Loin de l'aimable dilettante décrit par Wikipédia où l'on "oublie" de préciser que Ferdonnet, figure à la pointe de la guerre des ondes, signa aussi "La guerre juive", pamphlet dont voici les premières lignes :
- "Je vais vous parler d'une race maudite, de celle qui porte la haine du monde et qui trouve, dans l'horreur de la guerre, la joie sauvage de détruire la civilisation chrétienne. Oui ! Il y a des parasites qui se repaissent de leurs victimes. Il y a des étrangers qui sont des ennemis."
Symbole dès avant 1940, d'une trahison à outrance pour laquelle les nazis ne sont point des ennemis, il fut fusillé.

(3) L'Opus 111 de Beethoven et W. Kempff :
- "Lorsque les premières mesures de l'Arietta (Adagio molto semplice e cantabile) retentissent, il devient manifeste que Beethoven interprète ici, contrairement à ce qu'il fait dans le final de la Cinquième Symphonie, le passage du sombre ut mineur au lumineux ut majeur comme un dernier pas qui mène de ce monde-ci dans l'au-delà. Le changement s'accomplit en cinq variations, qui équivalent chacune à un pas de plus dans ces régions que nous ne pouvons que soupçonner. Puis lorsque le thème enfin accueilli dans l'harmonie des sphères nous guide et nous éclaire telle une étoile, nous comprenons que Beethoven, dont l'oreille ne percevait plus aucun son terrestre, a été élu pour nous "faire entendre l'inouï". (1965).

(4) P. 459.

(5) P. 460.

(6) Une amie dijonnaise de la soeur de Romain Rolland, sa "chère Madeleine".

(7) PP. 460 à 462.

(8) Une zone côtière où va se dresser le Mur de l'Atlantique. Une zone Nord rattachée au Haut commandement militaire de Bruxelles. Une zone militaire interdite réservée à des colonies agricoles (WOL) pour une partie N-E de l'Aisne et des Ardennes. L' Alsace annexée de même que la Lorraine.

(9) P. 463.

(10) PP 463 à 465.

Beethoven : Adagio molto semplice e cantabile de son op. 111. Au piano : Claudio Arrau.




NB : Mille fois hélas, aucune grande femme, aucun grand homme n'ont vécu à Cholet pour y décrire les trop longues années d'occupation. On imaginerait la valeur de leur journal-témoignage aujourd'hui :

- la lecture - Espace St-Louis à Cholet - d'extraits de ce journal, y compris ceux évoquant en temps réel la persécution des Tziganes
- entrée libre pour tous, à commencer pour les Bohémiens, Gitans et Roms
- devant le Maire actuel, Gilles Bourdouleix, qui ne pourrait fuir les questions de journalistes "merdeux"
- avec des passages rappelant Hitler et ses obsessions, ces dernières continuant à être entretenues, diffusées et instrumentalisées par des héritiers nostalgiques, enfants plus ou moins naturels et décomplexés...

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15 commentaires:

  1. Quel contraste entre l'homme et son temps : l'Humaniste, comme tu dis, dans toute sa densité, et l'infâme et abominable barbarie !
    J'aime le mot "rectitude" dans le journal Le Monde.

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    1. Joseph Biallot :
      - "Après la guerre, le plus facile consiste à déblayer les ruines et à reconstruire les villes, mais les humains aux âmes détruites, on les rebâtit comment ?"

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  2. Merci pour cette biographie et votre avis sur la question (ainsi que sur la forme même du livre).
    Les extraits qui collent au jour le jour sont d'autant plus poignants.
    Je vote "pour" la proposition de la note (1).

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    1. Tout travail de recherche sur les archives d'Elisabeth de Belgique, doit passer obligatoirement par le filtre du Palais royal, soit un historien officiellement de service, lequel étudie votre demande et tranche sans qu'il soit possible de faire appel. J'ai été placé dans cette situation. D'abord avoir retrouvé un échange inédit de lettres portant sur plusieurs mois en 44-45, missives relatives à des informations données à la reine par une proche et concernant les déportés juifs anversois vers un camp de travail forcé des Ardennes. Ensuite avoir recoupé dates, noms et lieux. Enfin, sur cette base, avoir demandé à pouvoir consulter les archives d'Elisabeth de Belgique. Avec pour toute réponse un "non" catégorique.
      Evidemment, le Journal de R. Rolland a été publié sans possibilité de freins encore moins de contrôle. D'où son intérêt pour tous les passages portant sur la reine. Notamment quand le prix Nobel décrit sans détours la reine comme étant de "gauche"...

