MO(T)SAIQUES 2

"Et vers midi
Des gens se réjouiront d'être réunis là
Qui ne se seront jamais connus et qui ne savent
Les uns des autres que ceci : qu'il faudra s'habiller
Comme pour une fête et aller dans la nuit ..."

Milosz

jeudi 8 août 2013

P. 255 . 10 août 1707, première de la cantate de Bach : "Actus tragicus" (BWV 106).


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Bach et son "Actus tragicus" dans La version de Ton Koopman (Mont. JEA/DR).


Musique et Mémoire

- "Les musiques écrites par les compositeurs de l'époque baroque (…) pour un service funèbre font partie des pages les plus belles et les plus poignantes de l'histoire de la musique.
(…) Johann Sebastian Bach, musicien très croyant, n'emploie pas un langage musical trop pesant dans les contextes funèbres, même si des motifs ou des symboles musicaux à la tournure dramatique peuvent être utilisés (…). Dans l'évocation musicale de la mort, le calme et la sérénité de l'espérance induisent un discours apaisé, tout au plus empreint de nostalgie."
(Festival dans les Vosges Saônoises, du 19 juillet au 4 août 2013).

Chœur Al Fin Voce

- "Cette cantate de Bach, parmi ses toutes premières, évoque encore l'héritage de la vieille Allemagne des Buxtehude, Schütz et Hammerschmidt, qu'il aimait à reconnaitre parmi ses maîtres.
Y résonne cette force tranquille et pourtant passionnée, cette flamme pieuse qu’élève la rigueur d’une musique simple et âpre, aux profondes attaches luthériennes.
La cantate BWV 106 «Actus Tragicus» est une profonde méditation sur la mort qui met en abyme nos peurs et nos doutes à travers un effectif instrumental réduit à deux flûtes à bec, deux violes de gambe et un continuo, ce qui renforce l’intimité et la méditation de versets tirés de l’Ancien Testament.
Les voix se rejoignent en chœurs et ariosos avec une intensité brûlante et humble. La prestation des solistes, émouvante, incarne avec chaleur les craintes humaines, pleines de désir et d’espoir envers l’au-delà."


La partition de l'Actus tragicus (Mont. JEA/DR).

BVW 106, 3b, arioso et choral :
Der Tod ist mein Schlaf geworden.
La mort est devenue mon sommeil.


Christophe Chazot

- "Parce qu'il ne comporte ni récitatif ni aria et parce qu'il ne concède rien au piétisme, l'Actus tragicus occupe une place un peu à part dans les cantates de Bach. Par sa forme, cette pièce se rattache à la grande tradition vocale luthérienne qui relie Schütz à Buxtehude, tradition très attentive à rendre la parole expressive. L'Actus tragicus est conçu comme une succession relativement compacte de chœurs et de soli proches des petits concerts spirituels et des symphonies sacrées chers à la liturgie réformée allemande."
(2003).

Richard Letawe

- "Cette cantate utilise un instrumentarium très particulier (deux flûtes à bec, deux violes et le continuo), la tradition la destine au service funèbre d’un oncle par alliance de Bach. Sa structure est très inhabituelle, et elle ne comporte pas d’aria pour soliste distinct, les parties solistes se mêlant au chœur au sein d’un même numéro. La cantate commence par une Sinfonia dont la solennité est adoucie par les flûtes puis par un chœur commençant avec la simplicité d’une chorale enfantine mais qui se développe très vite en une fugue virtuose. Le troisième morceau est un long arioso en trois temps qui débute par une prière du ténor (lento), interrompue par un vigoureux commandement de la basse (vivace), rejointe ensuite par les autres solistes (andante). L’aria suivante repose sur le même principe d’opposition entre la prière du croyant et la réponse de Dieu : l’alto recommande son âme au Seigneur, qui par l’intermédiaire de la basse promet paix et joie au Paradis, puis le chœur chante la consolation qu’apporte cette parole divine. Après ces pages tourmentées et difficiles, le chœur final est un accomplissement joyeux, et célèbre la gloire du Seigneur en une fugue festive et vigoureuse."
(ResMusica, 2005).



Version : Collegium Vocale de Gent et Musica Antiqua d'Amsterdam sous la direction de Gustav Leonhardt.