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  3. La reine Elisabeth chez Romain Rolland : j'espère que vous pourrez nous en écrire davantage, malgré les difficultés que vous évoquez.
    (Sur la jeune Elisabeth, princesse héritière, avez-vous lu cette fiction de Francis Van de Woestyne dans La Libre ? http://www.lalibre.be/actu/belgique/le-21-juillet-2038-51ef4c4d35705d9341948af3 (premières lignes))

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    1. Extrait de la note biographique P. 1135 :
      - "Pendant la guerre, Elisabeth réside au château de Laeken; elle peut circuler en Belgique et dans l'Europe occupée, mais ses mouvements sont surveillés par les Allemands. Très sensible, artiste et musicienne (...) elle n'oublie pas ce que Romain Rolland a écrit en 14 sur le roi des Belges. En outre, elle ne cache pas ses sympathies pour la gauche. Aussi a-t-elle accordé son patronage à l'Association des Amis de Romain Rolland quand elle fut créée par Marie [épouse de l'écrivain]."
      Encore merci pour le lien.

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  4. Comme toujours un billet intéressant et qui nous apprend beaucoup de choses

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    1. simple démarche : ouvrir un blog le 25 juillet 2013 et se retrouver à la même date en 1940...

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  5. retrouver ici Vézelay, Romain Rolland, son piano et la vue sur la campagne bourguignonne (promenade en juin) et surtout le souvenir de lectures d'enfant : Jean-Christophe.

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    1. merci à vous d'avoir évoqué ce "Jean-Christophe" que Romain Rolland comparaît à un chêne :

      - « Si le monde où il a grandi a été broyé et saccagé par les formidables événements qui se sont déroulés depuis, j'ai tout lieu de croire que le chêne Christophe dure encore. La tourmente a pu arracher à l'arbre quelques branches ; le tronc n'est pas ébranlé. (…) Des terres les plus lointaines, des races les plus différentes, de Chine, du Japon, de l'Inde, des Amériques, de tous les peuples d'Europe, j'ai vu venir des hommes disant : «Jean-Christophe est à nous. Il est à moi. Il est mon frère. Il est moi. »
      (Préface à la réédition de 1931).

      si l'édition originale tenait en 10 tomes, Albin Michel les a rassemblés en un seul volume dont voici le 4e de couverture :

      - « Écrivain engagé, pacifiste, poète et humaniste, figure majeure de la littérature française du XX' siècle, Romain Rolland (1866-1944) a laissé une œuvre exigeante et ambitieuse, distinguée par le prix Nobel en 1915, et dont la pièce maîtresse demeure Jean-Christophe, roman auquel il consacra dix ans de sa vie. Passionné de musique, il y retrace le destin et la formation d'un compositeur de génie, héros romantique et " âme libre à l'image du Werther de Goethe. De l'enfance à la maturité, Jean-Christophe Krafft découvre la douleur, l'injustice, affronte les épreuves de la vie pour enfin s'accomplir, trouver l'équilibre et la paix. Roman d'apprentissage, tableau du monde intellectuel européen de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, cette vaste fresque qui mile pensée et poésie, réalisme et symbolisme, est autant une réflexion sur la création artistique que l'exploration sensible et profonde de l'âme humaine. Un chef-d'œuvre et un classique. »
      (Albin Michel, 2008, 1489 p.)

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  6. Puisse cet inédit faire renaître Romain Rolland de ses cendres, "européen" comme Stefan Zweig qui lui est remis à l'honneur depuis une bonne dizaine d'années !! Et ces auteurs de l'époque de la première guerre ou de la deuxième dont tous connaissent le nom : Péguy, Claudel, Gide, Pierre-Jean Jouve, Emile Verhaeren... sont-ils encore lus ailleurs qu'à l'école ou à l'université ? Une histoire de temps qui passe ? Une écriture dépassée ? l'envie de passer à autre chose ? Cruelle mémoire ;-)

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    1. parfois, je collectionne les gants, avant de tenter d'expliquer à un ado que Les Hommes de Bonne Volonté, ce sont 27 volumes (que certains bouquinistes vendent au mètre...)
      ou encore que les Rougon-Macquart, c'est un voyage à travers 20 volumes
      sans oublier les Editions Turne qui rassemblent La Comédie humaine en 18 volumes
      sans compter les 60 volumes de l'oeuvre poétique de Péguy...

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    2. Le septième art n'existait pas du temps de Balzac... et du temps de Jules Romains le cinéma prenait à peine son envol !! Et donc, les longues histoires ou les feuilletons, les épisodes, se racontaient autrement. C'était le lecteur (ou l'entendeur) qui créait l'image dans sa tête alors que maintenant, chez la plupart d'entre nous (je ne parle pas du lecteur assidu), l'image s'impose ou on la choisit, on la "clique" mais elle n'est plus le fruit de notre travail mental. Moins de travail, plus de Comédie ;-)

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  7. je viens de terminer le Monde d'Hier de Stefan Zweig qui m'a donné evie de lire Romain Rolland peut être vais je ouvrir ce livre assez vite!

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    1. ces mémoires représentent un second tome, mais il semble que son premier Journal (avec notamment 14-18) ne se trouve plus qu'auprès de bouquinistes éclairés (et à des prix pas tristes)...

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