Christoph Wolf


- "Sur le modèle de la "Christliche Betschule" de Johann Olearius (1668), le texte se compose de versets bibliques et de strophes de chorale. A une sonatine introductive succèdent deux parties composées de bout en bout, débouchant chacune sur un arrangement de choral. 

D'abord une partie en quatre sections : 2a, Actes des apôtres 17, 28; 2b, Psaume 90, 2; 2c, Isaïe 38, 1; 2d, Siracide 14, 17 et Apocalypse 22, 20 cette section s'achevant par la mélodie du choral "Ich hab mein Sach Gott heimgesteldt", interprétée sans paroles (par les deux violes de gambe). 
Puis une partie à deux sections : 3a, Psaume 31, 6; 3b, Luc 23, 43, la voix d'alto chantant à la fin le choral "Mit Fried und Freud ich fahr dahin" (M. Luther, 1524). 
Vient en conclusion un choeur (n 4) composé sur la strophe "Gloria patri" issue du choral "In dich hab ich gehoffet Herr" (E. Reusner, 1553)."
(Présentation du CC72201).

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22 commentaires:

  1. la beauté - ces cantates et quelques messes sont toute la spiritualité qui me reste

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    1. même dans les tourbillons de la foule à Avignon
      Beckett :
      - "L'art est l'apothéose de la solitude..."

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  2. Les cantates de Bach me sont chères mais je ne connais pas du tout celle là, un oubli à réparer

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  3. solennité éthérée, presque joyeuse. Je vais sûrement faire hurler les puristes ( tant pis !)il me vient des échos de la messe funèbre de la reine Mary de Purcell.
    Votre photo-montage est très beau ... la partition comme une fenêtre ouverte ...
    Merci JEA

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    1. puristes ou pas, Purcell dans une version bouleversante, celle de La Fenice avec Jean Tubéry :

      http://www.youtube.com/watch?v=lsnwhhVkbWw

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    2. Magnifique !
      Merci JEA.

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    3. seul regret : blogspot restant sourd à nos appels pour permettre des liens directs dans les commentaires...

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  4. Très joli montage des partitions sur les arbres (qui me font, bien sûr, penser aux flûtes).

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    1. ce sont quelques branches d'un immense arbre gris-blanc, tragique à sa manière lui aussi, près de la D 72 en descendant du Col de la Croix Rosier vers Marchampt (69)

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  5. Aux branches s’accrochent les notes qui vont crescendo.

    Très inhabituelles ces flûtes à bec, 2 x 21'25, je l'écouterais bien une troisième fois!
    Merci JEA.

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    1. Pour paraphraser St-Pol-Roux, "les arbres échangent des oiseaux comme des notes de musique..."

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  6. Merci de rappeler d'aussi belles choses, JEA... Nous l'avons chanté jadis avec "Les Compagnons du Champeau"... sobrement, comme il se doit.

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    1. Pour rappel et parce que le sommaire de ce blog fait désordre, tes "Compagnons du Champeau" ont été présentés sur la P. 194 (en date du 1er novembre 2012).

      Voici le lien avec le site de ce "Choeur Royal de Namur" :

      http://www.champeau.be/index.php/fr/

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  7. Les arbres chantent comme Bach, ils sont hauts, seuls et en 'coeur' ;-)
    Merci pour ce beau moment de musique.

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    1. les arbres ne restent pas de bois avec une sève comme la musique de Bach...

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  8. C'est bien vrai que Bach reste joyeux dans le tragique. 209 cantates !!! Sans compter tout le reste... et ses enfants.

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    1. un seul arbre et un nombre incalculable de palabres musicales...

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  9. je vous écouterai quand je serai chez moi. La connexion est minable j'ai sorti mon ordi dans le couloir et je n'ose pas mettre le son. Bonne soirée

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    1. de plus, l'enregistrement n'est pas terrible
      mais je tente d'éviter les publicités imposées, les illustrations à faire pleurer et autres malédictions qui encombrent des sites comme YT
      c'est un peu comme chercher et rechercher une pépite d'or dans des rivières polluées par des marchands confondant la musique avec un temple...

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  10. souvenir du rituel du dimanche, nostalgie des matins paisibles

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    1. de ces matins qualifiés parfois de "petits" mais avec intense tendresse, profondeur spontanée, libertés face aux temps, sans avoir besoin de clef pour les chants...

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